La rechute se confirme, en particulier en France et dans l’ensemble de la zone euro.

Après l’effondrement de mars-avril, puis le rebond technique de mai-juillet et enfin la rechute d’août, les indicateurs avancés de septembre étaient attendus avec appréhension. En effet, il s’agissait de savoir si la rechute se confirmait ou si le rebond se poursuivait.

Malheureusement, comme nous l’annoncions la semaine dernière dans nos prévisions hebdomadaires, c’est le premier cas qui s’est imposé. Et ce, en particulier en France et dans l’ensemble de la zone euro.

Certes dans l’industrie de l’UEM, après une légère baisse en août, l’indice Markit des directeurs d’achat a gagné 2 points en septembre à désormais 53,7.

Pour autant, cette amélioration a été plus que compensée par l’effondrement de l’indice Markit dans les services, qui est ainsi passé de 54,7 en juillet à 50,5 en août et 47,6 en septembre.

Il s’agit d’un plus bas depuis mai dernier et surtout d’une évolution bien inquiétante pour l’évolution du PIB de cet automne et de la fin d’année.

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Zone euro : l’industrie résiste, mais les services chutent dangereusement.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

Conséquence logique de cette déconvenue et malgré le rebond technique observé dans l’industrie, l’indice Markit composite a continué de régresser nettement, passant de 54,9 en juillet à 51,9 en août et 50,1 en septembre.

Autrement dit, et comme le montre le graphique ci-après, le rebond technique de juin-juillet est bien terminé et sera donc insuffisant pour permettre une forte hausse du PIB de la zone euro au second semestre. Selon toute vraisemblance, son glissement annuel devrait rester négatif au moins jusqu’à la fin de l’année 2020, voire début 2021 si de nouveaux confinements même partiels sont décidés.

L’UEM repart en zone rouge.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

En France, la situation est encore plus inquiétante. En effet, après s’être effondré à 11,1 en avril (l’un des niveaux les plus bas de la planète), puis avoir rebondi à 57,3 en juillet, l’indice composite des directeurs d’achat français est retombé en zone de récession en septembre, à 48,5 précisément.

Après deux mois de rebond technique, la France replonge déjà dans la récession.

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Sources : INSEE, Markit, ACDEFI

Alors que l’indice « industrie » a repris quelques dixièmes de point à 50,9 (qui reste évidemment un niveau très faible), l’indice « services » a plongé à 47,5, montrant qu’en dépit d’une aide publique pléthorique, l’économie française restera en souffrance pendant encore plusieurs trimestres.

Le glissement annuel du PIB français toujours très loin de retrouver un niveau positif.

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Sources : INSEE, ACDEFI

Les enquêtes de l’INSEE menées en septembre auprès des chefs d’entreprise ont d’ailleurs confirmé cette triste perspective. En effet, en dépit d’une légère augmentation, l’indice INSEE du climat des affaires demeure très bas à 92,4. Un niveau qui montre que le glissement annuel du PIB français devrait avoisiner les – 5 % d’ici la fin 2020. Du moins si tout va bien. Car il est clair que si les situations de confinement strict se multiplient, une nouvelle récession dramatique ne manquera pas de s’imposer.

Allemagne : l’industrie redémarre, mais les services s’effondrent.

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Sources : Destatis, Markit, ACDEFI

Si la situation de l’économie allemande s’avère moins dramatique que celle de la France, l’heure n’est pas non plus aux réjouissances.

Certes, l’indice Markit « industrie » a surpris par son fort rebond de septembre à 56,6 (contre 52,2 le mois précédent). Pour autant, la chute de l’indice « services » à 49,1 en septembre montre que l’activité reste également fragile outre-Rhin.

De même, avec une augmentation de seulement 0,8 point en septembre, l’indice IFO du climat des affaires outre-Rhin demeure faiblard à 93,4.

Comme le montre le graphique ci-dessous, il indique que le glissement annuel du PIB allemand devrait difficilement remonter vers – 1 % d’ici la fin 2020. Evidemment, si la situation sanitaire ne se dégrade pas de nouveau…

Vers un glissement annuel du PIB allemand de – 1 % d’ici la fin 2020.

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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI

Compte tenu de l’ensemble de ces évolutions, nous sommes donc confortés dans nos prévisions de croissance annuelle du PIB pour 2020 : – 11 % en France, – 9 % pour la zone euro et – 6,7 % pour l’Allemagne.

Du côté anglo-saxon, la facture devrait s’avérer moins salée.

Tout d’abord aux Etats-Unis, où les indicateurs avancés ne sont certes pas exceptionnels mais continuent de confirmer la résistance de l’activité économique.

Ainsi, en septembre, les indices Markit des directeurs d’achat américains ont atteint 53,5 dans l’industrie, 54,6 dans les services et 54,4 pour l’ensemble des secteurs (contre respectivement 53,1, 55,0 et 54,6 en août).

De quoi anticiper un glissement annuel du PIB américain légèrement positif d’ici la fin d’année et confirmer notre prévision d’une variation annuelle moyenne de – 4,4 % pour 2020.

L’économie américaine se redresse en douceur.

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Sources : BEA, Markit, ACDEFI

Enfin, au Royaume-Uni, après un effondrement massif en mars-avril, puis un rebond impressionnant en juillet-août, les indicateurs Markit des directeurs d’achat sont repartis en nette baisse en septembre.

Avec des niveaux de 54,3 dans l’industrie, 55,1 dans les services et 55,7 pour l’ensemble des secteurs d’activité, ils montrent néanmoins que le glissement annuel du PIB britannique pourrait revenir vers les + 2 % d’ici la fin 2020. Sauf si un reconfinement draconien est décidé outre-Manche.

Après son fort rebond technique de juillet-août, l’économie britannique s’essouffle déjà.

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Sources : ONS, Markit, ACDEFI

En conclusion, le caractère très mitigé, voire inquiétant, des indicateurs des directeurs d’achat de septembre confirme qu’un nouveau confinement plus ou moins strict replongerait les économies occidentales et plus globalement l’ensemble de la planète dans une nouvelle récession catastrophique.

Non seulement parce qu’il aggravera les situations sociales et sociétales, mais aussi parce qu’ayant déjà utilisé toutes leurs cartouches, les autorités politiques et monétaires du globe n’auront quasiment aucun moyen pour relancer la machine.

La dette publique française atteint un nouveau sommet stratosphérique de 114,1 % du PIB.

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Sources : INSEE, ACDEFI

Il faut donc arrêter d’opposer l’économie et la santé. Les deux sont intimement liées. Si la santé des populations n’est pas au rendez-vous, l’économie ne peut fonctionner. Et si l’économie est durablement bloquée, la santé des populations finira forcément par en souffrir.

Plutôt que de reconfiner nos pays et de jeter les milliards d’euros et de dollars par la fenêtre, il serait donc bien plus opportun de consacrer une partie de ces milliards pour développer des tests de Covid immédiats et fiables.

De la sorte, un maximum de personnes pourra être testé facilement, le virus sera progressivement isolé et nous pourrons enfin retrouver une vie relativement normale.

Mais pourquoi faire simple lorsqu’on peut faire compliqué ?!

A l’évidence, les dirigeants actuels de la planète sont malheureusement loin d’être à la hauteur de la situation…

Marc Touati