Aux commandes de l'économie et de la finance

Economie française : bonjour les dégâts…

Economie française : bonjour les dégâts…

Et ca continue, encore et encore… Malheureusement, les statistiques relatives à l’économie française se suivent et se ressemblent : elles ne cessent de décrire une activité fragile et de plus en plus moribonde. Cette semaine n’a pas dérogé à cette triste règle. Ainsi, alors qu’elle aurait pu être marquée par la ratification parlementaire de la Loi de Modernisation Economique (LME), cette troisième semaine de juillet restera certainement ancrée dans les esprits comme celle qui a confirmé le plongeon de l’économie française au mieux vers la stagnation, au pire vers la récession. En effet, après le plongeon de la production industrielle en mai et le nouveau record de déficit extérieur pour le même mois, la consommation en produits manufacturés a reculé de 0,4 % en juin, en dépit du début des soldes. Pis, le climat des affaires dans l’industrie hexagonale s’est nettement détérioré en juillet. En effet, après avoir réussi tant bien que mal à se maintenir au-dessus de la barre des 100 (qui représente sa moyenne de longue période) depuis 2005, l’indice synthétique de l’enquête INSEE dans l’industrie a désormais cassé cette ligne de résistance. Avec un niveau de 98 en juillet, il retrouve donc un plus bas depuis mai 2005 et se rapproche dangereusement des planchers des années 2003 et 1993, c’est-à-dire les dernières phases de récession ou quasi-récession observées dans l’Hexagone. Dans ce cadre, nous sommes contraints de réviser en baisse de 0,1 point nos prévisions de croissance du PIB français, qui sont désormais de 1,5 % cette année et 1,4 % pour l’an prochain, tout en sachant qu’au regard des dernières statistiques publiées, ces prévisions demeurent encore optimistes et pourraient donc bien être à nouveau révisées en baisse dans les prochains mois…

La zone euro en récession.

La zone euro en récession.

Ce n’est désormais plus notre prévision, mais une réalité : la zone euro est entrée en récession. En effet, après être déjà passé sous la barre des 50 en juin, l’indice des directeurs d’achat eurolandais a encore chuté en juillet, tant dans l’industrie que dans les services. En atteignant respectivement 47,5 et 48,3, ces indicateurs avancés de l’activité économique globale confirment qu’une baisse du PIB devrait être observée tant au deuxième qu’au troisième trimestre 2008. Et ce d’autant que, pays par pays, la situation est tout aussi déplorable. A commencer par l’Allemagne qui avait jusqu’à présent surpris par sa résistance mais qui désormais souffre comme les autres. La « bonne nouvelle » de cette détérioration résidera dans la baisse de l’euro vers des niveaux plus normaux (c’est-à-dire autour des 1,40 dollar à partir de l’hiver prochain puis 1,30 dans un an), ainsi que dans la baisse des taux de la BCE en fin d’année. D’où un redémarrage potentiel de l’activité à partir du printemps 2009. Que de temps perdu. Car d’ici là, l’emploi sera réduit drastiquement et le pouvoir d’achat des ménages avec…

Finance et gouvernance mondiale…

Depuis la seconde Guerre Mondiale, le monde a connu 3 phases : la première, jusqu’en 1989, a vu un affrontement entre deux blocs : le bloc capitaliste d’une part, mené par les Etats–Unis et le bloc « socialiste » (on devrait plutôt écrire »communiste »), avec l’URSS comme chef de file d’autre part. Ensuite la chûte du Mur de Berlin a vu l’avènement d’une « hyperpuissance », les Etats-Unis, capable de dicter sa loi au reste du monde (libération du Koweit, croisade « anti-terroriste », élargissement de l’Otan, etc.). Depuis 2003, nous sommes rentrés dans une troisième phase, un monde multipolaire, où les nations retrouvent leur lustre, à la façon de la configuration issue des traités de Westphalie de 1648…

Le pétrole, un combustible fossile? Plus qu’un euphémisme!

Le pétrole, un combustible fossile? Plus qu’un euphémisme!

