Aux commandes de l'économie et de la finance

25 ans après Maastricht, la zone euro au bord du gouffre.

25 ans après Maastricht, la zone euro au bord du gouffre.

Comme dirais Georges Perec : « je me souviens » de cette année 1992 où le Traité de Maastricht a été signé par les chef d’Etat européens, puis validé de justesse lors d’un référendum à hauts-risques en France. A l’époque, tout paraissait si simple : l’euro devait permettre de consolider à jamais la construction européenne, mais aussi de concurrencer le dollar, de permettre l’avènement d’une croissance forte et durable, avec à la clé le retour du plein-emploi. Pour y parvenir, comme cela était d’ailleurs mentionné dans ce Traité fondateur, l’Union Economique et Monétaire (UEM) devait rapidement tendre vers une union politique, avec harmonisation des conditions fiscales et règlementaires, sans oublier un marché du travail unique et un budget fédéral. Et pourtant ! 25 ans plus tard, force est de constater que tous ces espoirs ont été vains. D’abord sur le front des résultats économiques. En 1992, la zone euro actuelle (c’est-à-dire avec ses 19 pays membres) représentait 21 % du PIB mondial, soit seulement un point de moins que les Etats-Unis et 17 points de plus que la Chine. Aujourd’hui, son poids dans la richesse mondiale est tombé à 11 %, contre 16 % pour l’Oncle Sam et 18 % pour l’Empire du milieu. Mais, au-delà de ces échecs, le plus cuisant réside dans l’incapacité des Européens à créer une véritable zone monétaire optimale. En effet, bien loin des engagements du Traité en matière d’harmonisation, les dirigeants ont préféré agrandir la zone euro avec aujourd’hui 19 pays, dont les structures économiques sont de plus en plus différentes, voire divergentes. Autrement dit, avant de consolider les fondations de la zone euro, ses dirigeants ont voulu directement construire le troisième étage. Si bien que l’UEM est inévitablement devenue une tour de Pise. Il faut donc être clair : sauf si une prise de conscience miraculeuse se produit, notamment en France, afin d’engager la zone euro vers une harmonisation des conditions fiscales et réglementaires, avec un budget fédéral efficace mais aussi moins de rigidités structurelles, l’UEM telle que nous la connaissons aujourd’hui aura disparu avant 2020. Cela ne signifiera d’ailleurs peut-être pas la fin de l’euro, mais l’avènement d’une zone monétaire plus restreinte, avec une vraie intégration, une véritable union fédérale, des règles strictes et une entraide à toute épreuve. C’était justement le but du traité de Maastricht. Dommage que les dirigeants européens ne le comprennent qu’aujourd’hui, 25 ans plus tard…

Zone euro et Etats-Unis : l’inflation revient, mais la croissance ne flambe pas.

Zone euro et Etats-Unis : l’inflation revient, mais la croissance ne flambe pas.

Pendant que la France s’enfonce dans une crise politique dangereuse, le retour de l’inflation se confirme un peu partout dans la zone euro, mais la croissance y reste modérée. Ainsi, en janvier, le glissement annuel des prix à la consommation a atteint 1,9 %, un plus haut depuis juillet 2013. Dans la zone euro, avec un niveau de 1,8 %, l’inflation atteint un sommet depuis février 2013. En France aussi, l’inflation poursuit sa remontée, mais avec un niveau de seulement 1,4 % en janvier, qui constitue néanmoins un plus haut depuis novembre 2012. Malheureusement, cette « reflation » française s’accompagne d’une augmentation du taux chômage, qui a atteint 9,6 % en décembre. Un niveau à comparer aux 9,5 % de la zone euro et surtout aux 4,8 % du Royaume-Uni et aux 3,9 % de l’Allemagne…

A suivre du 6 au 10 février : – Lundi 6, 2h45 (heure de Paris) : petite baisse de l’indice Caixin des directeurs d’achat dans les services en Chine. – Lundi 6, 10h30 : l’indice Sentix de confiance des investisseurs repart à la baisse dans la zone euro. – Mardi 7, 8h : repli correctif de la production industrielle allemande. – Mardi 7, 8h45 : le déficit commercial français se stabilise autour des 4,4 milliards d’euros. – Mardi 7, 14h30 : stabilisation du déficit extérieur américain autour des 45 milliards de dollars. – Mercredi 8, 3h : l’excédent commercial chinois remonte vers les 45 milliards de dollars. – Jeudi 9, 2h30 : stabilisation de l’inflation chinoise autour des 2,1 %. – Jeudi 9, 8h : l’excédent commercial allemand recule légèrement et avoisine les 21 milliards d’euros. – Vendredi 10, 8h45 : l’emploi salarié augmente de 0,2 % en France au quatrième trimestre. – Vendredi 10, 8h45 : rechute logique de la production industrielle française. – Vendredi 10, 16h : l’indice Reuters/Université du Michigan de confiance des consommateurs américains recule légèrement.

Le FMI bientôt à Paris ?

Le FMI bientôt à Paris ?

