2018 pire que 2008 ? Episode II : 2008-2009, le pire n’est jamais certain.

L’hémorragie était donc stoppée dès l’automne 2007. Malheureusement, c’était sans compter l’incompétence, la malchance et de trop nombreuses erreurs des dirigeants économiques et financiers de la planète…

Ainsi, pendant que la Fed tentait de sauver le système en abaissant ses taux directeurs, la Banque Centrale européenne, toujours aussi sûre d’elle, augmentait les siens. Compte tenu de cette différence de stratégie, le dollar se déprécia et l’euro flamba. Dans le même temps, face à un dollar plus faible et à des inquiétudes récurrentes sur les marchés boursiers, les investisseurs se replièrent vers des valeurs « refuges », parmi lesquelles l’or et l’ensemble des matières premières, notamment le pétrole.

Cette flambée fulgurante ne pouvait que casser la croissance. Elle entraîna même la zone euro dans une récession dès le deuxième trimestre 2008, qui s’aggrava en juillet lorsque l’euro atteignit 1,60 dollar et le baril de pétrole 150 dollars.

Mais, le pire n’était pas encore atteint. En effet, quelques semaines plus tard, le 14 septembre 2008, le gouvernement américain décida, contre toute attente, de la faillite de la quatrième banque d’affaires américaine, ancienne championne des produits « subprimes » toxiques : Lehman Brothers.

Une fois de plus, l’erreur humaine était au rendez-vous. Effectivement, cette décision fut avant tout motivée par une volonté de vengeance du secrétaire d’État au Trésor américain, Henry Paulson, qui était l’ancien patron de Goldman Sachs, grand concurrent historique de Lehman Brothers.

Au lendemain de l’annonce de cette décision, tous les investisseurs de la planète tombèrent dans un « trou noir ». Et pour cause, toutes les banques de la planète étaient clientes de Lehman Brothers. Dès lors, une panique généralisée se propagea.

Le 29 septembre 2008, en pleine déconfiture boursière, le Congrès américains refusa, là-aussi contre toute attente et toute logique, le plan de sauvetage des banques. Les marchés s’effondrèrent de plus belle.

C’est à partir de ce moment-là que Barack Obama, alors en retard dans les sondages, pris l’ascendant sur son rival John Mc Cain, dans la course à la Présidentielle, qu’il emporta le 4 novembre 2008.

Ce qui n’empêcha pas les fonds propres des banques de fondre comme neige au soleil. En effet, depuis quelques années, ces dernières avaient embauché de plus en plus de traders surdiplômés pour se livrer à ce que l’on appelle le « prop trading », c’est-à-dire de la spéculation avec les fonds propres de la banque.

Lorsque les marchés étaient euphoriques, ces fonds propres étaient donc survalorisés, ce qui permettait aux banques de prendre encore plus de risques, tout en respectant les ratios de fonds propres imposés par la réglementation internationale. Maintenant que les marchés s’effondraient, leurs fonds propres en faisaient mécaniquement de même.

Dès lors, une nouvelle vague de défiance généralisée s’imposa, avec risque de faillites bancaires à la clé et par là même, risque d’effondrement du système financier mondial, appelé faillite systémique.

Il était donc urgent d’agir, ce que firent enfin les dirigeants monétaires et politiques des pays occidentaux à partir d’octobre, en abaissant fortement les taux d’intérêt pour les premiers, et en prêtant de l’argent aux banques pour les seconds. De la sorte, ces dernières évitèrent la faillite. Cependant, le mal était fait. Ainsi, les crédits étaient réduits à la portion congrue, la récession s’aggravait et le chômage augmentait. La crise financière devenait une crise économique et sociale.

Au début 2009, l’avenir s’annonçait ainsi cataclysmique dans la totalité des pays développés : la récession faisait rage, les banques restaient on ne peut plus fragiles et les marchés boursiers s’effondraient. Dans leur grande majorité, les économistes et prévisionnistes en tous genres étaient formels : la crise de 2009 serait pire que celle de 1929. Et jusqu’en mars 2009, les faits semblaient leur donner raison.

Le 9 mars 2009, les principaux indices boursiers touchaient le fond : 6 547 points pour le Dow Jones et 2 519 pour le Cac 40. En dix-huit mois, ces indices avaient subi un effondrement de respectivement 54 % et 59 %. Par rapport à son plus haut de septembre 2000, le Cac 40 affichait même un recul de 64 %.

Fort heureusement, à la différence de la crise de 1929, les dirigeants internationaux ont su tirer les leçons des erreurs du passé et mettre en place un plan de relance pharaonique, concrétisé lors du sommet du G20 du 2 avril 2009 à Londres : sauvetage des banques, plan de relance budgétaire de 5 000 milliards de dollars à l’échelle de la planète, baisse des taux directeurs des banques centrales, « planches à billets » pléthoriques.

Une démesure de moyens qui a permis à la croissance mondiale de redémarrer dès la fin 2009, mais qui a aussi susciter une nouvelle crise : celle de la dette publique, qui n’est d’ailleurs toujours pas terminée aujourd’hui…

A suivre…

Marc Touati