Donald Trump l’avait annoncé : la joute électorale qui l’opposait à sa rivale démocrate Hillary Clinton se conclurait par un Brexit puissance 10. De fait, le magnat de l’immobilier et star de la Télé-réalité, est parvenu à déjouer les pronostics de la plupart des instituts de sondage pour devenir le 45e président des Etats-Unis aux dépens de Hillary Clinton. Cette nouvelle a momentanément semé le trouble sur les marchés boursiers avant que les principaux indices, à rebours des prédictions les plus alarmistes qui prophétisaient un décrochage de 8 % à 15 % des places financières, ne comblent rapidement leurs pertes. L’élection de Donald Trump à la Maison blanche peut-elle dans ces conditions constituer un séisme de grande magnitude ? Augure-t-elle le retour du protectionnisme et, partant, débouchera-t-elle sur un ralentissement des échanges internationaux et du commerce mondial ? L’action de la FED sera-t-elle contestée par le pouvoir exécutif ? Marc Touati( ACDEFI), l’invité de l’œil du Pro, livre son éclairage sur les risques que fait ou non courir la future présidence Trump aux investisseurs. Il nous indique par ailleurs sa stratégie boursière. Vous pouvez voir ou revoir l’émission ci-après…
Bourse : l’équation Trump
Etats-Unis et marchés financiers : Risky business…
Pour le moment, tout va bien. Comme nous l’avons explicité dans notre « Humeur », Trump déjoue tous les pronostics : il a été élu Président alors que 99 % des sondages le donnaient perdant jusqu’au jour de l’élection, il n’a pas généré de panique boursière, comme on pouvait logiquement s’y attendre et il semble susciter l’adhésion des principaux dirigeants politiques de la planète, à l’exception de celui de la France. Le seul problème est que si Trump est très fort, il n’est pas pour autant magicien. Autrement dit, il va devoir composer avec les fondamentaux économiques des Etats-Unis qui ne sont pas formidables… Tout d’abord, il ne faut pas oublier que le cycle de croissance américain est à bout de souffle. En effet, depuis la dernière récession, 35 trimestres se sont écoulés. Or, dans l’histoire économique contemporaine des Etats-Unis, le record de longévité d’un cycle est de 42 trimestres (du premier trimestre 1980 au deuxième de 1990, la fameuse « ère Reagan »). En d’autres termes, la prochaine récession américaine aura vraisemblablement lieu avant deux ans. D’ores et déjà, en dépit d’une légère amélioration au troisième trimestre 2016, la croissance américaine montre des signes de fragilité. Ensuite, il est important de rappeler que les comptes publics de l’Oncle Sam sont loin d’être euphoriques. Enfin, la marge de manœuvre de la Fed reste particulièrement faible. En fait, pour réussir son coup, Trump doit rapidement parvenir à redonner confiance aux Américains. La réussite de la relance de Trump est donc possible mais demeure difficile…
La croissance reste molle au Japon et dans la zone euro.
A suivre du 14 au 18 novembre : – Lundi 14, 0h50 (heure de Paris) : la croissance japonaise reste proche de zéro au troisième trimestre 2016. – Lundi 14, 3h : légère remontée des glissements annuels des ventes au détail et de la production industrielle en Chine. – Lundi 14, 11h : rechute de la production industrielle dans la zone euro. – Mardi 15, 8h : la croissance allemande se stabilise à 0,4 % au troisième trimestre 2016. – Mardi 15, 8h45 : confirmation d’une inflation de 0,5 % dans l’Hexagone. – Mardi 15, 11h : la croissance eurolandaise de 0,3 % au troisième trimestre 2016 est confirmée. – Mardi 15, 11h : stabilisation des indices ZEW en Allemagne et dans la zone euro. – Mardi 15, 14h30 : augmentation modérée des ventes au détail aux Etats-Unis. – Mercredi 16, 10h30 : le taux de chômage se stabilise à un bas niveau au Royaume-Uni. – Mercredi 16, 14h30 : les prix à la production restent sages outre-Atlantique. – Mercredi 16, 15h15 : petite hausse de la production industrielle américaine. – Jeudi 17, 7h30 : le taux de chômage repart à la hausse en France au troisième trimestre 2016. – Jeudi 17, 11h : confirmation d’une inflation eurolandaise de 0,5 %. – Jeudi 17, 14h30 : léger recul des mises en chantier et des permis de construire aux Etats-Unis. – Jeudi 17, 14h30 : l’inflation américaine reste sous contrôle. – Vendredi 18, 16h : augmentation modeste des indicateurs avancés du Conference Board outre-Atlantique.
