L’Uberté ou l’Uberné ?

Selon certains, ce serait l’un des plus grands changements de la décennie qui devrait ainsi complètement bouleverser l’économie voire la société dans son ensemble. En l’occurrence la fameuse Uberisation. À la base, cette expression, utilisée pour la première fois par Maurice Levy, le PDG de Publicis, fait référence à la start up californienne Uber qui s’est développée en proposant notamment un service de VTC (voiture de tourisme avec chauffeur), moins cher et plus flexible que le taxi traditionnel. Et ce notamment grâce à la mise en relation directe via internet des demandeurs et des offreurs de ce service. Cette mise en relation directe a été rendue possible par les nouvelles techniques numériques et en particulier la généralisation du haut débit, de l’internet mobile, des smartphones et de la géolocalisation. Elle s’est alors répandue dans de très nombreux secteurs d’activité : hôtellerie, musique, librairie, achats-ventes de tous types d’objet, rencontres, loisirs en tous genres, mais aussi banque, finance ou assurance… L’ubérisation est ainsi devenue la bannière générique de ce que l’on appelle l’économie collaborative ou participative. Mais peu importe la sémantique, car, au-delà des mutations technologiques qui l’ont rendu possible, l’une des principales origines de l’ubérisation réside dans le niveau trop élevé de la pression fiscale et des contraintes réglementaires. Ainsi, elle constitue un moyen de contourner ces obstacles qui sont autant de freins au dynamisme économique. En d’autres termes, l’Ubérisation revient à créer une sorte de « paradis fiscal miniature ». Dans ce cadre, si le niveau de fiscalité qui pèse sur les entreprises et les ménages était abaissé, il est clair qu’un moindre engouement serait observé pour ce type « d’économie grise ». Il faut le reconnaître, ces services et ces emplois ne sont pas complètement considérés comme « parallèles », ce qui signifierait du « travail au noir », mais échappent tout de même en grande partie à l’impôt, d’où l’appellation de « travail gris ». Ils suscitent donc beaucoup de difficultés : réduction des recettes fiscales pour les Etats, piètre sécurisation des services offerts aux clients, impossibilité de porter plainte en cas de non-respect du contrat, sans parler des arnaques en tous genres, également facilitées par la numérisation. Par exemple, il faut savoir qu’aujourd’hui à Paris, un grand nombre de « chauffeurs ubérisés » ne connaissent absolument pas la capitale. Pire, pour s’orienter ils se contentent de suivre un logiciel de navigation, avec, en option, le trajet le plus long… Attention donc aux vraies fausses bonnes affaires…