Ne cachons pas notre satisfaction : nous l’avions annoncé il y a un an, l’euro est bien sous 1,05 dollar pour la fin 2016 ! Qui l’eut cru ? Il s’agit évidemment d’une bonne nouvelle pour la croissance eurolandaise, mais aussi pour l’ensemble des entreprises et des particuliers de la zone euro, à quelques exceptions près. La baisse de l’euro produit trois types d’effets favorables : davantage d’exportations, plus de compétitivité des produits nationaux vis-à-vis des produits importés, donc plus de parts de marché pour les premiers et, enfin, plus d’investissements étrangers dans l’UEM et moins de fuite de capitaux à l’extérieur de cette dernière. En fait, les seuls qui pâtissent d’un euro trop fort sont principalement les expatriés qui sont payés en euro et voient donc leur pouvoir d’achat à l’étranger fondre comme neige au soleil. De même, les touristes eurolandais qui souhaitent voyager à l’extérieur de la zone euro vont également trouver la note de plus en plus salée. Enfin, les « importateurs incompressibles » (c’est-à-dire de produits qui ne sont plus fabriqués dans l’UEM) vont aussi payer plus cher et voir par là même leurs marges se réduire notablement. Parallèlement, il ne faudrait pas non plus imaginer que la baisse de l’euro va transformer radicalement et profondément la donne économique des pays membres. L’atteinte d’un euro normal (c’est-à-dire 1,15 dollar, qui constitue le taux de change « naturel » en fonction des fondamentaux économiques) est effectivement une condition nécessaire mais pas suffisante pour relancer la croissance de manière forte et durable. Compte tenu du durcissement de la politique monétaire américaine et du statu quo durable de la BCE, l’euro devrait d’ailleurs rapidement retrouver une parité de 1 pour 1 avec le dollar. Attention cependant à ne pas aller trop loin, car un euro inférieur à un dollar pourrait également nuire à la crédibilité de l’UEM et susciter un mouvement de défiance à son égard. Un euro trop faible pourrait donc devenir un nouveau signe de fracture au sein de l’UEM et raviver la crise existentielle de cette dernière. De quoi rappeler que la frontière entre le paradis et l’enfer est parfois bien mince…
L’euro à 1,04 dollar : c’est Noël ou presque…
Conjoncture mondiale : encore des bonnes nouvelles, mais…
Et ça continue ! Comme nous le mettons en avant depuis deux mois, les indicateurs avancés de la conjoncture mondiale ne cessent de s’améliorer et c’est tant mieux ! Une fois encore, la Chine a ouvert la marche. Ainsi, après la bonne tenue des indicateurs Caixin des directeurs d’achat dans l’industrie et les services (respectivement 50,9 et 53,1 en novembre), l’évolution des ventes au détail et celle de la production industrielle ont confirmé que la croissance chinoise était bien en train de se redresse au-delà des 7 %. Mais ce n’est pas tout, puisque, compte tenu de la bonne orientation de ses indicateurs avancés, la croissance américaine pourrait bien créer la surprise en 2017 en retrouvant, voire dépassant, la barre des 2 %. Enfin, cerise sur le gâteau, la zone euro devrait bénéficier de la faiblesse de l’euro pour se stabiliser autour de 1,5 %. Enfin, même la France a surpris par la bonne tenue de ses indicateurs avancés… Attention néanmoins à ne pas crier victoire trop vite, car la fragilité reste de mise.
Une dette publique française de quasiment 100% du PIB.
A suivre du 19 au 23 décembre : – Lundi 19, 3h (heure de Paris) : la Banque du Japon maintient le statu quo monétaire. – Lundi 19, 10h : quasi-stabilisation de l’indice IFO du climat des affaires en Allemagne. – Lundi 19, 15h45 : légère augmentation des indices Markit PMI « services » et composite aux Etats-Unis. – Mardi 20, 10h : l’excédent courant de la zone euro recule mais avoisine encore les 23 milliards d’euros. – Mercredi 21, 16h : l’indice de confiance des ménages se stabilise dans la zone euro. – Jeudi 22, 10h30 : confirmation de la croissance soutenue au Royaume-Uni au troisième trimestre. – Jeudi 22, 14h30 : la belle croissance américaine du troisième trimestre est également confirmée. – Jeudi 22, 14h30 : augmentation modérée mais appréciable des revenus et de la consommation des ménages aux Etats-Unis. – Jeudi 22, 14h30 : repli correctif des commandes de biens durables outre-Atlantique. – Jeudi 22, 16h : progression soutenue des indicateurs avancés du Conference Board aux Etats-Unis. – Vendredi 23, 8h : légère baisse de l’indice GfK de confiance des consommateurs allemands. – Vendredi 23, 8h45 : confirmation de la croissance molle en France au troisième trimestre. – Vendredi 23, 8h45 : nette rechute de la consommation des ménages dans l’Hexagone. – Vendredi 23, 8h45 : la dette publique française à 99 % du PIB au troisième trimestre. – Vendredi 23, 16h : confirmation de la forte hausse de l’indice Reuters/Université du Michigan de confiance des consommateurs américains.
