La récession se termine, mais les factures arrivent…

Enfin ! Après plus d’un an de pandémie, de multiples confinements et de récession, l’Europe et les Etats-Unis sont en train de sortir de ce marasme économico-sanitaire. Ce n’est pas trop tôt ! En effet, que ce soit en France, en Allemagne, dans l’ensemble de la zone euro, au Royaume-Uni ou encore outre-Atlantique, tous les indicateurs avancés de la conjoncture sont au beau fixe. Et ce, avant même la sortie complète du confinement.

Ainsi, dans la zone euro, l’indice Markit PMI des directeurs d’achat s’est quasiment stabilisé à 62,8 dans l’industrie, soit seulement 0,1 point de moins que le sommet historique d’avril dernier.

Dans les services, l’indice correspondant s’est également très bien comporté, puisqu’il a augmenté de 4,6 points sur un mois, atteignant un niveau de 55,1, un plus haut depuis juin 2018.

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Zone euro : l’activité est toujours euphorique dans l’industrie et au plus haut depuis juin 2018 dans les services.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

 

Conséquence logique de ces évolutions particulièrement favorables, l’indice Markit « composite » a augmenté de 3,1 points en mai, se hissant à un niveau de 56,9, un sommet depuis février 2018.

 

La croissance du PIB de la zone euro devrait bien avoisiner les 4 % en moyenne sur 2021.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

 

Parallèlement, l’indice de sentiment économique calculé par la Commission européenne (et qui synthétise les indices de confiance des entreprises et des ménages) a bondi de 4 points sur le seul mois de mai. Avec un niveau de 114,5, il atteint désormais un sommet depuis janvier 2018.

Cette nette progression s’explique non seulement par l’amélioration de l’indice de confiance des ménages, mais aussi et surtout par la forte progression des indices d’activité des entreprises, tant dans l’industrie que dans les services.

 

Zone euro : l’indice de sentiment économique se hisse sur un sommet depuis janvier 2018.

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Sources : Eurostat, Commission européenne, ACDEFI

 

Comme le montre le graphique ci-dessus, ce rebond conséquent indique que le glissement annuel du PIB de la zone euro pourrait rapidement avoisiner les 5 %. Seule ombre au tableau, l’indice relatif aux perspectives de prix de vente a atteint un sommet historique en mai. De quoi rappeler que les tensions inflationnistes vont continuer et même s’intensifier, imposant à la BCE de réduire, voire de stopper ses injections massives de liquidités.

En Allemagne également, l’heure est à la reprise. En effet, les indices Markit des directeurs d’achat y sont particulièrement dynamiques en mai : 64,0 dans l’industrie, 52,8 dans les services et 56,2 pour l’ensemble des secteurs d’activité.

 

L’Allemagne en route pour la croissance forte.

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Sources : Destatis, Markit, ACDEFI

 

De même, l’indice IFO du climat des affaires a fortement augmenté : + 2,6 points en mai, atteignant un plus haut depuis avril 2019.

 

L’indice IFO du climat des affaires au plus haut depuis avril 2019.

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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI

 

Encore plus fort, l’indice IFO des perspectives d’activité a bondi de 3,7 points sur le seul mois de mai. Il se hisse désormais sur un sommet depuis décembre 2017. Un niveau qui n’a d’ailleurs été dépassé qu’à quatre reprises depuis 1998, en l’occurrence de septembre 1999 à octobre 2000, d’octobre 2003 à février 2004, d’août 2010 à février 2011 et enfin en novembre-décembre 2017.

 

L’indice IFO des perspectives d’activité sur un sommet depuis décembre 2017.

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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI

 

De quoi confirmer qu’après la baisse du PIB du premier trimestre 2021, l’économie allemande devrait retrouver le chemin de la croissance soutenue au cours du deuxième et du troisième trimestre 2021.

En France, la situation économique est également sur la voie de la nette amélioration. Et pour cause : l’indice Markit PMI « industrie » a augmenté à 59,2 en mai, soit seulement 0,1 point de moins que le niveau de mars 2021 qui était un plafond depuis avril 2001.

