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Actions, Taux longs, Etats-Unis, Allemagne : une rentrée chaude (E&S n°137)

Actions, Taux longs, Etats-Unis, Allemagne : une rentrée chaude (E&S n°137)

Au sommaire cette semaine : – Humeur : Une rentrée chaude pour tout le monde. – Economie : – Croissance : l’Oncle défie encore les Cassandre. – Germany is back. – Marchés : Obligations d’Etat : la nouvelle bulle. – A suivre du 30 août au 3 septembre : Etats-Unis : la consolidation se poursuit. – Nos prévisions économiques et financières pour 2010 et 2011.

Une rentrée chaude pour tout le monde.

Comme chaque année, la rentrée de septembre suscite toutes les inquiétudes. Ainsi, après le « break » de l’été, c’est traditionnellement le moment de remettre les pendules à l’heure et peut-être aussi de se remettre en question. Chacun s’interroge sur son avenir personnel et professionnel, mais aussi sur celui de l’environnement économico-financier. Face à ces inconnues, deux comportements sont possibles : soit l’enthousiasme du renouveau, soit la crainte d’un avenir difficile. Depuis trois ans et le début de la crise, il faut malheureusement reconnaître que c’est plutôt le second sentiment qui prédomine. Et ce, tant pour les Etats que pour les marchés, les entreprises ou encore les particuliers. Cette année se situe peut-être encore un degré au-dessus sur l’échelle des inquiétudes, dans la mesure où après quasiment trois années de vaches maigres, les acteurs économiques de la planète se sont mis à croire à la reprise. Dès lors, une nouvelle déception pourrait replonger le monde économico-financier dans un accès de pessimisme auto-entretenu duquel il sera particulièrement difficile de sortir. Cependant, après une rentrée chaude et difficile un peu partout à travers le monde tant sur le plan économique et financier que d’un point de vue social (notamment en France), l’automne et la fin 2010 devraient plutôt nous réserver de bonnes surprises…

Marchés boursiers : la “Bear Attitude” est de retour.

Marchés boursiers : la “Bear Attitude” est de retour.

C’est donc le retour en force du défaitisme et de la « Bear Attitude » sur les marchés. En effet, après deux ans d’erreurs liées à un excès de pessimisme, les Cassandre ont repris du poil de la bête grâce à la crise grecque et ont désormais retrouvé des ailes grâce à la publication d’indicateurs faisant état du ralentissement de la croissance aux Etats-Unis. Dès lors, alors qu’il s’était fait oublié depuis plus d’un an, le spectre de la debt deflation est revenu hanter les esprits. Certes, il ne faut pas se voiler la face : ce scénario catastrophe est possible. Toutefois, il devrait encore être évité cette année. En effet, les craintes d’un « W » américain sont amplement exagérées. En fait, après la forte reprise de la fin 2009 et du début 2010, les Etats-Unis connaissent simplement un ralentissement logique. Il n’y a donc absolument pas de quoi paniquer…

La zone euro commence déjà à ralentir.

A suivre du 23 au 27 août : – Lundi 23, 10h (heure de Paris) : léger recul des indices PMI dans la zone euro en août. – Mardi 24, 8h : une croissance allemande fortement tirée par les stocks. – Mercredi 25, 10h : le climat des affaires de l’IFO repart à la baisse en août. – Mercredi 25, 14h : net rebond des commandes de biens durables aux Etats-Unis. – Vendredi 25, 14h30 : petite révision baissière de la croissance américaine du deuxième trimestre.

France-Allemagne : les écarts se creusent.

France-Allemagne : les écarts se creusent.

Depuis la publication des premières estimations de croissance pour le deuxième trimestre des deux côtés du Rhin, le débat fait rage : et si l’Allemagne était tout simplement en train de reprendre sa place de champion économique européen, loin devant ses partenaires de la zone euro, et en particulier de la France ? Certes, au sortir du deuxième trimestre 2010, les PIB allemand et français restent tous deux inférieurs à leur niveau d’avant crise, mais dans une proportion quasiment identique : respectivement – 2,7 % et – 2,2 %. Autrement dit, si le gouvernement français a souvent défendu au cours des derniers trimestres que sa politique de soutien à l’activité a été meilleure qu’en Allemagne, ce n’est désormais plus le cas. Et c’est là que le bât blesse, car, pour parvenir au même résultat, la France a continué d’augmenter massivement ses dépenses publiques, tandis que l’Allemagne a continué de se serrer la ceinture. Ainsi, en 2009, les dépenses publiques représentaient 47,6 % du PIB outre-Rhin, contre 55,6 % dans l’Hexagone. En d’autres termes, la France a déjà utilisé toutes ses cartouches, alors que l’Allemagne a su faire preuve de parcimonie de manière à mieux profiter de la reprise. Dès lors, si la France continue de refuser la réalité en appliquant les vaines recettes d’augmentation des dépenses publiques, d’inefficacité de la pression fiscale et de rigidités réglementaires prohibitives, les écarts économiques vont encore se creuser. Avec des conséquences dramatiques tant pour la France que pour la viabilité de la zone euro…

Etats-Unis, Japon : Bonnes tendances.

A suivre du 16 au 20 août : – Lundi 16, 1h50 : la croissance nipponne retombe vers les 2 %. – Mardi 17, 11h : Légère baisse de l’indice ZEW. – Mardi 17, 14h30 : les mises en chantier repartent à la hausse aux Etats-Unis. – Mardi 17, 15h15 : augmentation de 0,5 % de la production industrielle américaine en juillet. – Jeudi 18 : Hausse de 0,1 % de l’indice du Conference Board outre-Atlantique.

Croissance française : attention à l’arbre qui cache la forêt.

Croissance française : attention à l’arbre qui cache la forêt.

Dans la torpeur de l’été maussade, l’augmentation de 0,6 % du PIB français au deuxième trimestre a vraisemblablement de quoi redonner le sourire. Madame Lagarde parle même d’une croissance « magnifique ». Une fois encore, elle remplit donc parfaitement son rôle d’ambassadrice de la bonne santé économique française, en vraie championne du marketing, et comme elle le fait avec le sourire, on ne peut pas l’en blâmer. Pour autant, même si nous sommes loin de sombrer dans le pessimisme invétéré (nous étions d’ailleurs parmi les rares à annoncer il y a plus d’un an la petite reprise de l’économie française et européenne pour la fin 2009 et le début 2010), il est également de notre devoir de dire la vérité et, dans le cas présent, de souligner la fragilité de la reprise française. Certes, le rebond du deuxième trimestre constitue une « bonne nouvelle ». Cependant, à l’instar du ciel parisien qui ne laisse percer le soleil que quelques minutes par jour pour finalement se laisser envahir par les nuages, les bonnes nouvelles des comptes nationaux du deuxième trimestre s’arrêtent là. Faute de grives on mange des merles…