La reprise se confirme en Chine et aux Etats-Unis, mais s’envole en fumée en Europe et au Japon.

Sans surprise, la Chine vient encore de confirmer son rôle de grande gagnante de la crise mondiale qu’elle a pourtant déclenchée. Aux Etats-Unis, l’heure est aussi à la reprise forte et durable. A l’inverse, l’Europe et le Japon demeurent englués dans une récession historique par son ampleur et désormais par sa durée.

En effet, après avoir déjà augmenté de 11,7 % au deuxième trimestre 2020, puis de 3 % au trimestre suivant, le PIB chinois a progressé de 2,6 % au quatrième trimestre. Sur l’ensemble de l’année 2020, il affiche une augmentation de 2,5 %. S’il s’agit de la plus faible performance enregistrée par la Chine depuis 1976, l’Empire du Milieu est néanmoins l’un des très rares pays de la planète, pour ne pas dire le seul, à afficher une variation annuelle moyenne positive de son PIB en 2020.

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Le glissement annuel du PIB chinois a déjà retrouvé la barre des 6,5 %.

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Sources : NBSC, ACDEFI

En outre, en dépit du « trou d’air » du premier trimestre 2020, le PIB chinois est désormais 6,5 % au-dessus de son niveau pré-pandémie, c’est-à-dire du quatrième trimestre 2019.

Parallèlement, aux Etats-Unis, les indicateurs Markit des directeurs d’achat ont encore surpris par leur vigueur en janvier. Et ce, en dépit de la poursuite de la pandémie et des dérapages qui ont précédé l’investiture de Joe Biden.

Avec des niveaux de 59,1 dans l’industrie, 57,5 dans les services et 58,0 pour l’ensemble des secteurs d’activité, ils montrent que le glissement annuel du PIB américain pourrait rapidement revenir vers les 3 %.

Le glissement annuel du PIB américain devrait bientôt atteindre 3 %.

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Sources : BEA, Markit, ACDEFI

Bien loin de ces bons résultats, l’Europe et le Japon ont vraisemblablement connu une nouvelle baisse du PIB au quatrième trimestre, dont les premières estimations seront publiées la semaine prochaine. Encore plus grave, les indicateurs des directeurs d’achat de janvier ont fait état d’une nouvelle aggravation de la situation économique, hypothéquant par là même les chances de reprise pour l’année 2021.

Ainsi, au Japon, les indicateurs Jibun Bank des directeurs d’achat sont tous repassés sous la barre des 50, c’est-à-dire en zone de récession : 49,7 dans l’industrie, 45,7 dans les services et 46,7 pour l’ensemble des secteurs d’activité.

Dans la zone euro, la sanction est plus sévère dans les services, avec un indice PMI de 45,0, mais bien plus favorable dans l’industrie, avec un indice de 54,7, qui perd néanmoins 0,5 point sur le mois de janvier.

Zone euro : l’industrie résiste, mais les services rechutent.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

Compte tenu de ces évolutions, l’indice PMI composite rechute à 47,5 en janvier, confirmant que la récession va se prolonger et même s’intensifier dans la zone euro.

La récession s’aggrave dans l’UEM.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

De plus, notons que la situation aurait pu être encore bien plus grave si, comme cela s’observe depuis l’automne dernier, l’industrie allemande n’avait pas retrouvé le chemin de la croissance soutenue, notamment grâce à l’amélioration du commerce mondial, en particulier en Chine.

L’Allemagne résiste, mais de moins en moins…

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Sources : Destatis, Markit, ACDEFI

Cette vigueur industrielle a cependant été insuffisante en Allemagne également pour contrecarrer l’effondrement de l’activité dans les services. Si bien que l’indice PMI composite allemand est tombé à 50,8 en janvier, un plus bas depuis juin 2020.

La France reste abonnée à la récession.

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Sources : INSEE, Markit, ACDEFI

En France, la situation est malheureusement bien plus défavorable, avec des indices Markit PMI de 51,5 dans l’industrie, 46,5 dans les services et 47,0 pour l’ensemble des secteurs d’activité. Autrement dit, après le rebond du troisième trimestre 2020, puis la rechute du trimestre suivant, l’économie française restera en récession au premier trimestre 2021.

Une triste perspective qui est d’ailleurs confirmée par la stabilisation de l’indice INSEE du climat des affaires de l’ensemble des secteurs. Avec un niveau de 91,6, il indique même que le glissement annuel du PIB devrait avoisiner les – 6 % au cours du premier trimestre 2021. Au revoir la reprise tant attendue pour 2021…

La stabilisation de l’indice INSEE du climat des affaires confirme que la France est loin d’être sortie de l’auberge…

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Sources : INSEE, ACDEFI

Enfin, comme cela était prévisible compte tenu de la situation sanitaire, c’est au Royaume-Uni que la situation économique est désormais la plus dramatique. En janvier, les indices Markit PMI sont ainsi tombés à 52,9 dans l’industrie (contre 57,5 le mois précédent), 38,8 dans les services et 40,6 pour l’ensemble des secteurs.

Royaume-Uni : la récession est de retour…

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Sources : ONS, Markit, ACDEFI

Dans ce cadre, le PIB britannique devrait fortement chuter au cours du premier trimestre 2021.

Au final, l’année 2021 commence de la pire façon que l’on pouvait imaginer pour l’Europe et le Japon. Et, malheureusement, tant que les populations ne seront pas vaccinées et que les couvre-feux et confinements resteront de mise, la reprise ne pourra pas s’installer. Il ne nous reste donc plus qu’à nous armer de patience et à nous souhaiter bon courage !

Marc Touati