France, Japon, Brésil : les grands absents de la reprise.

Oui, et fort heureusement, la reprise est bien là ! Comme nous l’annoncions d’ailleurs dans nos prévisions de début d’année, la croissance mondiale devrait ainsi avoisiner les 5,2 % en 2021.

C’est du moins ce que confirme la bonne tenue des indicateurs des directeurs d’achat « Monde » du mois de mars : 55,0 dans l’industrie, un sommet depuis février 2011 et 54,8 pour l’ensemble des secteurs d’activité, un plus haut depuis septembre 2014.

Deux bémols doivent néanmoins être apportés à ces bonnes nouvelles. D’une part, cette reprise reste disparate, conformément au scénario de reprise en K : avec des gagnants (le haut du K) et des perdants (le bas du K).

D’autre part, ces enquêtes ont été menées avant la récente recrudescence de la pandémie dans certains pays, notamment en Europe et en Inde et n’intègrent pas non plus les décisions de reconfinement prises dans certains pays européens. Autrement dit, les écarts sur le rythme de la reprise devraient s’intensifier avec les enquêtes d’avril, en particulier entre les Etats-Unis et le Chine d’un côté et la zone euro de l’autre.

D’ores et déjà, au regard des indices des directeurs d’achat, l’Oncle Sam est resté le champion de la reprise en mars. En effet, que ce soit dans l’industrie, les services et l’ensemble des secteurs d’activité, les indices Markit PMI ont continué de progresser et d’atteindre des niveaux fortement dynamiques : respectivement 59,1, 60,4 et 59,7.

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La reprise américaine s’annonce de plus en plus forte et durable.

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Sources : BEA, Markit, ACDEFI

Dans ce cadre et comme le montre le graphique ci-dessus, le glissement annuel du PIB américain devrait dépasser les 4 % d’ici le deuxième trimestre 2021. Dans ce cadre, les Etats-Unis devraient retrouver leur niveau de PIB d’avant-pandémie dès le deuxième trimestre 2021. Quant à leur croissance annuelle moyenne, elle avoisinera certainement les 5 % sur l’ensemble de l’année 2021.

Aussi étonnant que cela puisse paraître dans le contexte de poursuite de la pandémie et de reconfinement récent, le pays s’installant sur la deuxième marche du podium de la vigueur économique en mars est… l’Allemagne.

En effet, grâce à un indice PMI de 66,6 dans l’industrie (le plus élevé de la planète en mars et un sommet historique outre-Rhin) et de 51,5 dans les services (contre respectivement 60,7 et 45,7 en février), l’indice composite allemand a bondi de 51,1 en février à 57,3 en mars.

Il s’agit là d’un plus haut depuis la fin 2017 qui laisse anticiper une forte progression du PIB allemand au premier semestre 2021. Cependant, la détérioration de la situation sanitaire fin mars et début avril (qui n’est évidemment pas prise en compte dans l’enquête Markit de mars) pourrait affaiblir cette dynamique.

L’économie allemande bénéficie d’une vigueur industrielle historique.

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Sources : Destatis, Markit, ACDEFI

Cette relativisation devrait être évitée dans le troisième pays le plus dynamique du mois de mars (toujours au regard des enquêtes des directeurs d’achat), en l’occurrence le Royaume-Uni. Et pour cause : ce dernier a non seulement vacciné une grande partie de sa population et, en plus, il « déconfine » de plus en plus largement son économie. D’ores et déjà, ses indices Markit PMI de mars sont exceptionnellement élevés : 58,9 dans l’industrie, 56,3 dans les services et 56,4 pour l’ensemble des secteurs d’activité.

Comme le montre le graphique ci-après, ces évolutions indiquent que le glissement annuel du PIB britannique devrait dépasser les 3 % d’ici le deuxième trimestre 2021. Et ce, d’autant que le déconfinement, qui est en train de se confirmer, devrait agir positivement et durablement sur la consommation des ménages et l’investissement des entreprises.