Et si Trump était le nouveau Reagan ?
Donald Trump est décidément très fort. Régulièrement annoncé au bord de la ruine depuis des années, il a réussi à surmonter sept faillites et dispose toujours d’un patrimoine de plusieurs milliards de dollars. Mais ceci n’est (presque) rien par rapport à ce qu’il vient de réaliser le 8 novembre. Et pour cause : en dépit de plusieurs mois de dénigrement généralisé et aussi de dérapages incontrôlés, le milliardaire extravagant a réussi à se faire élire à la tête de la première puissance mondiale. De quoi faire blêmir tous les soi-disant spécialistes des Etats-Unis qu’on a vu et entendu un peu partout depuis des semaines, tonitruant que Donald Trump n’avait aucune chance de devenir le locataire de la Maison Blanche… Mais la réussite de Trump ne s’arrête pas à cette victoire, elle va encore plus loin. Ainsi, alors que son élection faisait craindre le pire et aurait donc dû logiquement engendrer un effondrement des marchés financiers, il n’en a rien été. Bien au contraire, la bourse américaine a même atteint un nouveau sommet historique dès le 10 novembre. Et ce pour une raison simple : alors que le candidat Trump avait fait preuve d’une agressivité et d’une arrogance impressionnantes, le Président Trump s’est révélé rassembleur et pacificateur. Ainsi, lors de son discours de victoire, ce dernier n’a absolument pas été vindicatif, ni même revanchard et encore moins arrogant, suscitant par là même l’adhésion des dirigeants du monde occidental, à l’exception de M. Hollande. Dans ce contexte d’adoucissement et de quasi-généralisation de ses soutiens, les marchés ont donc très rapidement retrouvé le chemin de l’optimisme, préférant croire que le 45ème Président des Etats-Unis fera certes tout pour la croissance américaine (notamment en termes de baisse d’impôts et de grands travaux), mais édulcorera ses mesures en matière de protectionnisme pour éviter d’entrer dans une guerre commerciale aggravée qui serait dévastatrice pour tous. Si tel est le cas, Trump pourrait alors devenir le nouveau Reagan. Autrement dit, comme nous l’expliquons ci-après, la victoire de Trump est incontestablement la fin d’un monde (celui du déni de réalité et du dogmatisme), mais pas forcément le début de l’enfer. Gardons l’espoir.
Victoire de Trump : et maintenant ? Ecorama sur Boursorama
Hausse surprise des marchés, fermeture des frontières, baisse massive des impôts, réaction de la FED… Marc Touati, économiste et président du cabinet ACDEFI réagit à l’élection de Donald Trump. Ecorama du 10 novembre 2016, présenté par David Jacquot, sur Boursorama.com.
Victoire de Trump : analyses et perspectives sur BFM Business
Le 9 novembre, une édition spéciale autour de l’élection présidentielle américaine a été présentée par Hedwige Chevrillon sur BFM Business. À cette occasion, elle recevait sur son plateau Marc Touati qui a livré son analyse et ses perspectives. A voir ou revoir ci-après…
Donald Trump président des États-Unis: Quel impact pour la France ?
Le républicain Donald Trump est devenu ce mercredi matin le 45ème président des États-Unis. Il a remporté 279 grands électeurs, dépassant les 270 nécessaires pour entrer à la Maison Blanche le 20 janvier prochain, contre 218 à sa rivale démocrate Hillary Clinton. Le magnat de l’immobilier doit notamment sa victoire à trois États clés: la Floride, l’Ohio et la Pennsylvanie. – Décryptage avec: Denis Lacorne, directeur de recherche au CERI-Sciences Po, spécialiste des États-Unis. Ulysse Gosset, éditorialiste politique étrangère de BFMTV. Gilbert Collard, député RBM-FN du Gard. Marc Touati, économiste, président du cabinet ACDEFI, auteur du livre “La fin d’un monde” (Ed. Hugo Doc). Et Thierry Arnaud, chef du service politique de BFMTV. – Édition spéciale sur l’élection américaine, du mercredi 9 septembre 2016, sur BFMTV. A voir ou revoir ci-après
Croissance mondiale : c’est déjà Noël…
C’est certainement l’une des meilleures nouvelles statistiques depuis deux ans : après avoir déjà sensiblement progressé depuis trois mois, l’indice « Monde » des directeurs d’achat a encore gagné un point sur le seul mois d’octobre. Il atteint désormais un niveau de 52, c’est-à-dire un plus haut depuis octobre 2014. Dans ce cadre, après deux ans de ralentissement, de doutes et d’inquiétudes, la croissance mondiale semble enfin disposer des ingrédients pour rebondir. Cette nette amélioration est notamment le produit de la bonne tenue des indices PMI dans les trois principales locomotives de l’économie mondiale. En l’occurrence, par ordre décroissant de leur contribution à la croissance planétaire, la Chine, l’Inde et les Etats-Unis. Au total, compte tenu de l’ensemble de ces évolutions, nous révisons en légère hausse nos prévisions de croissance mondiale. En 2016, cette dernière devrait ainsi atteindre 2,5 % (soit 0,1 point de plus par rapport à notre prévision précédente). Quant à 2017, elle avoisinerait les 2,6 % (soit 0,2 point de mieux que précédemment).
