La Chine et les États-Unis euphoriques, la France et la zone euro anémiques.

C’est presque à en perdre son latin : tandis que la France et la zone euro replongent dans une dangereuse récession, la Chine et les Etats-Unis connaissent une euphorie économique impressionnante.

Ainsi, en dépit de l’augmentation des cas de Covid-19 et du cafouillage post-électoral, l’économie américaine a déjà retrouvé le chemin de la croissance forte et durable.

C’est du moins ce qu’indiquent les indicateurs Markit PMI des directeurs d’achat de novembre.

Dans l’industrie, le niveau de 56,7 annoncé en première estimation a ainsi été confirmé. Il s’agit d’un plus haut depuis juillet 2014.

Quant aux indicateurs relatifs aux services et à l’ensemble des secteurs d’activité, après avoir déjà été annoncés en forte hausse en première estimation, ils ont été encore augmentés lors de leur version définitive.

Avec des niveaux de respectivement 58,4 et 58,6, ils atteignent des points hauts depuis mars 2015.

Mieux, comme le montre le graphique ci-dessous, ces indicateurs avancés de la croissance montrent que le glissement annuel du PIB américain pourrait atteindre 3 % dès le premier trimestre 2021.

Voici le fichier pdf :

EconomicWorld101220

Etats-Unis : Vers un glissement annuel du PIB de 3 % dès le début 2021.

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Sources : BEA, Markit, ACDEFI

Un peu moins haut sur l’échelle des indicateurs PMI, mais bien plus élevé sur celle de la croissance annuelle, les chiffres de l’économie chinoise font preuve d’une vigueur exceptionnelle.

Ainsi, en novembre, les indices Caixin des directeurs d’achat chinois ont continué de fortement augmenter, comme cela s’observe d’ailleurs de façon quasi-continue depuis mars dernier.

Chine : en route vers une croissance d’environ 9 % en 2021.

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Sources : NBSC, Caixin, ACDEFI

Avec un niveau de 54,9, l’indice Caixin « industrie » atteint un plus haut depuis novembre 2010. Avec un niveau de 57,5 dans les services, il n’est plus qu’à 0,9 point de son sommet historique de juin 2020.

Au total, l’indice Caixin « composite » atteint également la barre des 57,5, se situant sur point haut depuis mars 2010. Des évolutions qui montrent que le glissement annuel du PIB chinois pourrait atteindre 9 % dès le premier trimestre 2021.

En d’autres termes, comme nous le craignions depuis quelques mois, la Chine est bien l’une des grandes gagnantes de la pandémie dont elle est à l’origine.

En dépit d’une légère baisse en novembre, les indices Nikkei des directeurs d’achat indiens sont également particulièrement favorables.

Dans l’industrie, l’indice correspondant est passé de 58,9 en octobre à 56,3 en novembre, un niveau qui constitue néanmoins le deuxième plus haut, après le record historique d’octobre dernier.

Quant à son homologue dans les services, il baisse de 54,1 en octobre à 53,7 en novembre, un niveau qui n’est certes pas un sommet mais demeure néanmoins très favorable.

D’autant qu’il permet à l’indice composite d’atteindre 56,3 et de confirmer que le glissement annuel du PIB indien devrait atteindre rapidement, puis se stabiliser autour des 5 %.

La croissance indienne devrait rebondir, puis se stabiliser autour des 5 %.

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Sources : Mospi, Nikkei, ACDEFI

Bien loin de ces perspectives particulièrement enjouées, la zone euro a continué de s’enfoncer dans la récession.

Ainsi, l’indice composite des directeurs d’achat de l’ensemble de l’UEM est tombé à 45,3 en novembre.

Le retour de la zone euro en récession est malheureusement confirmé.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

Une fois encore, c’est l’industrie allemande qui a permis de sauver les meubles. En revanche, en Autriche et en Italie, l’industrie est repartie dans une phase de net ralentissement.

Quant aux industries d’Espagne, de France et de Grèce, c’est désormais la récession qui prévaut, avec des indices Markit PMI de respectivement 49,8, 49,6 et 42,3.

De quoi rappeler au passage qu’une nouvelle crise grecque est au coin de la rue.

Industrie : l’Allemagne résiste, l’Espagne, la France et la Grèce s’effondrent.

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Sources : Markit, ACDEFI

La situation est encore bien plus grave dans les services, puisque la récession y est généralisée. En novembre, elle s’est même fortement aggravée dans tous les pays de la zone euro, y compris en Allemagne.

Mais, malheureusement pour nous, c’est la France qui décroche la palme de la baisse de l’activité dans les services, avec un indice Markit PMI de 38,8.

Activité dans les services : Espagne-Italie-France, le trio perdant de la zone euro.

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Sources : Markit, ACDEFI

Non contente d’être déjà numéro un des contributeurs de la dette publique de la zone euro, numéro deux de la plus forte baisse d’activité dans l’industrie, et numéro un de la plus forte récession dans les services, la France décroche une nouvelle « médaille », en l’occurrence celle du plus faible niveau de l’indice PMI Markit « composite », à 40,6.

De plus, cela fait désormais trois mois consécutifs que cet indice est inférieur à 50, confirmant par là même la gravité de la récession qui s’est installée dans l’Hexagone.

Le drame est que la France « se paie également le luxe » d’afficher le plus faible indice PMI « composite » du G20.

Le monde repasse dans le vert, grâce aux Etats-Unis, à la Chine, à l’Inde et au Brésil.

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Sources : Markit, ACDEFI

Comme le montre le tableau synthétique, la planète est donc bien coupée en trois. Un, certains pays ont retrouvé le chemin de la croissance forte et durable, en l’occurrence les Etats-Unis, la Chine, l’Inde et le Brésil.

Deux, certains pays s’en sortent difficilement, mais restent fragiles, comme l’Allemagne ou encore la plupart des pays africains.

Trois, de nombreux pays et zones restent coincés dans la récession, tels que le Royaume-Uni, le Japon, la zone euro, l’Italie, l’Espagne et la France.

Le problème est que cette léthargie durable détériore dangereusement les comptes publics de ces pays, mais aussi leur croissance structurelle et leur marché du travail.

Des dommages qui laisseront des séquelles pour de nombreuses années.

Marc Touati