Monde, Zone euro, Italie : la croissance en danger.

Encore une semaine statistique délicate pour la croissance mondiale. En effet, comme nous l’annoncions la semaine dernière dans nos prévisions hebdomadaires, les indicateurs avancés ont confirmé que le ralentissement était bien en marche à travers la planète.

Ainsi, selon les enquêtes des directeurs d’achat, neuf pays sont actuellement en récession industrielle (Singapour, Zambie, Liban, Egypte, Malaisie) ou proches d’y entrer (Russie, Corée du Sud, Thaïlande, Philippines).

Pour le deuxième mois consécutif, l’indice PMI de l’industrie mondiale subit une baisse, soit – 0,3 point en deux mois.

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Pour le deuxième mois consécutif, l’indice PMI de l’industrie mondiale recule.

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Sources : Markit, ACDEFI

Certes, avec un niveau de 54,2, cet indicateur avancé de la croissance internationale demeure toujours très favorable. Néanmoins, il confirme que le meilleur est déjà terminé.

Parmi les grandes déceptions du mois de février, on retrouve une nouvelle fois l’économie indienne. En effet, l’indice PMI dans l’industrie a reculé de 0,3 point à 52,1, mais surtout son homologue dans les services s’est effondré, passant de 51,7 en janvier à désormais 47,8, un plus bas depuis août dernier et la baisse de l’activité liée à l’instauration cafouilleuse d’une nouvelle TVA harmonisée à l’échelle du pays.

Inde : l’activité ralentit dans l’industrie et s’effondre dans les services.

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Sources : Mospi, Nikkei, ACDEFI

Dans la mesure où l’Inde est la deuxième locomotive de la croissance mondiale, ce nouvel à-coup risque de coûter cher à cette dernière.

Fort heureusement, la première locomotive, en l’occurrence la Chine, continue de bien résister.

L’économie chinoise demeure vigoureuse.

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Sources : NBSC, Caixin, ACDEFI

En février, l’indice Caixin dans l’industrie a ainsi gagné 0,1 point à 51,6 et son équivalent dans les services a certes reculé de 0,5 point, mais est resté sur un niveau toujours très appréciable de 54,2. Dans ce cadre, la croissance chinoise devrait se stabiliser autour des 6,5 % jusqu’à l’automne prochain.

Autre bonne nouvelle, le redressement en douceur de l’économie brésilienne se confirme. En février, l’indice Markit des directeurs d’achat a ainsi gagné deux points dans l’industrie. Avec un niveau 53,2, il se situe à plus haut depuis janvier 2013.

Encore mieux, dans les services, sa progression a été de 2,7 points, le portant à un niveau de 52,7, également un point haut depuis janvier 2013.

La reprise brésilienne se confirme.

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Sources : IBGE, Markit, ACDEFI

Autrement dit, après avoir déjà atteint 2,2 % au quatrième trimestre 2017, le glissement annuel du PIB brésilien devrait encore augmenter en 2018. Le Brésil et l’Argentine feront ainsi partie des rares pays de la planète à connaître une amélioration de leur croissance en 2018, ce qui constituera néanmoins avant tout une correction de la faiblesse des années précédentes.

A l’inverse, après une embellie corrective en 2017, la zone euro et l’ensemble de ses membres connaîtront un net ralentissement cette année. La révision baissière des indices Markit des directeurs d’achat en février ne fait que le confirmer une nouvelle fois. Et ce, d’autant que l’indice Sentix de confiance des investisseurs financiers de la zone euro a chuté de 7,9 points en mars. Avec un niveau de 24, il retombe ainsi à un plus bas depuis avril 2017.

La croissance eurolandaise va nettement reculer en 2018.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

De plus, même si les dirigeants eurolandais restent engoncés dans leur déni de réalité habituel, il est malheureusement clair que la nouvelle crise politique italienne ne manquera pas d’entacher la bonne marche de l’économie de la zone euro.

Les indices PMI dans l’industrie reculent fortement dans la zone euro, en France et en Italie.

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Sources : Markit, ACDEFI

D’ailleurs, avant même les résultats de ses dernières élections législatives, l’Italie s’est tristement illustrée par une forte baisse des indicateurs des directeurs d’achat, tant dans l’industrie que dans les services : respectivement – 2,2 et – 2,7 points sur le seul mois de février.

Même punition dans les services.

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Sources : Markit, ACDEFI

La corrélation entre ces indicateurs avancés de l’activité et le glissement annuel du PIB italien montre qu’après avoir déjà reculé à 1,6 % au quatrième trimestre 2017, ce dernier devrait encore nettement baisser au cours des prochains trimestres.

Après avoir déjà ralenti au quatrième trimestre 2017, la croissance italienne devrait s’affaisser davantage.

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Sources : Istat, Markit, ACDEFI

A cet égard, rappelons qu’à l’heure actuelle, l’Italie est l’un des cinq pays de la zone euro dont le PIB est encore inférieur à son niveau d’avant-crise. C’est même le pays eurolandais qui souffre le plus après la Grèce.

La crise de 2008 n’est toujours pas effacée pour 5 pays de la zone euro, dont la Grèce et l’Italie.

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Sources : Eurostat, Calculs ACDEFI

Quant à la France, si son PIB actuel est supérieur de 7,2 % à son niveau d’avant-crise, cela signifie que sa croissance annuelle moyenne n’a été que de 0,7 %, ce qui correspond à 0,1 point près à son niveau structurel (0,8 % exactement). Et malheureusement, ici aussi, le meilleur est déjà derrière nous. En effet, tous les indicateurs avancés de l’économie française ont fortement baissé ces derniers mois, et surtout en février. D’ores et déjà, après une légère accalmie en décembre, le déficit extérieur de la France s’est fortement creusé en janvier à 5,56 milliards d’euros. Et, compte tenu du ralentissement du premier partenaire de l’Hexagone, en l’occurrence la zone euro, un nouveau creusement est à craindre pour les prochains mois. Parallèlement, la production industrielle française a chuté de 2 % sur le seul mois de janvier, enregistrant un glissement annuel de seulement 1,2 %, un plus bas depuis avril 2017.

Au total, nous confirmons nos prévisions de ralentissement de la croissance pour la zone euro, la France et l’Italie. Après avoir atteint en 2017 des niveaux de respectivement, 2,5 %, 2 % et 1,5 %, elle devrait retomber à 2,0 %, 1,5 % et 1 % en 2018.

Marc Touati