Comme nous le soulignons depuis environ trois mois, de plus en plus de statistiques économiques à travers le monde semble indiquer que la croissance mondiale se porte mieux. Et ce, souvent contre toute attente. Ainsi, aux Etats-Unis, alors que de nombreux observateurs, qui n’avaient évidemment pas prévu la victoire de Donald Trump et qui, ce faisant, pensaient qu’une forte baisse de la confiance des entreprises et des ménages devraient s’ensuivre, c’est exactement le contraire qui s’est produit. En effet, non seulement les indices des directeurs d’achat se redressent, et, en plus, les indices de confiance des ménages progressent fortement. Ces évolutions sont évidemment de bon augure, notamment parce que la réussite du programme économique ambitieux de Trump repose principalement sur une adhésion rapide des entreprises et des ménages, qui permettra de relancer la croissance et de financer plus facilement la relance budgétaire. Même si elle est encore loin du dynamisme économique américain, la zone euro commence aussi à afficher des statistiques favorables. Ainsi, les indices Markit des directeurs d’achat et ceux de la commission européenne confirment que la croissance eurolandaise va mieux. Elle ne sera certes pas formidable, mais devrait se stabiliser entre 1,5 % et 2 %. Seule ombre au tableau : une fois encore, à l’heure où les indicateurs s’améliorent un peu partout dans le monde et dans la zone euro, la France se démarque par la fragilité de sa croissance et de son marché du travail. Vivement que cela change…
Enfin un peu d’espoir, mais…
Faites le test : dans une salle plongée dans le noir, la moindre petite étincelle de lumière semble pouvoir illuminer l’ensemble de la pièce. Ainsi, aujourd’hui, dans un monde occidental en proie au doute, menacé par le terrorisme et a priori condamné à la croissance molle, en particulier en Europe, les rares bonnes nouvelles doivent être mises en exergue. Ainsi, en novembre, un peu contre toute attente, les indices Markit des directeurs d’achat sont restés très positifs des deux côtés de l’Atlantique. Dans la zone euro, l’indice PMI dans l’industrie a ainsi gagné 0,6 point en novembre, atteignant un niveau de 54,1, qui constitue un point haut depuis mai 2011. Parallèlement, l’indice correspondant dans les services a augmenté de 1,3 point en novembre, atteignant également un niveau de 54,1. Malheureusement, et comme d’habitude depuis 2011, la France est restée en retrait de ses homologues. La prévision du gouvernement d’une croissance de 1,4 % en 2016 (donc révisée à la baisse de 0,1 point par rapport à sa version précédente) paraît ainsi hors d’atteinte. Et ce d’autant qu’au sortir du troisième trimestre, l’acquis de croissance du PIB français n’est que de 1,1 %. Dès lors pour atteindre le fameux 1,4 %, il faudrait que le PIB français augmente de 0,9 % au quatrième trimestre. Une performance qui n’a été atteinte ou dépassée qu’à trois reprises depuis 2000 : au premier trimestre 2000, au premier trimestre 2004 et au premier trimestre 2011. Pour notre part, nous continuons de tabler sur une progression du PIB de 0,2 % au quatrième trimestre, ce qui se traduira par une croissance annuelle de 1,2 % sur l’ensemble de l’année 2016, soit 0,4 point de moins que dans la zone euro et 0,5 point en-deçà du niveau allemand.
La croissance eurolandaise reste fragile.