S’il est élu, le candidat répubicain John McCain a promis 5 000 dollars à chaque acheteur de voiture électrique. Le pétrole assimilé comme énergie fossile pourrait sceller son avenir sur ce niveau de prix au regard de la tendance à la protection de l’environnement et de l’énergie propre. Les démocrates entendent limiter la spéculation sur le pétrole. Bien que l’or noir soit côté sur trois marchés réglementés et différents, les démocrate pourrait déposer un nouveau décret visant à contenir la spéculation sur les dérivés du NYSE…

France : Soldes sur la consommation…

France : Soldes sur la consommation…

La bonne surprise que certains attendaient n’a pas eu lieu. Ainsi, alors que, depuis 1998, la consommation des ménages n’a cessé de soutenir la croissance française, générant régulièrement des « bonnes surprises » au travers de sa résistance tenace, le miracle ne s’est pas produit en 2008. En effet, après avoir déjà baissé de 1,8 % en mars-avril, puis rebondi techniquement de 1,7 % en mai (et non pas de 2 % comme annoncé il y a un mois), la consommation des ménages en produits manufacturés a repris le chemin de la baisse, en reculant de 0,4 % en juin. Si ce repli peut paraître limité, il n’en demeure pas moins très inquiétant dans la mesure où il a été enregistré malgré le début des soldes dès le 25 juin, contre par exemple le 27 juin l’an passé. En fait, depuis 1993, c’est seulement la troisième fois que la consommation des ménages recule lors d’un mois de juin. Plus globalement, nous sommes malheureusement contraints de rappeler que la faiblesse de la consommation n’est ni nouvelle ni sur le point de s’arrêter. Aussi, la croissance hexagonale ne pourra plus compter sur le moteur de la consommation au moins jusqu’à l’été 2009. Elle ne pourra donc que vivoter entre – 0,1 % et 0,5 % par trimestre et entre 1 et 1,5 % en variation annuelle et ce, pendant encore un an.

Ségo à l’assaut de Sarko.

Ségo à l’assaut de Sarko.

Ségolène Royal qui s’est récemment illustrée en affirmant que « Nicolas Sarkozy n’était pour rien dans la libération d’Ingrid Betancourt » passe la vitesse supérieure et tire désormais à boulets rouges sur le Président qu’elle attaque personnellement. En effet la candidate malheureuse à la dernière élection présidentielle voit un lien immédiat entre sa dénonciation de la main-mise du clan Sarkozy sur la France et la mise à sac de son appartement. Cette charge anti Sarko pourrait bien se révéler contre-productive, voire lui revenir tel un boomerang.

Changement d’époque… et de modèle économique.

D’une certaine manière, l’après-guerre fut une époque bénie pour l’Europe. La reconstruction de l’économie, dans de nombreux pays dévastés par la guerre (en particulier, la France, l’Allemagne et l’Italie) permit de maintenir une croissance de plus de 4% pendant plusieurs décennies. Par ailleurs, l’essor démographique (« baby-boom) contribua à soutenir la consommation. Aujourd’hui, le paysage a complètement changé…

France : le spectre de 1993.

France : le spectre de 1993.

Ce qui devait arriver arriva et arrivera. C’est malheureusement la triste synthèse des statistiques récentes et à venir de l’économie française. En effet, après le plongeon de la confiance des ménages et des chefs d’entreprise tant dans l’industrie que dans les services, après le nouveau record historique du déficit extérieur et avant la rechute de la consommation en juin, la production industrielle française a enregistré un plongeon de 2,6 % sur le seul mois de mai. Il s’agit là de son plus mauvais résultat depuis les – 2,7 % d’octobre 2005, le précédent record remontant à octobre 1988 à – 2,8 %. Autrement dit, sur les vingt dernières années, il s’agit de la troisième plus mauvaise « performance » réalisée par la production industrielle française. Au-delà des chiffres de la production, il faut bien comprendre que ces évolutions devraient rapidement se traduire par des réductions d’emplois conséquentes à partir de septembre, ce qui réduira encore un pouvoir d’achat déjà bien amputé et accroîtra de facto les risques sociaux. Dans ce contexte bien triste, il n’y a donc plus grand chose à ajouter si ce n’est que la France est certainement à la veille d’une crise sans précédent depuis la récession de 1993. Nos prévisions d’une croissance française de 1,6 % cette année et de 1,5 % l’an prochain risquent donc de s’avérer bien trop optimistes… Pour ceux qui ont la chance de partir en vacances, profitons-en bien car, après un été déjà très chaud sur les marchés (cf. L’Humeur de la semaine dernière), la rentrée aussi devrait être très mouvementée…