Sans surprise, du moins pour ceux qui suivent nos prévisions, la croissance a bien résisté outre-Atlantique, mais a décroché en France et dans la zone euro. En effet, au quatrième trimestre 2019, le PIB américain a progressé de 2,1 % en rythme annualisé, soit le même niveau qu’au troisième trimestre 2019. Grâce à ce bon résultat, le glissement annuel du PIB est même remonté à 2,3 %, contre 2,1 % lors du trimestre précédent.
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Le glissement annuel du PIB américain remonte à 2,3 %.
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Sources : BEA, ACDEFI
Comme d’habitude, les consommateurs ont été des soutiens indéfectibles de la croissance américaine.
Les consommateurs, soutiens indéfectibles de l’activité économique américaine.
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Sources : BEA, ACDEFI
Le glissement annuel de la consommation des ménages a même légèrement progressé, passant de 2,56 % au troisième trimestre à désormais 2,64 %.
Encore mieux, la forte augmentation de l’indice du Conference Board de confiance des consommateurs américains en janvier indique que cette vigueur devrait perdurer au moins jusqu’à l’été prochain.
En effet, avec un niveau de 131,6, cet indicateur avancé de la consommation des ménages se rapproche des sommets de 2018, qui étaient eux-mêmes des plafonds depuis 2000.
Si la consommation des ménages continue de bien résister, l’investissement des entreprises recule dangereusement.
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Sources : BEA, ACDEFI
En revanche, à côté de cette résistance à toute épreuve, l’investissement des entreprises a négativement surpris par son nouveau repli, d’autant qu’il s’agit du troisième consécutif.
Son glissement annuel est ainsi tombé à – 0,1 %, un plus bas depuis le premier trimestre 2016.
S’il n’y a pas encore péril en la demeure, cette baisse de l’investissement des entreprises montre que les créations d’emploi devraient nettement ralentir au cours des prochains trimestres.
Autrement dit, même si le taux de chômage devrait se maintenir autour de son niveau actuel de 3,5 %, c’est-à-dire un niveau de plein-emploi, il ne devrait désormais plus baisser, voire légèrement augmenter. Ce qui se traduira par un ralentissement de la consommation et par là même de la croissance du PIB.
Dans ce cadre, après avoir atteint 2,3 % en 2019, la variation annuelle du PIB américain devrait reculer vers 1,6 % en 2020. Un résultat qui restera néanmoins bien supérieur à celui observé dans la zone euro.
D’ores et déjà, l’activité économique de cette dernière a continué de ralentir au quatrième trimestre 2019. Et pour cause, son PIB n’a augmenté que de 0,1 %, son plus mauvais résultat depuis le premier trimestre 2013.
Le PIB de la zone euro enregistre son plus mauvais résultat depuis le premier trimestre 2013…
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Sources : Eurostat, ACDEFI
Conséquence logique de cette contre-performance, le glissement annuel du PIB de la zone euro est tombé à 1 %, un plus bas depuis le quatrième trimestre 2013.
Les Etats-Unis remontent, la zone euro décroche…
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Sources : Eurostat, BEA, ACDEFI
Une décélération qui tranche évidemment avec la résistance de l’économie américaine, qui creuse donc encore l’écart. Depuis 1995, le différentiel de croissance annuelle entre les Etats-Unis et la zone euro atteint ainsi un nouveau record historique de 87,3 points !
Ecart de croissance Etats-Unis/Zone euro : Nouveau record historique de 87,3 points depuis 1995.
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Sources : Eurostat, BEA, ACDEFI
Du côté de notre « douce France », et comme nous l’annoncions depuis plusieurs semaines, les grèves de décembre ont fait leur triste travail, suscitant une baisse du PIB de 0,1 % au quatrième trimestre, une première depuis le deuxième trimestre 2016.
Le PIB français chute de 0,1 % au quatrième trimestre 2019, une première depuis 2016.
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Sources : INSEE, ACDEFI
Dans ce cadre, le glissement annuel du PIB français est tombé à 0,8 %, un plus bas depuis le troisième trimestre 2016.
Si cette déconvenue s’explique notamment par un troisième trimestre consécutif de déstockage, il faut également souligner que tous les moteurs de la croissance ont nettement ralenti au quatrième trimestre, et notamment la consommation des ménages et l’investissement des entreprises.
France : le glissement annuel du PIB au plus bas depuis le troisième trimestre 2016.
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Sources : INSEE, ACDEFI
Quant à l’Allemagne, si les comptes nationaux du quatrième trimestre n’ont pas encore été publiés, la rechute de l’indice IFO du climat des affaires en janvier confirme que l’atonie économique reste de mise.
La rechute de l’indice IFO du climat des affaires montre que l’économie allemande reste en souffrance.
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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI
Et ce, d’autant que l’indice IFO des perspectives d’activité annonce une baisse prochaine du glissement annuel du PIB allemand vers – 1 %.
L’indice IFO des perspectives d’activité annonce un glissement annuel du PIB allemand proche de – 1 %.
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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI
En conclusion, à côté d’une économie américaine qui continue de résister tant bien que mal, le décrochage de l’Allemagne, de la France et de la zone euro dans son ensemble confirme que 2020 sera une année difficile. Elle sera d’autant plus que le fort ralentissement chinois à venir suscitera un nette baisse de l’activité internationale.
Marc Touati