Avant même la fin du troisième confinement, l’heure est aussi à la reprise dans les services, puisque l’indice Markit correspondant a bondi de 6,3 points en mai. Avec un niveau de 56,6, il retrouve ainsi ses sommets d’après le premier confinement et montre que la croissance française devrait continuer de s’améliorer.

 

L’économie française est aussi sur la voie du net rebond.

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Sources : INSEE, Markit, ACDEFI

 

En outre, les enquêtes de l’INSEE ont confirmé la bonne orientation décrite par celles des directeurs d’achat. En mai, l’indice INSEE du climat des affaires a ainsi bondi de 12,3 points, atteignant un plus haut depuis 2018 et confirmant que la croissance française va continuer de se redresser au cours des prochains trimestres.

 

L’indice INSEE du climat des affaires au plus haut depuis avril 2018.

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Sources : INSEE, ACDEFI

 

Après avoir reculé de 0,1 % au premier trimestre 2021 (et non progressé de 0,4 % comme annoncé initialement par l’INSEE), le PIB français devrait donc se redresser dès le deuxième trimestre et surtout au troisième trimestre 2021. De la sorte, sa progression annuelle devrait avoisiner les 5,5 % sur l’ensemble de l’année 2021, après, rappelons-le, – 8 % en 2020.

 

La confiance des ménages français au plus haut depuis mars 2020.

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Sources : INSEE, ACDEFI

 

Autre évolution réconfortante et qui corrobore cette prévision, l’indice INSEE de confiance des ménages a augmenté de 2,5 points en mai, atteignant un point haut depuis mars 2020, donc juste avant le premier confinement.

Après avoir gonflé leur épargne de plus de 100 milliards d’euros depuis le printemps 2020, les ménages français semblent donc désormais prêts à utiliser une large partie de cette dernière pour augmenter massivement leurs dépenses de consommation.

La palme de la croissance en Europe devrait cependant être attribuée au Royaume-Uni, dont les indices Markit des directeurs d’achat ont encore atteint des niveaux exceptionnellement élevés en mai : 66,1 dans l’industrie, 61,8 dans les services et 62 pour l’ensemble des secteurs d’activité. Dans les trois cas, il s’agit de sommets depuis les années 1990.

 

La croissance du Royaume-Uni devrait dépasser les 7 % en moyenne sur 2021.

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Sources : ONS, Markit, ACDEFI

 

Après avoir chuté de 9,8 % en 2020, le PIB britannique devrait ainsi rebondir d’au moins 7 % sur l’ensemble de l’année 2021.

Enfin, encore un degré au-dessus sur l’échelle de la croissance, les Etats-Unis continuent de surprendre, dans la mesure où la vigueur de leur reprise ne cesse de s’intensifier. Ainsi, en mai, les indicateurs Markit PMI des directeurs d’achat ont atteint de nouveaux sommets historiques : 61,5 dans l’industrie, 70,1 dans les services et 68,1 pour l’ensemble des secteurs.

Comme le montre le graphique ci-dessous, ces niveaux exceptionnels montrent que le glissement annuel du PIB américain pourrait dépasser les 8 %.

 

Etats-Unis : Vers une reprise époustouflante.

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Sources : BEA, Markit, ACDEFI

 

De telles évolutions et de telles prévisions mettent évidemment du baume au cœur. Cependant, grâce à elles, il ne faut pas oublier que la vie normale va (enfin !) pouvoir reprendre, ce qui signifie notamment la fin des perfusions publiques, des « planches à billets » des banques centrales, des taux d’intérêt monétaires et obligataires proches de 0 %, sans oublier le retour de l’inflation.

Autrement dit, la réalité des comptes et des structures économiques va désormais reprendre le dessus et les pays qui sont économiquement fragiles et/ou surendettés vont évidemment devoir payer la facture…

En conclusion, oui, la reprise sera soutenue jusqu’à l’automne 2021. Néanmoins, après ce rebond de rattrapage de la faiblesse passée, les économies développées retrouveront leur croissance structurelle, en l’occurrence 2,5 % aux Etats-Unis, 2 % au Royaume-Uni, 1,4 % en Allemagne et 0,9 % en France.

Profitons donc des prochains mois, car l’euphorie ne durera pas éternellement.

 

Marc Touati