Vous n’avez certainement pas pu passer à côté de l’information de la semaine dernière. Pour son dixième anniversaire en effet, Facebook s’est offert un nouvel ami, en l’occurrence l’application WhatsApp pour un montant astronomique de 19 milliards de dollars.
Mais avant même de discuter du prix de l’opération, il convient d’en expliquer la stratégie. Il s’agit tout d’abord d’un coup de communication magistral. Comprenez-bien en effet que le véritable et unique concurrent de Facebook se nomme Google ; quand l’un gère nos relations avec autrui, l’autre gère notre quotidien. Dans ce contexte de guerre d’influence, Facebook vient de mettre une claque médiatique à son principal concurrent.
Il s’agit également d’une stratégie commerciale. Les revenus de Facebook sont en effet principalement générés par les recettes publicitaires, à l’inverse de WhatsApp (système d’abonnement de seulement un dollar par an). Jan Koum et Brian Acton déclaraient d’ailleurs que la publicité est « une perturbation d’ordre esthétique, une insulte à votre intelligence et une interruption du cours de vos pensées ». Mais pour reprendre une célèbre formule d’Oscar Wilde, « appuyez-vous sur vos principes, ils finiront bien par céder ». Pour 19 milliards de dollars en effet, il y a fort à parier que le modèle WhatsApp devrait petit à petit disparaitre au profit de celui de Facebook.
Vient alors la question du prix. Rendez-vous compte, 19 milliards de dollars pour une PME d’une cinquantaine de salariés dont le chiffre d’affaires atteint au mieux 20 millions de dollars. C’est évidemment énorme. Pour le même prix, Facebook aurait pu s’offrir Carrefour ou bien ArcelorMittal, des sociétés phares du CAC 40.
En fait, une telle somme peut s’expliquer par l’engouement actuel des marchés pour les valeurs dites « 2.0 ». Le cas Twitter illustre parfaitement ce phénomène : la société qui a fait une entrée triomphante en bourse le 6 novembre dernier est actuellement valorisée 25 milliards de dollars alors même qu’elle n’a jamais dégagé ne serait-ce qu’un dollar de bénéfice. Pire, en 2013 Twitter a même affiché une perte de 645 millions de dollars.
Vous l’aurez donc compris, il y a actuellement une bulle spéculative (ça y est le terme est lancé) autour des réseaux sociaux et autres dérivés. La bulle Hashtag. Hashtag ? Oui vous savez ce signe dièse qui permet de centraliser des messages autour d’un thème.
Hélas, à l’instar des précédentes, la bulle Hashtag finira à son tour par exploser. Mais alors si l’histoire est connue d’avance, pourquoi participer à faire gonfler cette bulle ? Réponse ; parce que c’est paradoxalement rationnel… autant que trois tableaux de Rembrandt ont pu s’échanger contre un bulbe de tulipe au XVIIIème siècle.
Anthony Benhamou
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