France : le rejet de la classe politique.

La parole politique est aujourd’hui indéniablement discréditée auprès d’une grande partie de nos compatriotes. Si le « Hollande bashing » est à la mode, la perte de confiance et le malaise entre les Français et leur classe politique ne date malheureusement pas d’aujourd’hui. En effet, les mensonges, les fausses promesses, la démagogie, l’impuissance et le manque de courage de nos politiques font partie du paysage quotidien des Français depuis plusieurs décennies…

Le chômage qui vient encore de croître en janvier (+0,3%) pour atteindre 3 316 200 d’inscrits est peut-être l’exemple le plus significatif de ce malaise. Cela fait quarante ans que l’on entend notre classe politique ainsi que nos présidents successifs annoncer avec la plus grande vigueur que la lutte contre le chômage est leur priorité absolue, leur obsession. Force est de constater qu’en la matière tous les gouvernements ont échoué depuis près de quarante ans. Les chiffres sont particulièrement éloquents : le taux de chômage français qui était de 7,4 % en 1981 a atteint 9% en 1986 puis 11% en 1994. Après une petite accalmie au début des années 2000 (8,2% en 2001) due à une conjoncture internationale propice, nous sommes remontés à 10,2% en 2012 pour atteindre à nouveau 11% aujourd’hui. Cet échec cuisant qui transcende les clivages politiques alimente pour une très large partie de nos concitoyens un fort sentiment de rejet de « l’homo politicus ».

Si la hausse du chômage est l’expression la plus dramatique de l’échec de nos hommes politiques depuis plus de trente ans, les dérives sont malheureusement nombreuses et multiples. Ainsi, pour ne parler que des plus criantes, nous n’avons pas eu de budget en équilibre depuis 1973 et notre dette publique, qui représentait 20% du PIB national en 1980, devrait atteindre les 100% cette année avec une croissance atone depuis plus de dix ans… Ce déclin de notre économie s’accompagne d’une aggravation des inégalités sociales, d’une hausse de la pauvreté et d’une insécurité grandissante comme le montrent l’explosion des cambriolages et l’augmentation des crimes et délits contre les personnes.

Alors que la maison France brûle et qu’il y a urgence, force est de constater que nos hommes politiques et nos dirigeants ne sont pas à la hauteur des enjeux. Depuis Georges Pompidou et avant lui le Général de Gaulle, la France souffre d’un déficit de plus, celui d’hommes d’Etat dignes de ce nom… Aujourd’hui, nous nageons dans une médiocrité affligeante. La droite n’en finit pas de se déchirer sur fond de guerre des chefs. Alors que la France va mal, l’opposition et notamment l’UMP qui devrait plus que jamais être force de proposition, ne joue pas son rôle. La gauche quant à elle est divisée face à un François Hollande à géométrie variable et dont la récente main tendue vers les entreprises pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses concrètes… En d’autres termes, au discrédit de la parole politique s’ajoutent l’incertitude et le manque de perspectives pour le futur. Ce bien triste tableau alimente bien sûr la montée en puissance du Front National qui se pose en recours face à l’échec des politiques mises en œuvre depuis quatre décennies par la droite et la gauche. Surfant sur les peurs (l’euro, l’insécurité, le chômage, l’immigration) et la colère qui monte, le FN jouit aujourd’hui des habits neufs d’un parti qui n’a jamais été au pouvoir.

Les responsables de cette situation sont connus, ils s’appellent Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et aujourd’hui François Hollande. A chaque Français d’apprécier la responsabilité des uns et des autres dans la situation actuelle de notre société et de notre économie…

 

 

La phrase de la semaine :

«Nous devons ouvrir une bataille politique pour faire baisser l’euro.» d’Arnaud Montebourg.

 

rôme Boué