Le Royaume-Uni en route vers une croissance de 3 % d’ici le deuxième trimestre 2021.

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Sources : ONS, Markit, ACDEFI

Après avoir atteint la deuxième marche du podium de la vigueur économique en février, l’Inde redescend de deux marches. Avec un niveau de 56,0, son indice PMI « composite » demeure très appréciable, mais enregistre une baisse de 1,3 point sur un mois et devrait encore régresser en avril compte tenu de la récente détérioration de la situation sanitaire.

Après avoir atteint 0 % au quatrième trimestre 2020, le glissement annuel du PIB indien devrait néanmoins retrouver la barre des 6 % dès le premier semestre 2021.

La croissance indienne devrait se stabiliser autour des 6 % en 2021.

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Sources : Mospi, Nikkei, ACDEFI

Habituée aux premières places du classement de la vigueur économique, la Chine a continué de décevoir en mars. Du moins dans l’industrie. En effet, l’indice Caixin des directeurs d’achat dans l’industrie chinoise a continué de reculer en mars, passant de 50,9 en février à désormais 50,6, un plus bas depuis mai 2020.

En revanche, cette contre-performance, principalement liée à un effet de correction du fort dynamisme du second semestre 2020, a été plus que compensée par le beau rebond de l’indice Caixin « services » à 54,3. Si bien que l’indice composite a également nettement augmenté, passant de 51,7 en février à 53,1 en mars. De quoi confirmer que la croissance chinoise dépassera bien les 8 % sur l’ensemble de l’année 2021.

Vers une croissance chinoise durablement supérieure à 8 % en 2021.

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Sources : NBSC, Caixin, ACDEFI

Proches de toutes ces belles performances, notons également celles de l’Australie et de l’Irlande, avec des indices PMI composites en mars de respectivement 55,5 et 54,5.

Il faut aussi souligner que grâce aux soutiens allemands et irlandais, la zone euro affiche également des résultats très appréciables, avec des indices de 62,5 dans l’industrie et de 53,2 pour l’ensemble des secteurs, tandis que l’indice « services » est néanmoins resté en zone de récession avec un niveau de 49,6.

Cette déconvenue est principalement due aux piètres résultats de l’Italie, de la France et de l’Espagne, dont les indices PMI « services » n’ont pas quitté la zone rouge en mars, avec des niveaux de respectivement 48,6, 48,2 et 48,1.

Encore plus triste : avec un indice « composite » de 50,0 en mars, notre « douce France » est devenue la lanterne rouge de l’Union Economique et Monétaire. Et ce, avant même les mesures de reconfinement décidées dans l’Hexagone fin mars. C’est dire ce qui nous attend pour les indices du mois d’avril.

Certes, il y a pire : en mars, l’indice PMI « composite » du Japon a ainsi atteint un niveau de 49,9, après 48,2 en février.

Enfin et surtout, compte tenu du nouveau dérapage de la situation sanitaire au Brésil, ce dernier est devenu la lanterne rouge de l’économie mondiale, avec un indice PMI « composite » de 45,1.

Brésil : la récession n’en finit plus…

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Sources : IBGE, Markit, ACDEFI

Au total, la reprise en K est plus que jamais d’actualité, entre, d’un côté, les pays qui tirent la croissance mondiale vers le haut (Etats-Unis, Allemagne, Inde, Chine) et ceux qui restent coincés dans la récession (France, Japon, Brésil) et tirent l’économie mondiale vers le bas.

La reprise en K perdure…

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Sources : Markit, ACDEFI

 

Dans la mesure où les premiers sont plus nombreux et plus vigoureux que les seconds, il n’y a cependant pas péril en la demeure.

C’est pourquoi nous maintenons notre prévision d’une progression annuelle moyenne du PIB planétaire hors inflation de 5,2 % en 2021.

Espérons simplement que la situation sanitaire ne se dégradera pas dans les locomotives de l’activité internationale et que les actuelles lanternes rouges pourront rapidement retrouver le chemin de la croissance.

L’espoir fait vivre…

Marc Touati