Le krach obligataire a déjà commencé…
Force est de constater qu’elle s’est faite attendre. Régulièrement annoncée en vain depuis environ trois ans (notamment par votre serviteur), elle commence enfin à se mettre en place depuis quelques semaines. Il s’agit bien entendu de la remontée des taux d’intérêt des obligations d’Etat. Et pour cause : d’un plancher de 0,097 % atteint le 27 septembre 2016, le taux d’intérêt de l’OAT 10 ans a atteint 0,9 % le 15 décembre, avant de revenir à 0,8 % le lendemain. Parallèlement, alors qu’en septembre dernier, des taux d’intérêt négatifs prévalaient sur la dette publique française jusqu’aux échéances de 9 ans, ils s’arrêtent désormais à 5 ans. Ce qui reste néanmoins toujours complètement anormal. En effet, comment peut-on accepter de payer pour avoir le droit de prêter à un pays dont l’Etat est en faillite, dont la dette publique va bientôt atteindre 100 % du PIB et qui est toujours incapable de réaliser une croissance économique significativement et durablement supérieure à 1 % ?! D’ailleurs, le niveau théorique du taux d’intérêt à dix ans des obligations de l’Etat français par exemple se situe autour des 2,5 %. De quoi confirmer que la récente remontée des taux longs est loin d’être terminée. Parallèlement, cette remontée des taux obligataires va mécaniquement accroître les déficits publics et grever le peu de croissance économique qui est dernièrement apparue dans la zone euro. L’augmentation des déficits et de la dette va donc alimenter la hausse des taux longs, engendrant un cercle vicieux particulièrement dommageable pour l’activité économique. Il faut donc se préparer à des mouvements de fortes corrections baissières et de volatilité élevée des indices boursiers. En Europe et notamment sur le Cac 40, ces mouvements seront de plus amplifiés par les nombreuses échéances électorales à venir…
Les Experts sur BFM Business
Match Valls/Macron, nouvelle crise en Italie, croissance faible et endettement public massif. Tels sont les principaux thèmes de l’émission “Les Experts” du 12 décembre 2016, sur BFM Business, animée par Nicolas Doze, avec Léonidas Kalogeropoulos, pdg de médiation et arguments, Jacques Delpla, chercheur associé à l’école d’économie de Toulouse et Marc Touati. Un débat vif et animé à voir ou revoir ci-après…
Une semaine de consolidation.
A suivre du 12 au 16 décembre : – Mardi 13, 3h (heure de Paris) : progression appréciable des ventes au détail et de la production industrielle en Chine. – Mardi 13, 8h : confirmation d’une inflation à 0,8 % en Allemagne. – Mardi 13, 11h : les indices ZEW repartent en légère baisse tant en Allemagne que dans la zone euro. – Mercredi 14, 8h45 : l’inflation de 0,5 % en France est confirmée. – Mercredi 14, 10h30 : le plein-emploi perdure au Royaume-Uni. – Mercredi 14, 11h : petit rebond de la production industrielle dans la zone euro. – Mercredi 14, 14h30 : augmentation modérée des ventes au détail aux Etats-Unis. – Mercredi 14, 14h30 : l’inflation des prix à la production se stabilise outre-Atlantique. – Mercredi 14, 15h15 : la production industrielle américaine repart à la hausse. – Mercredi 14, 20h : la Fed devrait resserrer son taux objectif des federal funds de 0,25 point. – Jeudi 15, 1h30 : l’indice Nikkei PMI des directeurs d’achat dans l’industrie manufacturière japonaise régresse légèrement. – Jeudi 15, 9h : les indices Markit PMI dans l’industrie manufacturière et dans les services reculent modérément dans l’Hexagone. – Jeudi 15, 9h30 : les indices Markit PMI dans l’industrie manufacturière et dans les services baissent également légèrement en Allemagne. – Jeudi 15, 10h : même punition pour les indices Markit PMI dans l’industrie manufacturière et dans les services dans l’ensemble de la zone euro. – Jeudi 15, 13h : la BoE maintient le statu quo monétaire. – Jeudi 15, 14h30 : l’inflation reste proche de 1,6 % aux Etats-Unis. – Jeudi 15, 14h45 : l’indice Markit PMI des directeurs d’achat dans l’industrie manufacturière américaine se replie modérément. – Vendredi 16, 8h45 : l’indice INSEE du climat des affaires perd un point. – Vendredi 16, 11h : confirmation d’une l’inflation de 0,8 % dans la zone euro. – Vendredi 16, 11h : l’excédent commercial eurolandais avoisine les 22 milliards d’euros. – Vendredi 16, 14h30 : quasi-stabilisation des mises en chantier et des permis de construire outre-Atlantique.