Sans surprise, la croissance du PIB de la zone euro est restée molle au troisième trimestre 2016 : 0,3 %, soit une stabilisation de son glissement annuel à 1,6 %. Après être passé au-dessus de son homologue américain au deuxième trimestre, ce dernier l’a donc rejoint dès le trimestre suivant. De quoi rappeler que lorsque la croissance de la zone euro dépasse celle des Etats-Unis, cela ne dure jamais bien longtemps. En effet, en dépit de l’attentisme pré-électoral, le PIB américain a progressé de 0,7 % sur le seul troisième trimestre. Encore plus inquiétant, la croissance eurolandaise reste nettement inférieure à celle du Royaume-Uni. De quoi rappeler qu’en dépit des craintes consensuelles, que nous n’avons d’ailleurs cessé de dénoncer, le vote en faveur du Brexit n’a pas fait ombrage à l’économie de sa Majesté. A l’inverse, la croissance eurolandaise a été affectée par la faiblesse de l’économie française, mais aussi par le ralentissement de l’Allemagne…
Etats-Unis et marchés financiers : Risky business…
Pour le moment, tout va bien. Comme nous l’avons explicité dans notre « Humeur », Trump déjoue tous les pronostics : il a été élu Président alors que 99 % des sondages le donnaient perdant jusqu’au jour de l’élection, il n’a pas généré de panique boursière, comme on pouvait logiquement s’y attendre et il semble susciter l’adhésion des principaux dirigeants politiques de la planète, à l’exception de celui de la France. Le seul problème est que si Trump est très fort, il n’est pas pour autant magicien. Autrement dit, il va devoir composer avec les fondamentaux économiques des Etats-Unis qui ne sont pas formidables… Tout d’abord, il ne faut pas oublier que le cycle de croissance américain est à bout de souffle. En effet, depuis la dernière récession, 35 trimestres se sont écoulés. Or, dans l’histoire économique contemporaine des Etats-Unis, le record de longévité d’un cycle est de 42 trimestres (du premier trimestre 1980 au deuxième de 1990, la fameuse « ère Reagan »). En d’autres termes, la prochaine récession américaine aura vraisemblablement lieu avant deux ans. D’ores et déjà, en dépit d’une légère amélioration au troisième trimestre 2016, la croissance américaine montre des signes de fragilité. Ensuite, il est important de rappeler que les comptes publics de l’Oncle Sam sont loin d’être euphoriques. Enfin, la marge de manœuvre de la Fed reste particulièrement faible. En fait, pour réussir son coup, Trump doit rapidement parvenir à redonner confiance aux Américains. La réussite de la relance de Trump est donc possible mais demeure difficile…
Croissance mondiale : c’est déjà Noël…
C’est certainement l’une des meilleures nouvelles statistiques depuis deux ans : après avoir déjà sensiblement progressé depuis trois mois, l’indice « Monde » des directeurs d’achat a encore gagné un point sur le seul mois d’octobre. Il atteint désormais un niveau de 52, c’est-à-dire un plus haut depuis octobre 2014. Dans ce cadre, après deux ans de ralentissement, de doutes et d’inquiétudes, la croissance mondiale semble enfin disposer des ingrédients pour rebondir. Cette nette amélioration est notamment le produit de la bonne tenue des indices PMI dans les trois principales locomotives de l’économie mondiale. En l’occurrence, par ordre décroissant de leur contribution à la croissance planétaire, la Chine, l’Inde et les Etats-Unis. Au total, compte tenu de l’ensemble de ces évolutions, nous révisons en légère hausse nos prévisions de croissance mondiale. En 2016, cette dernière devrait ainsi atteindre 2,5 % (soit 0,1 point de plus par rapport à notre prévision précédente). Quant à 2017, elle avoisinerait les 2,6 % (soit 0,2 point de mieux que précédemment).
Enfin quelques lueurs d’espoir pour la zone euro.
Enfin ! Après 18 mois de « planche à billets » bien peu efficace et même une nette rechute de l’activité début 2016, l’économie eurolandaise semble reprendre quelques couleurs. Ce n’est pas trop tôt ! Mais que de temps perdu ! Pour autant, dans le contexte difficile actuel, ne soyons pas trop exigeants ! En effet, à la surprise générale, les indicateurs Markit des directeurs d’achat ont nettement progressé en octobre dans la zone euro. En atteignant 53,3 dans l’industrie et 53,5 dans les services, ces indicateurs avancés de la croissance eurolandaise montre que cette dernière pourrait s’améliorer au quatrième trimestre, après un nouvel à-coup au troisième. Il ne faut cependant pas rêver. Comme le montre les graphiques ci-après, le glissement annuel du PIB eurolandais continuera d’osciller entre 1 et 1,5 %.
Croissance chinoise : arrête-moi si tu peux !
