Zone euro, Allemagne, France : le ralentissement s’aggrave.

Comme nous l’annoncions la semaine dernière dans nos prévisions hebdomadaires, le ralentissement économique s’aggrave tant dans la zone euro qu’en Allemagne et surtout en France.

En effet, en dépit de la résistance de la croissance mondiale et de la baisse de l’euro/dollar, les indicateurs avancés de la croissance continuent de se dégrader.

A commencer par les indices Markit PMI des directeurs d’achat. Certes, après une forte baisse depuis le début d’année, les indicateurs PMI dans l’industrie ont stoppé leur dégringolade et remontent même légèrement, en particulier en Allemagne.

En juillet, ils ont ainsi atteint des niveaux de 57,3 outre-Rhin, 55,1 dans la zone euro et 53,1 en France, qui continue de fermer la marche de l’industrie eurolandaise.

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Après un début d’année difficile, l’industrie reprend quelques couleurs tout en restant fragile, en particulier en France.

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Sources : Markit, ACDEFI

Comparativement aux niveaux qui prévalaient fin 2017 et comme le montre le graphique ci-dessus, la dégringolade demeure néanmoins toujours conséquente et confirme que l’activité industrielle restera fragile au moins jusqu’à la fin 2018.

Bien plus préoccupant, après un léger sursaut en juin, les indices Markit des directeurs d’achat sont repartis à la baisse dès juillet. Et ce, que ce soit en Allemagne, dans la zone euro et en France.

Avec des niveaux de 54,4 tant outre-Rhin qu’à l’échelle de l’UEM et de 55,3 en France (contre respectivement 54,5, 55,2 et 55,9 en juin), la décrue n’est certes pas dramatique, mais demeure conséquente depuis le début 2018. Dès lors, elle indique que la croissance ne pourra pas compter sur un dynamisme massif de l’activité dans les services.

La décrue de l’activité dans les services depuis le début 2018 est conséquente.

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Sources : Markit, ACDEFI

Pour l’ensemble de la zone euro, le comparatif entre ces indicateurs avancés et le glissement annuel du PIB montrent que ce dernier devrait nettement reculer jusqu’à la fin 2018.

Le ralentissement de l’économie eurolandaise s’annonce massif d’ici la fin 2018.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

Une prévision qui est encore plus claire au regard de la nouvelle baisse de l’indice Markit « composite » de l’UEM. En juillet, il est ainsi revenu à 54,3, un niveau qui annonce une croissance annuelle du PIB proche de 1 % d’ici la fin 2018, contre 2,8 % au quatrième trimestre 2017 et 2,5 % au premier de 2018.

Vers un glissement annuel du PIB de la zone euro de 1 % fin 2018…

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

Cette nette décélération transparait également dans les enquêtes IFO en Allemagne et INSEE en France.

Outre-Rhin, après avoir déjà reculé de 0,4 point en juin, l’indice IFO du climat des affaires en a encore perdu 0,1 en juillet. Avec un niveau de 101,7, il accuse une chute de 3,3 points comparativement à son niveau de décembre 2017 et se situe à un plancher depuis mars 2017.

L’indice IFO du climat des affaires a perdu 3,3 points depuis le début 2018.

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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI

Le plongeon est beaucoup plus important et donc préoccupant sur le front de l’indice IFO des perspectives d’activité. Ce dernier a effectivement perdu 0,4 point en juillet et 5,7 points depuis son précédent plus haut de novembre 2017. Avec un niveau de 98,2, il se situe désormais sur un plus bas depuis mars 2016 et montre par là même que la croissance allemande pourrait rapidement passer sous les 2 %.

L’indice IFO des perspectives d’activité au plus bas depuis mars 2016.

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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI

Dans l’Hexagone, les enquêtes de l’INSEE ne sont malheureusement pas meilleures. Bien au contraire. Ainsi, l’indice INSEE du climat des affaires pour l’ensemble des secteurs d’activité a continué sa décrue : – 0,5 point en juillet, soit une chute de 6,2 points depuis le début 2018.

Vers une croissance française de 1,5 % d’ici l’automne prochain.

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Sources : INSEE, ACDEFI

Avec un niveau de 105,8, il atteint désormais un plus bas depuis mai 2017 et montre que le glissement annuel du PIB français pourrait rapidement revenir vers 1,5 %, contre 2,8 % au quatrième trimestre 2017 et 2,2 % au premier de 2018.

Parallèlement, l’indice INSEE du climat de l’emploi a perdu 2,1 points en juillet, indiquant que l’augmentation du chômage au deuxième trimestre 2018 risque de se poursuivre au moins jusqu’à la fin de l’année.

En juin, le nombre de chômeurs de catégorie A étaient ainsi de 3,443 millions de personnes en Métropole et de 3,705 millions dans la France entière. Quant au nombre de chômeurs de catégories A, B, C (c’est-à-dire incluant tous les demandeurs d’emploi, y compris ceux qui ont exercé une activité limitée sur le mois), il s’est élevé à 5,933 millions de personnes, soit quasiment un sommet historique.

Le nombre de chômeurs en France reste sur des sommets.

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Sources : Dares, ACDEFI

Confirmant que le fléau du chômage demeure prégnant en France, l’indice INSEE de confiance des ménages est resté bas en juillet, à 97, soit 3 points de moins que sa moyenne de long terme. Il enregistre ainsi un effondrement de 11,3 points depuis son précédent pic de juin 2016 et se situe à un plancher depuis août 2016, à une époque où le glissement annuel du PIB hexagonal avoisinait 0,9 %.

France : les entreprises et les ménages ont perdu confiance.

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Sources : INSEE, ACDEFI

Sans surprise (du moins pour celles et ceux qui lisent nos publications), la victoire des Bleus au Mondial de football n’a donc pas réussi à doper la confiance des ménages français, qui restent évidemment et malheureusement bien plus préoccupés par les risques de chômage et par la faiblesse de leur pouvoir d’achat.

Marc Touati