Chômage en France : quand allons-nous enfin réagir ?

Même si nous nous attendions à une nouvelle hausse du chômage en France en juillet, les dernières statistiques de « Pôle Emploi » ont malheureusement dépassé toutes les inquiétudes. Sur un mois, le nombre de demandeurs d’emploi a ainsi augmenté de 34 900 personnes pour la catégorie A en Métropole, soit 3,518 millions de sans-emploi. Quant au chômage toutes catégories pour la France entière, il a progressé de 47 200 personnes, après avoir déjà augmenté de 51 100 personnes au cours des trois mois précédents. Il a ainsi atteint un nouveau record historique de 6 665 300 personnes.

Face à l’étendue d’un tel drame social et tout simplement humain, une question se pose : quand allons-nous enfin réagir ? Ces évolutions catastrophiques rappellent effectivement que les lois Macron I et II, que nous avions qualifiées d’ailleurs de doliprane, l’extension de la prime d’activité aux moins de 25 ans, les différents emplois aidés ou encore la loi El-Khomri ont été incapables de lutter efficacité contre le chômage, mais aussi la précarité de la jeunesse française. Et pour cause : plutôt que de créer les conditions nécessaires à une croissance durablement plus forte et à de vraies créations d’emplois, les gouvernements du Président Hollande ont préféré mettre en place différents placebos, évidemment inefficaces.

A l’évidence, nous sommes toujours très loin des réformes structurelles et de la thérapie de choc dont a besoin l’économie française pour retrouver sa vigueur d’antan perdue dans les années 1980. A l’époque le taux de chômage était inférieur à 3 % et celui des moins de vingt-cinq ans presque inexistant. Aujourd’hui, en dépit de toutes les aides, des fameux « emplois d’avenir » et de tous les traitements statistiques possibles, le premier est proche de 10 % et le second de 25 %. Des niveaux qui se rapprochent respectivement des 50 % et 60 % dans les ZUS (les zones urbaines sensibles).

Laisser croire que tout va s’arranger en continuant la même politique tient donc de la gageure, ou plutôt de la mascarade. En effet, au-delà du problème majeur et non résolu de son financement, ces mesures de soutiens artificiels oublient simplement l’essentiel : les jeunes n’ont pas besoin de fausses aides, qui participent d’ailleurs à aggraver leur précarité. Ils veulent plutôt de vrais emplois, bien rémunérés, eux-mêmes liés à une croissance économique structurellement plus forte et à un marché du travail modernisé et plus fluide.

Pour y parvenir, il faut tout d’abord réduire la pression fiscale pour tous, condition sine qua non pour redresser durablement la croissance française. Ensuite, il est déterminant de diminuer le coût du travail, qui figure parmi les plus élevés du monde développé. Pour ce faire, il est donc urgent de réduire d’au moins 15 % les charges qui pèsent sur les salaires ce qui permettra d’augmenter d’autant les salaires nets. Cela pourra passer par le transfert d’une partie des charges qui pèsent sur les salaires vers la TVA mais sans augmenter le taux de cette dernière, ce qu’il faudra donc financé par une baisse des dépenses publiques de fonctionnement. Parallèlement, il serait bon de créer une meilleure correspondance entre le travail effectué et la rémunération, tout en augmentant la part variable du salaire. Au total, les salariés et notamment les jeunes verront leurs salaires nets progresser significativement, si bien que le Smic ne servira plus à grand-chose et pourra même être supprimé.

Dans le même temps, pour accroître la teneur de la croissance en emplois il est indispensable de moderniser et de fluidifier le marché du travail français. Mais attention, cette révolution ne doit pas rester au stade du marketing comme cela s’observe depuis trente ans. Non, si l’on veut vraiment que les créations d’emploi accélèrent et que le chômage baisse durablement et significativement, il faut au moins engager les dix mesures suivantes : 1. simplifier drastiquement le code du travail ; 2. réduire les contraintes à l’embauche et au licenciement ; 3. limiter la période d’indemnisation du chômage à un an ; 4. choisir son type d’assurance chômage et les cotisations qui pèsent sur le salaire en conséquence ; 5. créer un contrat de travail unique ; 6. améliorer les correspondances entre les formations scolaires et universitaires et les besoins des entreprises ; 7. développer les formations tout au long de la vie professionnelle ; 8. supprimer le caractère obligatoire des 35 heures ; 9. libérer les heures et les jours d’ouverture des magasins, y compris le dimanche (tous les dimanches et partout), avec évidemment des compensations salariales ; 10. donner le choix aux fonctionnaires entre « sécurité de l’emploi et moindre salaire » versus « fin de l’emploi à vie et salaire augmenté ».

Ambitieux ? Irréalistes ? Impraticables en France ? Peut-être. Mais si nous n’y arrivons pas, alors il faudra accepter un taux de chômage d’environ 10 % pendant encore des décennies, un taux de chômage des moins de vingt-cinq ans qui dépassera durablement les 25 % et condamnera trop de jeunes à la précarité et in fine à l’instabilité sociétale.

Ne nous voilons pas la face : si autant de jeunes choisissent l’extrémisme (quel qu’il soit), c’est avant tout parce qu’ils n’ont pas d’espoir. Espoir de trouver un emploi motivant, de monter dans l’échelle sociale, de bien gagner sa vie sans avoir recours à des aides. Or, sans espoir, pas de croissance, donc pas d’emploi et le cercle pernicieux continue…

Est-ce là l’héritage que notre génération veut laisser ? Surtout pas. Alors, s’il vous plaît, MM. Macron et Philippe, n’empruntez pas la voie de vos prédécesseurs, en vous contentant de colmater les brèches, d’augmenter les vrais « faux emplois » aidés et de faire du marketing.

Vous avez l’air, du moins au regard de vos déclarations, d’être conscients de la gravité de la situation, alors ayez enfin le courage d’engager la France sur le chemin des réformes structurelles et de la modernité économique. Merci pour nos enfants et toutes les générations à venir.