Non, les crises politiques ne sont pas l’apanage des pays d’Europe du Sud ou d’Amérique latine. La France n’a désormais plus rien à envier à l’Italie, la Grèce, l’Espagne ou le Brésil. Depuis quelques mois, les surprises et rebondissements politiques en tous genres ne cessent effectivement de s’accumuler, décrédibilisant davantage une classe politique déjà bien peu respectée. Dès lors, face aux dérapages et déceptions suscités par les dirigeants politiques hexagonaux, de plus en plus de Français souhaitent renverser la table, avec toutes les catastrophes économiques et sociales que cela risque d’engendrer. Ne restons donc pas aveugles et prenons enfin conscience que les évènements récents indiquent que la stabilité politique et sociétale du pays est en danger. Le pire est que, pour le moment, quelle que soit l’issue des élections présidentielles de 2017, il est quasiment certain qu’au lendemain de ces dernières, la France connaîtra une grave crise économique et financière. Pour éviter d’en arriver là, il n’y a qu’une seule solution : que le prochain président français engage une baisse des impôts pour tous (de manière à redonner de l’espoir et du pouvoir d’achat), réduise les dépenses publiques de fonctionnement, diminue les charges qui pèse sur le travail, ce qui améliorera les salaires nets. Et ce, bien entendu sans augmenter le taux de TVA, ni la CSG. Parallèlement, il devra fluidifier le marché de l’emploi, favoriser l’investissement innovant et permettre aux banques et aux investisseurs de mieux financer l’économie. Ne soyons donc pas trop pessimistes, la solution existe. C’est déjà une bonne nouvelle. La mauvaise nouvelle c’est que, malheureusement, pour le moment, aucun candidat ne paraît à la hauteur de la situation.

Une semaine mi-figue mi-raisin.

A suivre du 30 janvier au 3 février : – Lundi 30, 14h30 (heure de Paris) : faible hausse de la consommation et des revenus des ménages américains. – Mardi 31, 0h30 : stagnation du taux de chômage japonais à 3,1 %. – Mardi 31, 0h30 : nouveau statu quo pour la Banque du Japon. – Mardi 31, 7h30 : le glissement annuel du PIB français se stabilise à 1 % au quatrième trimestre. – Mardi 31, 8h45 : augmentation de l’inflation à 0,9 % dans l’Hexagone. – Mardi 31, 8h45 : la consommation des ménages repart à la baisse en France. – Mardi 31, 9h55 : le taux de chômage allemand se maintient à 6,0 %. – Mardi 31, 11h : stabilisation du glissement annuel du PIB eurolandais à 1,7 % au quatrième trimestre. – Mardi 31, 11h : le taux de chômage de la zone euro stagne à 9,8 %. – Mardi 31, 11h : l’inflation eurolandaise augmente à 1,5 %. – Mardi 31, 16h : légère baisse de l’indice du Conference Board de confiance des ménages américains. – Mercredi 1er, 1h30 : révision baissière de l’indice Nikkei PMI dans l’industrie japonaise. – Mercredi 1er, de 9h50 à 10h : révision baissière des indices Markit des directeurs d’achat dans l’industrie en France, en Allemagne et dans la zone euro. – Mercredi 1er, 10h30 : recul modéré de l’indice Markit dans l’industrie au Royaume-Uni. – Mercredi 1er, 14h15 : les créations d’emplois selon ADP aux Etats-Unis se stabilisent. – Mercredi 1er, 16h : l’indice ISM dans l’industrie manufacturière américaine baisse légèrement. – Mercredi 1er, 20h : statu quo du taux objectif des federal funds. – Jeudi 2, 13h : la BoE maintient également le statu quo monétaire. – Jeudi 2, 14h30 : la productivité continue de croître fortement aux Etats-Unis au quatrième trimestre. – Vendredi 3, 1h30 : l’indice Nikkei des directeurs d’achat japonais dans les services recule légèrement. – Vendredi 3, 2h45 : petit repli de l’indice Caixin des directeurs d’achat dans l’industrie chinoise. – Vendredi 3, de 9h50 à 10h : les indices Markit des directeurs d’achat dans les services sont revus en légère baisse en France, en Allemagne et dans la zone euro. – Vendredi 3, 10h30 : l’indice Markit dans les services recule modérément au Royaume-Uni. – Vendredi 3, 14h30 : le taux de chômage se stabilise à 4,7 % outre-Atlantique. – Vendredi 3, 16h : l’indice ISM dans le secteur non-manufacturier recule modérément aux Etats-Unis. – Vendredi 3, 16h : rebond correctif des commandes industrielles outre-Atlantique.

France et zone euro : la croissance toujours fragile.

France et zone euro : la croissance toujours fragile.

Comme nous l’annoncions la semaine dernière dans nos prévisions des publications statistiques hebdomadaires, ces dernières ont bien fait état d’un mouvement de temporisation de la croissance. Certes, comme prévu également, la croissance chinoise a gagné 0,1 point, pour atteindre 6,8 % au quatrième trimestre 2017. Cela porte son niveau annuel moyen à 6,7 %, un plus bas depuis 1990. Dans le même temps, les indicateurs Markit des directeurs d’achat dans la zone euro se sont améliorés dans l’industrie, mais ont encore reculé dans les services. De quoi confirmer qu’en dépit de la « planche à billets » de la BCE et de la faiblesse de l’euro, la croissance des pays de l’UEM reste fragile. La situation de l’économie française n’est malheureusement guère plus réjouissante, puisque l’indice INSEE du climat des affaires est déjà reparti à la baisse en janvier. Et malheureusement, à présent que l’économie française va entrer dans une phase d’attentisme pré-électoral, il faut se préparer à de nouveaux mois difficiles pour ce drame humain qu’est le chômage de masse.