Excédents commerciaux en Chine et en Allemagne, déficit en France.
A suivre du 7 au 11 novembre : – Lundi 7, 10h30 (heure de Paris) : l’indice Sentix de confiance des investisseurs se stabilise dans la zone euro. – Mardi 8, 3h : l’excédent commercial chinois remonte légèrement à 45 milliards de dollars. – Mardi 8, 8h : baisse corrective de la production industrielle allemande. – Mardi 8, 8h : l’excédent commercial allemand se stabilise autour des 22 milliards d’euros. – Mardi 8, 8h45 : le déficit commercial français reste élevé à 4,5 milliards d’euros. – Mardi 8, 10h30 : la production industrielle britannique reprend quelques couleurs. – Dans la nuit du 8 au 9 : Obama est remplacé à la tête des Etats-Unis, mais par qui ? – Mercredi 9, 2h30 : légère augmentation de l’inflation chinoise. – Jeudi 10, 8h45 : stagnation de l’emploi marchand en France au troisième trimestre. – Jeudi 10, 8h45 : nette rechute de la production industrielle française. – Vendredi 11, 8h : l’inflation allemande est confirmée à 0,8 %. – Vendredi 11, 16h : l’indice Reuters/Université du Michigan de confiance des consommateurs stagne.
Donald ou Hillary : sheriff, fais-moi peur !
La médiocrité du débat, notamment sur le front économique, lors des élections présidentielles américaines est un signe qui ne trompe pas : l’Oncle Sam a vraiment perdu de sa superbe. Et pour cause : déjà amorcée lors du second mandat de George W. Bush, l’affaiblissement de l’économie américaine s’est fortement aggravée sous les deux Présidences de Barack Obama. C’est d’ailleurs l’un des grands drames de ces dernières années : alors que la Chine et l’Inde sont devenues les locomotives indéfectibles de l’économie mondiale, les États-Unis ne savent plus faire de la croissance forte. Avec Obama, ils se sont même « européanisés » s’auto-condamnant à la mollesse économique. Dès lors, s’ils ne se réveillent pas rapidement, ils perdront leur suprématie mondiale au cours des quinze prochaines années. D’ores et déjà, l’inexorable montée en puissance de Donald Trump dans la course à la présidentielle indique qu’un vent protectionniste, voire isolationniste, commence à souffler outre-Atlantique. Et, ne nous leurrons pas, si Mr. Trump est élu président des États-Unis et applique son programme à la lettre, la planète connaîtra un chamboulement majeur, tant d’un point de vue géopolitique qu’économique, ou encore financier. Deux raisons principales expliquent le nombre croissant d’Américains tentés par les discours protectionnistes, voire extrémistes et simplificateurs. Primo, leur perte de confiance dans des institutions incapables de générer de la croissance forte et durable. Secundo, découlant de ces manquements, leur peur de l’avenir. Le problème est que, pour le moment, ni Donald Trump ni Hillary Clinton ne paraissent susceptibles de relever ces deux défis. Compte tenu du flou entourant leur programme économique, notamment d’un point de vue budgétaire, il est même à craindre que les États-Unis ne soient de nouveau et assez rapidement bloqués par le fameux « shutdown », c’est-à-dire la paralysie de l’administration fédérale américaine pour cause de dépassement du plafond autorisé pour la dette publique, comme cela s’est produit en 2013. Huit ans après la faillite de Lehman Brothers qui a plongé le monde dans sa plus grave crise financière, économique et sociale depuis le krach de 1929, les États-Unis sont donc encore à deux doigts de susciter un nouveau tsunami qui, cette fois-ci, pourrait bien s’avérer fatal à l’économie internationale…