Enfin un peu d’espoir, mais…

Faites le test : dans une salle plongée dans le noir, la moindre petite étincelle de lumière semble pouvoir illuminer l’ensemble de la pièce.

Ainsi, aujourd’hui, dans un monde occidental en proie au doute, menacé par le terrorisme et a priori condamné à la croissance molle, en particulier en Europe, les rares bonnes nouvelles doivent être mises en exergue.

Ainsi, en novembre, un peu contre toute attente, les indices Markit des directeurs d’achat sont restés très positifs des deux côtés de l’Atlantique.

Dans la zone euro, l’indice PMI dans l’industrie a ainsi gagné 0,6 point en novembre, atteignant un niveau de 54,1, qui constitue un point haut depuis mai 2011.

Parallèlement, l’indice correspondant dans les services a augmenté de 1,3 point en novembre, atteignant également un niveau de 54,1.

 

Les directeurs d’achat de la zone euro retrouvent le sourire.

Pour visualiser le graphique, merci de consulter le fichier pdf

Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

Certes, comme le montre le graphique ci-dessus, les niveaux atteints par ces indicateurs avancés de la conjoncture ne laissent pas augurer d’une forte accélération de la croissance économique.

Cependant, ils montrent que cette dernière devrait se stabiliser autour de 1,5 %, voire retrouver prochainement la barre des 2 %. Et ce, d’autant que la récente baisse de l’euro devrait permettre d’améliorer davantage la situation de l’économie eurolandaise.

Il s’agit là de l’un des nombreux effets inattendus de la victoire de Donald Trump. En effet, alors que ce dernier laissait entendre qu’il était favorable à une baisse du dollar, son discours vigoureux en faveur de la croissance américaine a montré que cette dernière pourrait finalement sortir grandie de certaines mesures de la politique du nouveau futur Président américain.

Dès lors, pourtant prête à maintenir durablement le statu quo monétaire, la Fed commence à indiquer qu’elle pourrait assez rapidement remonter son taux objectif des federal funds, alimentant par là même l’appréciation du dollar et la baisse de l’euro.

Sans attendre les effets positifs de cette dépréciation, les indices PMI des principaux pays de la zone euro sont restés bien orientés. Et ce notamment dans les services : 55,0 en Allemagne et 52,6 en France.

Autrement dit, et comme d’habitude depuis 2011, la France est restée en retrait de ses homologues.

 

La situation dans les services s’améliore partout, mais la France reste en retrait.

Pour visualiser le graphique, merci de consulter le fichier pdf

Sources : Markit, ACDEFI

Du côté de l’industrie, les indices PMI ont légèrement reculé, tout en restant favorables, notamment outre-Rhin. Et là aussi, malheureusement, la France est restée à la traîne : 51,5 contre 54,4. Il n’y vraiment pas photo.

 

L’industrie française reste à la traîne.

Pour visualiser le graphique, merci de consulter le fichier pdf

Sources : Markit, ACDEFI

Ces écarts se retrouvent également sur le front des enquêtes IFO et INSEE.

En effet, en Allemagne, après avoir gagné 4,3 points en deux mois, l’indice IFO du climat des affaires en a seulement perdu 0,1 en novembre. Avec un niveau de 110,4, il reste ainsi proche de ses sommets de 2014 et 2011, indiquant qu’après la déception du troisième trimestre, la croissance allemande devrait se redresser nettement d’ici le début 2017.

 

L’indice IFO du climat des affaires reste très élevé outre-Rhin.

Pour visualiser le graphique, merci de consulter le fichier pdf

Sources : IFO, Destatis, ACDEFI

Bien différemment, l’indice INSEE du climat des affaires tous secteurs confondus a stagné en novembre, à un niveau très moyen, en l’occurrence 102, soit seulement 2 point au-dessus de sa moyenne de long terme.

Comme le montre le graphique ci-après, cette évolution confirme que la croissance française devrait rester molle et osciller autour de 1,2 % dans le meilleur des cas.

 

1,2 %, un sommet pour la croissance française, tant en 2016 qu’en 2017.

Pour visualiser le graphique, merci de consulter le fichier pdf

Sources : INSEE, ACDEFI

La prévision du gouvernement d’une croissance de 1,4 % en 2016 (donc révisée à la baisse de 0,1 point par rapport à sa version précédente) paraît ainsi hors d’atteinte. Et ce d’autant qu’au sortir du troisième trimestre, l’acquis de croissance du PIB français n’est que de 1,1 %.

Dès lors pour atteindre le fameux 1,4 %, il faudrait que le PIB français augmente de 0,9 % au quatrième trimestre. Une performance qui n’a été atteinte ou dépassée qu’à trois reprises depuis 2000 : au premier trimestre 2000, au premier trimestre 2004 et au premier trimestre 2011.

Pour notre part, nous continuons de tabler sur une progression du PIB de 0,2 % au quatrième trimestre, ce qui se traduira par une croissance annuelle de 1,2 % sur l’ensemble de l’année 2016, soit 0,4 point de moins que dans la zone euro et 0,5 point en-deçà du niveau allemand.

Si l’espoir est donc bien de retour dans la zone euro, la situation de l’économie française ne permet malheureusement pas de « s’envoler »…

 

Marc Touati