France : Le « quoi qu’il en coûte » va nous coûter très cher…

Depuis le premier confinement, il y a bientôt un an, le fameux « quoi qu’il en coûte » du gouvernement français apparaît comme une formule magique capable de résoudre tous nos problèmes. Pourtant, bien loin de ce mensonge d’Etat, la France est au bord du gouffre.

En 2020, son PIB a chuté de 8,3 %, enregistrant sa plus forte baisse depuis la seconde guerre mondiale et réalisant l’un des plus mauvais résultats de la zone euro et de la planète. En monnaies sonnantes et trébuchantes, cela s’est traduit par une chute du PIB de 151 milliards d’euros. Dans le même temps, la dette publique française a explosé de 350 milliards d’euros. Tout ça pour ça !

C’est effectivement bien là que le bât blesse : en dépit d’une dépense publique de 60 % du PIB en 2020 (le niveau le plus élevé du monde) et d’une dette publique de 125 % du PIB fin 2020 (le quatrième niveau le plus élevé de la zone euro), la France a connu une récession dramatique.

Encore plus grave, son bilan sanitaire est tout aussi catastrophique : absence de masques dans les temps, retard sur les tests et maintenant sur les vaccins et surtout 1 154 morts du coronavirus pour un million d’habitants (au 2 février 2021). Il y a certes pire, mais il y aussi bien mieux. Par exemple en Allemagne avec 738 morts pour un million d’habitants et avec un poids des dépenses publiques de 47 % du PIB et une dette de 75 % du PIB.

Autrement dit, alors que l’énormité des dépenses et de la dette publiques de la France aurait dû lui permettre de figurer parmi les pays les plus performants en matières économiques et sanitaires c’est exactement le contraire qui s’est produit.

Pour autant, en dépit de ces échecs cuisants qui prouvent la faible efficacité de la dépense publique en France, de plus en plus de voix s’élèvent pour demander une nouvelle augmentation de cette dernière. L’argument est presque toujours le même : la dette ne coutant soi-disant rien, il n’y a pas de raison de ne pas l’augmenter davantage. Pourtant, n’en déplaise à de trop nombreux diseurs et diseuses de bonne aventure, il faut arrêter de mentir aux Français. Cette fuite en avant du « quoi qu’il en coûte » nous coûtera justement très cher à nous et à nos enfants, voire petits-enfants.

Pour le comprendre, il suffit simplement de se poser une question essentielle : qui va payer la flambée de la dette publique ? En fait, il existe quatre réponses possibles, qui peuvent d’ailleurs se cumuler. La meilleure consisterait en un retour rapide de la croissance forte. En effet, n’oublions pas qu’une dette publique élevée n’est pas forcément catastrophique, si et seulement si elle est soutenable, c’est-à-dire qu’elle génère une croissance suffisamment forte pour payer au moins les échéances annuelles de la dette. Le problème est que dans le contexte actuel de récession et dans celui d’une reprise molle qui se dessine pour les années à venir, rares sont les pays qui paraissent susceptibles d’y parvenir. Pour mémoire, rappelons que la France n’y est jamais arrivée depuis 2007.

D’où une deuxième réponse palliative : l’augmentation de l’inflation. L’Histoire a effectivement montré que, très souvent, une forte inflation permettait de payer la dette de façon quasiment indolore. Il y a néanmoins deux problèmes. D’une part, on ne peut pas décréter l’inflation. D’autre part, si l’inflation augmente trop fortement alors que la récession et le chômage élevé persistent, les revenus ne pourrons suivre, ce qui détériorera davantage le pouvoir d’achat des ménages et aggravera mécaniquement la récession, donc le chômage, les déficits et la dette…

C’est alors qu’une troisième solution semble faire de plus en plus l’unanimité : l’annulation de la dette. C’est d’ailleurs ce qu’ont fait tous les pays surendettés et/ou en défaut de paiement à travers l’Histoire. Ce qu’on oublie souvent de rappeler c’est qu’après l’avoir fait, ces pays ont été relégués au ban des Nations pour longtemps. De plus, comme nous l’avons expliqué dans ces mêmes colonnes la semaine dernière, cette « solution », à compter qu’elle soit techniquement possible (hypothèse très farfelue) se traduirait par une forte remontée des taux d’intérêt des crédits, ce qui aggraverait la récession, et augmenterait le chômage, suscitant une nouvelle flambée des déficits et des dettes, sans parler des risques financiers, sociaux et sociétaux qui en découleraient.

Dans ce cadre, une quatrième solution est en train de s’imposer subrepticement, d’autant qu’elle a quasiment toujours été utilisée, en particulier en France. Il s’agit de l’augmentation des impôts. Les dirigeants français ont beau claironner qu’il n’en sera rien, peut-on raisonnablement les croire ?

D’ailleurs, il y a une dizaine de jours, le FMI n’a pas hésité à annoncer la couleur. Dans son « Moniteur des finances publiques » de janvier 2021, le très écouté FMI recommande ainsi aux États surendettés d’augmenter la pression fiscale, notamment sur le patrimoine et l’épargne. En d’autres termes, chers épargnants français et du monde entier, préparez-vous à payer les erreurs de vos chers Etats !

Le drame est que la France étant déjà numéro un mondial de la pression fiscale, accroître encore cette dernière reviendra à casser davantage la croissance, ce qui réduira l’assiette fiscale, dont accroîtra les déficits et la dette.

Il est donc urgent d’arrêter de laisser croire que la flambée de la dette publique française sera indolore. Bien au contraire, il faudra la rembourser et si la croissance forte ne revient pas, elle se traduira inévitablement par une hausse des impôts.

En conclusion, il faut arrêter de se voiler la face : la pandémie ne fait que refléter les échecs de la France. Il n’est plus acceptable que notre pays soit la première puissance de la planète en matière de dépenses publiques et l’une des premières sur le front de la dette publique, tout en affichant de si mauvais résultats économiques et sanitaires.

Marc Touati