Dow Jones : de la bulle au krach ?

Dow Jones : de la bulle au krach ?

L’ascension quasi-imperturbable de Wall Street entamée depuis mars 2009 se poursuit avec un Dow Jones qui a clôturé le 25 janvier 2017 au-dessus du cap symbolique des 20.000 points pour la première fois de son histoire. Au cours des 12 derniers mois glissants*, l’indice qui regroupe…

Economie et marchés : l’année du coq de feu c’est périlleux !

Economie et marchés : l’année du coq de feu c’est périlleux !

Dans un monde de plus en plus incertain, imprévisible et déconcertant, il pourrait être tentant de baisser les bras et de se tourner vers l’astrologie. C’est d’ailleurs ce que font trop souvent certains politiciens et prévisionnistes en tous genres. Rassurez-vous, tel n’est pas notre cas et nous continuerons de faire nos prévisions sur la base des fondamentaux économiques, en tout indépendance et bien loin des étoiles… Pour autant, en ce nouvel an chinois, force est de constater que certaines coïncidences apparaissent troublantes. Ainsi, les années de croissance mondiale forte correspondent souvent à celles du dragon (1989, 2000, 2012), du tigre (1998, 2010), voire du chien (2006). A l’inverse, les récessions et krachs boursiers se produisent souvent lors des années du buffle (1973, 1997, 2009), du porc (1971, 1995, 2007), du lièvre (1939, 1987, 2011), voire du rat (1936, 2008). L’an passé, l’année du « singe de feu » devait consacrer le règne de la violence, de la folie et des surprises. Et, comme par hasard, notamment sur ce dernier point, nous avons été particulièrement « gâtés », entre le Brexit, la victoire de Trump, sans oublier la flambée des marchés boursiers qui a fait fi de tous ces bouleversements. Et malheureusement, nous ne sommes vraisemblablement pas au bout de nos peines, puisque l’année qui commence est celle du « coq de feu », dont les principales caractéristiques symboliques sont l’agressivité, le combat et la volatilité. Autrement dit, il est fort probable que d’autres pays prendront exemple sur les Etats-Unis et le Royaume-Uni pour renverser la table et se lancer dans des mouvements excessifs, voire extrémistes. De quoi inévitablement, donner la chair de poule… Au-delà des enseignements du calendrier chinois, il faut reconnaître que la flambée des marchés boursiers en dépit des risques évidents qui pèsent sur 2017 commence à devenir inquiétante. Cet aveuglement collectif ressemble de plus en plus à la situation qui prévalait en 2000, ou encore en 2007-2008. A savoir, un environnement dans lequel tous les arguments logiquement baissiers sont jetés aux oubliettes, tandis que les mobiles faussement haussiers sont mis en exergue. Or, lorsque tous les investisseurs vont dans le même sens, c’est forcément le moment de prendre le chemin inverse, encore faut-il en avoir le courage. Autrement dit, nous persistons et signons : les marchés boursiers et obligataires sont bien en bulle, c’est-à-dire déconnectés de la réalité économique. Cela ne signifie pas qu’ils vont s’effondrer dès demain. Et pour cause : les bulles deviennent encore plus exubérantes lorsqu’elles s’approchent de leur fin. En d’autres termes, nous ne pouvons pas prédire avec exactitude la date du renversement, mais une chose nous paraît certaine : les marchés obligataires et boursiers vont connaître une phase de net ajustement baissier au cours de l’année 2017. Et sans vouloir jouer les « coqs » de mauvais augure : mieux prévenir que guérir.

L’économie américaine accueille Trump avec le sourire.

L’économie américaine accueille Trump avec le sourire.

A l’instar de George Bush père et fils (respectivement en 1989 et 2001), Donald Trump débute son mandat dans un contexte économique favorable. Le taux de chômage est proche du plein-emploi, la croissance se reprend après un trou d’air au premier semestre 2015, les indicateurs de confiance des chefs d’entreprise et des ménages sont au beau fixe et l’inflation oscille autour des 2 %. Il ne reste plus qu’à espérer que la baisse des impôts et les projets d’investissement promis par Donald Trump produiront vite leurs effets pour permettre à la croissance de se stabiliser autour des 2,5 % et de ne pas trop pâtir de la remontée des taux d’intérêt monétaires et obligataires. Un pari tout à fait jouable et qui, s’il est réussi, permettra au nouveau président des Etats-Unis de calmer ses ardeurs protectionnistes. Car si jamais ces dernières devaient être matérialisées, un fort ralentissement américain et mondial s’ensuivrait. Autrement dit, avec Trump ce sera quitte ou double et nous serons fixés dès 2017. Hold on !