La très grande majorité des observateurs économiques a beau dire que tout va bien dans notre « douce France », la réalité des chiffres est bien différente.
Et pour cause : en novembre, le déficit commercial français s’est de nouveau creusé, pour atteindre 5,7 milliards d’euros sur un mois et 63,048 milliards d’euros sur douze mois.
Il s’agit donc d’un plus haut depuis janvier 2014, qui est d’autant plus décevant que la croissance mondiale a atteint environ 3,5 % en 2017 et a bénéficié au commerce extérieur de nombreux pays européens.
Voici le fichier pdf :
63,048 milliards d’euros de déficit extérieur français sur douze mois : un plus haut depuis janvier 2014.
Pour visualiser le graphique, merci de consulter le fichier pdf
Sources : Minefi, ACDEFI
Ainsi, à titre de comparaison, l’Allemagne a dégagé un excédent commercial de 22,3 milliards d’euros en novembre, soit 249 milliards d’euros sur les douze derniers mois (environ 252 milliards d’euros sur l’ensemble de l’année 2017 selon nos estimations).
De quoi souligner qu’on ne peut imputer la dégradation de la balance commerciale française à la seule augmentation des cours du pétrole, qui alourdit mécaniquement la valeur des importations.
D’ailleurs, en novembre, les importations françaises ont baissé de 0,5 %, tandis que nos exportations ont chuté de 1,6 %. Depuis le début 2017, les premières ont augmenté de 2,8 %, alors que les secondes ont baissé de 2,6 %.
Il faut donc être clair : si le déficit extérieur français est aussi élevé c’est avant tout parce que nos exportations sont trop faibles.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2017, les exportations françaises devraient avoisiner les 470 milliards d’euros, contre environ 1 280 milliards d’euros pour les exportations allemandes, soit un écart de 172,3 %, alors que l’écart de PIB France-Allemagne n’est que de 34 %.
Commerce extérieur allemand en 2017 : 1 280 milliards d’exportations et 252 milliards d’excédent.
Pour visualiser le graphique, merci de consulter le fichier pdf
Sources : Destatis, ACDEFI
Bien entendu, certains rappelleront que le commerce extérieur français est meilleur sur les services que sur les marchandises. Mais là aussi, le comparatif fait mal : en 2017, les exportations de biens et services de la France devraient atteindre 653 milliards d’euros, contre 1 508 milliards d’euros pour celles de l’Allemagne.
Exportations de biens et services : 1 508 milliards en Allemagne, contre 652 milliards en France.
Pour visualiser le graphique, merci de consulter le fichier pdf
Sources : Destatis, INSEE, ACDEFI
Autre confirmation de la pérennisation des écarts franco-allemands, la production industrielle française a baissé de 0,5 % en novembre. Après avoir atteint 5,5 % en octobre, son glissement annuel est ainsi tombé à 2,5 %.
Comme le montre le graphique ci-dessous, la croissance du PIB devrait donc nettement reculer au quatrième trimestre 2017.
Le net ralentissement de la production industrielle française n’augure rien de bon pour l’évolution du PIB.
Pour visualiser le graphique, merci de consulter le fichier pdf
Sources : INSEE, ACDEFI
A l’inverse, après avoir certes fortement reculé en octobre, la production industrielle allemande a rebondi de 3,4 % en novembre, portant son glissement annuel à 5,7 %, contre 2,8 % le mois précédent.
Comme l’indique le graphique ci-après, cela confirme que le glissement annuel du PIB allemand devrait se stabiliser autour des 2,8 % au quatrième trimestre 2017.
La production industrielle allemande progresse de près de 6 % sur un an.
Pour visualiser le graphique, merci de consulter le fichier pdf
Sources : Destatis, ACDEFI
Dans ce cadre, il est clair que les écarts de taux de chômage entre les deux côtés du Rhin devraient également perdurer.
Taux de chômage selon Eurostat : 9,2 % en France et 3,6 % en Allemagne.
Pour visualiser le graphique, merci de consulter le fichier pdf
Sources : Eurostat, ACDEFI
En novembre, en dépit d’une légère baisse, le taux de chômage français était encore de 9,2 %, contre 3,6 % outre-Rhin.
Taux de chômage des moins de 25 ans : plus de 15 points d’écart entre les deux côtés du Rhin.
Pour visualiser le graphique, merci de consulter le fichier pdf
Sources : Eurostat, ACDEFI
Que dire alors des écarts de taux de chômage des moins de 25 ans : 21,8 % en France, contre 6,6 % en Allemagne. A l’évidence, il n’y a malheureusement pas photo !
Marc Touati