Effondrement des marchés boursiers : logique et endémique.

Il y a quelques semaines (le 7 février précisément), devant l’indifférence des marchés face à l’épidémie grandissante de coronavirus, nous avions rédigé une « Humeur » intitulée : « Les marchés boursiers face au Coronavirus : résilients ou inconscients ? »

A l’époque, toujours sous l’effet des « drogues dures » des banques centrales, les investisseurs continuaient de nager en plein aveuglement, voulant croire que l’épidémie de coronavirus et le blocage de la Chine n’auraient aucune conséquence sur l’économie mondiale…

Quel manque de discernement et quelle inconscience de la part des économistes, des politiques et des journalistes qui ont véhiculé ce message !

Aujourd’hui, et comme nous l’annoncions, les marchés se sont réveillés avec une « gueule de bois » dévastatrice et incontrôlable.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : du 13 au 28 février, le Dow Jones a chuté de 14 %. Quant au Cac 40, son plongeon en sept séances atteint 13,1 %. Du jamais vu en si peu de temps depuis la faillite de Lehman Brothers.

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Face au coronavirus, les marchés boursiers internationaux capitulent.

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Sources : NYSE, Euronext, ACDEFI

Cet effondrement est tout à fait logique, non seulement parce que l’épidémie de coronavirus est sur le point d’entraîner le monde dans une récession, mais aussi parce que les marchés étaient précédemment dans une bulle extravagante.

Dans ce cadre et malheureusement, la chute n’est pas terminée. En effet, pour le moment, les marchés ne font que corriger leurs excès passés et réagir à des annonces sur le développement de l’épidémie.

Après s’être complus dans une bulle extravagante, les marchés vont dévisser durablement.

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Sources : NYSE, Euronext, ACDEFI

Lorsque les chiffres « sonnants et trébuchants » de la baisse de l’activité en Chine et à travers le monde vont être publiés, leur réaction n’en sera que plus douloureuse.

Dès le 21 février, l’annonce de la forte baisse des indices Markit des directeurs d’achat de février aux Etats-Unis a sonné le glas de toute euphorie. Et pour cause : ceux-ci sont tombés à 50,8 dans l’industrie, 49,4 dans les services (un plus bas depuis novembre 2009) et 49,6 pour l’indice composite.

Etats-Unis : l’indice Markit « services » au plus bas depuis novembre 2009.

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Sources : BEA, Markit, ACDEFI

De plus, comme nous l’avons expliqué dans notre « Humeur » du jour, la croissance mondiale devrait tomber à 1,6 % en moyenne en 2020, du moins si tout va bien. C’est dire l’ampleur de l’ajustement baissier qui attend les marchés.

Compte tenu de la baisse de la croissance mondiale, la chute boursière ne fait que commencer.

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Sources : NYSE, FMI, Prévisions ACDEFI

Cette correction redoublera évidemment d’intensité lors de la publication des résultats des entreprises qui vont continuer de pâtir du fort ralentissement de la croissance mondiale au moins jusqu’à la fin de l’année 2020. Bien entendu, des sursauts seront possibles, notamment grâce à l’intervention des banques centrales. Seulement voilà, ces dernières n’ont quasiment plus de cartouches pour relancer la machine.

A force d’avoir voulu faire plaisir aux marchés, les banques centrales n’ont aujourd’hui quasiment plus de cartouches…

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Sources : BCE, Federal Reserve, BoE, ACDEFI

C’est ce que nous nous sommes fatigués à expliquer pendant des mois : les politiques monétaires et budgétaires doivent être contracycliques. En d’autres termes, elles ne doivent être accommodantes qu’en cas de besoin.

Or, depuis quelques années, les déficits publics augmentaient et les « planches à billets » redoublaient d’intensité alors que nous étions en « trappe à liquidités », c’est-à-dire sans effet significatif sur la croissance économique, en particulier dans la zone euro. Dans ce cadre, les banques centrales se sont contentées de faire plaisir aux marchés et d’alimenter une bulle, qui est désormais en train d’exploser.

Et à présent que l’économie a vraiment besoin de l’action des banques centrales et de la politique budgétaire, celles-ci sont inopérantes. Quel manque de clairvoyance de la part des dirigeants politiques et monétaires de la planète !

En conclusion : oui, les bourses mondiales sont dans une phase de chute endémique qui risque malheureusement de durer au moins jusqu’à l’été prochain.

Marc Touati