Une fois encore, l’économie chinoise a surpris par sa résistance. En effet, le PIB de l’Empire du milieu a progressé de 1,8 % au cours du troisième trimestre 2016, soit le même niveau qu’au trimestre précédent. Ainsi, pour le troisième trimestre consécutif, il affiche un glissement annuel de 6,7 %. Si nous restons évidemment bien loin des 8 à 10 % qui prévalaient au début de la décennie, ce rythme de croissance demeure très appréciable et montre que la Chine refuse toujours le « hard landing ». Encore mieux, les derniers indicateurs avancés de cette dernière ont indiqué qu’elle devrait s’améliorer au cours des prochains trimestres. Si bien que nous sommes contraints de réviser à la hausse notre prévision de croissance annuelle du PIB chinois, qui devrait atteindre 6,7 % en 2016 et au moins 6,5 % en 2017 (contre des précédentes prévisions de respectivement 6,5 % et 6 %). Dans ce cadre, la contribution de la Chine à la croissance mondiale dépassera légèrement 1,1 point tant cette année que l’an prochain, soit environ 45 % de la croissance planétaire.
Le « monde émergent » émergé, les « pays développés » immergés.
Un des changements les plus marquants de ces dernières années est aussi la pierre angulaire de la fin d’un monde : depuis 2008, les pays dits « développés » représentent moins de 50 % de la richesse annuelle mondiale. Jusqu’au début des années 1990, leur poids dans le PIB planétaire était encore d’environ 64 %. Il est tombé à 46,3 % en 2010 puis à 42 % en 2015-2016, et pourrait atteindre 39 % à partir de 2020 selon les projections du FMI (en données harmonisées et mesurées en parités de pouvoir d’achat). La zone développée qui a connu la plus grosse baisse de son poids dans le PIB mondial est malheureusement la zone euro. En 1990, cette dernière représentait ainsi 21 % du PIB planétaire, contre seulement 11,9 % aujourd’hui. Sur la même période, le poids des Etats-Unis a également régressé, mais dans une moindre mesure puisqu’il est passé de 22,1 % à 15,8 %. A l’inverse, le pays qui a connu la plus forte progression de son poids dans le PIB mondial est la Chine, celui-ci passant de 4,1 % en 1990 à 17,1 % en 2015 et bientôt 20 %. L’Inde n’est certes pas en reste, mais son poids atteindra « seulement » 8,5 % du PIB mondial en 2020, contre 3,7 % en 1990. Et pourtant ! En dépit de ces évolutions imparables, les dirigeants des pays dits « riches » n’arrivent toujours pas à conceptualiser la nouvelle donne mondiale et par là même et relever les défis de demain…
La conjoncture mondiale reste floue.
Alors que le FMI a abaissé, à juste titre, ses prévisions de croissance mondiale pour 2016 et 2017, les derniers indicateurs avancés de la conjoncture internationale confirme que cette dernière reste particulièrement floue. Ainsi, les enquêtes Markit PMI des directeurs d’achat à travers la planète pour le mois de septembre ont soufflé le chaud et le froid. Certes, l’indice PMI « Monde » a grappillé 0,2 point, se situant désormais à un niveau de 51,0. Une bonne nouvelle, mais qui ne permet toujours pas de prévoir une croissance mondiale supérieure à 2,5 % pour 2016 et 2017. D’ailleurs, comme le montre le tableau ci-dessous, de nombreux pays restent encore en récession industrielle, notamment en Asie du Sud-Est (Corée du Sud, Malaisie, Thaïlande, Hong-Kong), en Afrique (Egypte, Nigéria), mais aussi en Europe (Turquie, Grèce et France) et bien sûr au Brésil.
L’Allemagne sourit, la France faiblit.
Une fois encore, les dernières statistiques ont montré combien l’économie française perdait du terrain face à ses homologues, et notamment vis-à-vis de l’Allemagne, mais aussi de l’ensemble de la zone euro. En effet, alors que l’indice INSEE du climat des affaires a quasiment stagné à un bas niveau en septembre, l’indice IFO du climat des affaires a bondi de 3,3 points sur le même mois. Un plus haut depuis juin 2014 ! Bien loin de cette dynamique, et même si la consommation a légèrement augmenté en août (en correction de la faiblesse des mois précédents), le PIB français, qui a déjà reculé de 0,1 % au deuxième trimestre, devrait en faire autant au troisième. Conséquence logique de la mollesse hexagonale, le chômage a d’ailleurs de nouveau flambé en août. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur le seul mois d’août, + 50 200 chômeurs de plus de catégorie A en métropole et + 97 400 toutes catégories dans la France entière. Depuis août 2012, ce nombre de chômeurs a augmenté de 1,213 million de personnes. Depuis mai 2008, cette hausse atteint 2,947 millions de personnes. Un vrai drame économique, social et humain…