L’Oncle Sam et le dollar resteront forts, mais…
Dès son élection à la présidence des Etats-Unis, nous avons souligné que Donald Trump pourrait bien devenir le nouveau Ronald Reagan, dont l’Amérique a tant besoin pour retrouver le chemin de la confiance et de la croissance forte. Même si le contexte international est complètement différent (nous sommes effectivement loin de la guerre froide, du choc pétrolier et du poids économique insignifiant de la Chine qui prévalaient au début des années 1980), les similitudes entre les deux Présidences sont troublantes. Pour faire simple : en 1980, comme en 2016, l’économie américaine était présentée comme déclinante et le Président Reagan, ancien acteur de série B, était généralement perçu comme incompétent, dangereux et symptomatique du déclin de l’Oncle Sam. Et, pourtant, Reagan réussit l’impensable : sauver les Etats-Unis, notamment en modernisant son économie et en redonnant confiance au peuple américain. Si Donald Trump n’en est évidemment pas encore là, force est de constater que les conjectures catastrophistes avancées lors de sa victoire n’ont pas eu lieu. Bien au contraire. En effet, la confiance des ménages américains a flambé en novembre et les indices de moral des chefs d’entreprise en ont fait de même. De plus, tous les ingrédients sont bien présents pour renforcer le dollar, notamment face à l’euro. Attention néanmoins aux lendemains difficiles, notamment sur les marchés obligataires et boursiers…
Bulle boursière et krach obligataire dans “Ecorama” sur Boursorama
BCE, baisse de l’euro, euphorie boursière, risques politiques en zone euro, taux d’intérêt obligataires : Marc Touati, économiste et président du cabinet ACDEFI livre son analyse et ses prévisions dans “Ecorama” du 8 décembre 2016 présenté par David Jacquot, sur Boursorama.com. L’émission est intitulée “Il y a une bulle boursière et le krach pourrait provenir d’une trop forte hausse des taux d’intérêt !” A voir ou revoir ci-après…
Nouvelle crise italienne : Arrivederci Roma…
Quelle tristesse ! Alors que, lors de sa nomination à la tête du gouvernement italien, Matteo Renzi semblait être l’homme de la situation, jeune, dynamique, capable de moderniser l’économie italienne et de la relancer sur le chemin de la croissance forte et durable, tout s’est malheureusement écroulé. Sa démarche partait pourtant d’une bonne intention : réformer en profondeur le système politique italien, de manière à le rendre plus réactif et plus performant. Mais, non ! Plus de 60 % des électeurs italiens ont dit « No ! » Face à une telle déroute, le premier ministre n’avait évidemment pas d’autre choix que de démissionner, plongeant l’Italie dans une nouvelle crise politique qui pourrait bien mal se terminer. Car, une fois encore, l’Italie est redevenue ingouvernable. En l’absence d’une majorité claire à la Chambre des députés et au Sénat, c’est donc un nouveau « trou noir » qui s’impose chez nos voisins transalpins. Mais, surtout, le dernier référendum a constitué une véritable claque pour le pouvoir en place et semble indiquer que l’Italie refuse de moderniser ses structures économiques et politiques. Elle préfère rester tiraillée entre le parti de Silvio Berlusconi, qui reste finalement incontournable, et le parti populiste de l’humoriste, qui ne fait décidément rire personne, Beppe Grillo. Dès lors, nos amis italiens risquent de passer quelques mois très difficiles et surtout d’entraîner l’ensemble de la zone euro dans la crise. Il reste simplement à espérer que les Italiens ne vont pas se lancer dans une spirale dévastatrice qui finirait par relancer la crise de la dette publique à l’échelle de la zone euro et mettrait de nouveau cette dernière en péril, entraînant la France dans une nouvelle crise sans précédent. Car, ne nous leurrons pas, si, dans un premier temps, la France pourrait bénéficier d’un « flight to quality », en apparaissant plus stable que sa voisine transalpine, la roue ne tardera pas à tourner.
Les Etats-Unis et la zone euro vont mieux mais la France reste à la traîne.
Comme nous le soulignons depuis environ trois mois, de plus en plus de statistiques économiques à travers le monde semble indiquer que la croissance mondiale se porte mieux. Et ce, souvent contre toute attente. Ainsi, aux Etats-Unis, alors que de nombreux observateurs, qui n’avaient évidemment pas prévu la victoire de Donald Trump et qui, ce faisant, pensaient qu’une forte baisse de la confiance des entreprises et des ménages devraient s’ensuivre, c’est exactement le contraire qui s’est produit. En effet, non seulement les indices des directeurs d’achat se redressent, et, en plus, les indices de confiance des ménages progressent fortement. Ces évolutions sont évidemment de bon augure, notamment parce que la réussite du programme économique ambitieux de Trump repose principalement sur une adhésion rapide des entreprises et des ménages, qui permettra de relancer la croissance et de financer plus facilement la relance budgétaire. Même si elle est encore loin du dynamisme économique américain, la zone euro commence aussi à afficher des statistiques favorables. Ainsi, les indices Markit des directeurs d’achat et ceux de la commission européenne confirment que la croissance eurolandaise va mieux. Elle ne sera certes pas formidable, mais devrait se stabiliser entre 1,5 % et 2 %. Seule ombre au tableau : une fois encore, à l’heure où les indicateurs s’améliorent un peu partout dans le monde et dans la zone euro, la France se démarque par la fragilité de sa croissance et de son marché du travail. Vivement que cela change…