Manuel Valls : le début de la fin ?

Manuel Valls traverse indéniablement une mauvaise passe, comme l’indique le dernier baromètre TNS- Sofres le Figaro Magazine avec une perte de 7 points de sa cote d’avenir qui tombe à 40%. Récemment invité de l’émission politique phare de France 2 « des Paroles et des Actes», le ministre « star » du gouvernement Ayrault fut loin d’être convaincant. Manque de relief, discours convenu, postures prévisibles et étudiées. On le vit notamment lors des traditionnelles questions sur ses possibles ambitions pour Matignon qu’il esquiva tout le long de l’émission en avançant son « obsession pour la sécurité des Français. » Valls cherche pourtant par tous les moyens à exister et il s’imagine un destin national. Un exemple parmi d’autres, la tournée anti-FN qu’il a effectuée aux quatre coins de la France qui est certes louable sur le fond mais qui dépasse l’action d’un ministre en charge de la sécurité des Français.

Le premier flic de France fut d’ailleurs grandement malmené par Florian Philippot, le vice-président du FN qui le mit face à ses contradictions et pointa son manque de résultats. Car l’essentiel est bien là, est-ce que la politique et les actions menées par le locataire de la place Beauvau vont dans le bon sens ? Pour l’heure les sujets qui préoccupent le plus les Français, à savoir les crimes et délits contre les personnes et les cambriolages, sont en hausse… Manuel Valls a beau tenter de faire comme Hollande le coup de l’héritage catastrophique de son prédécesseur, les Français sont de plus en plus impatients et attendent des résultats.

Le ministre de l’Intérieur n’a pas non plus été convaincant sur la question de la sécurité du président de la République lorsqu’il fut pris en photo par un paparazzi. Sujet épineux s’il en est car manifestement le niveau de protection du premier personnage de l’Etat était très loin d’être suffisant. En effet, comme pour François Mitterrand en 1994 (piégé par le même paparazzi à la sortie du restaurant Le Divellec avec sa fille), un fusil à lunette aurait pu remplacer le téléobjectif… Valls, visiblement affecté par ce sujet mettant en avant l’amateurisme des services de protection au plus haut niveau de l’Etat, ne démontra rien mais se contenta une fois de plus d’affirmer avec fermeté sans convaincre…

En dépit de la pression qui était très forte tout le long de l’émission, le ministre s’employa à garder son calme et à montrer une parfaite maîtrise de lui-même en tentant notamment d’éviter toute polémique. Un exercice périlleux qu’il a certainement dû travailler avec ces communicants car l’homme a un caractère extrêmement bouillonnant et colérique. Cela n’est pas sans rappeler la posture minutieusement travaillée par Nicolas Sarkozy lors de son débat d’entre deux tours avec Ségolène Royal en 2007. Celui qui à l’époque était attendu comme  « l’agresseur » fut mielleux, réussissant le tour de force d’inverser les rôles. Valls qui apparemment avait bien lu son « petit Sarkozy illustré » usa et abusa des formules de politesse et du « pardon », évitant ainsi tout choc frontal susceptible d’entamer son important capital sympathie.

D’ailleurs, bien qu’il s’en défende, que ce soit consciemment ou inconsciemment, Valls s’inspire beaucoup de Nicolas Sarkozy : comme lui à l’époque, il occupe le terrain médiatique, se comporte en Premier ministre bis, ne parle pas énarque tout en étant ferme et clivant et … comme lui, il est extrêmement ambitieux. Cependant, le ministre de l’Intérieur devrait analyser le passé pour en tirer des enseignements utiles : plus on a de succès, plus les attentes sont élevées et plus la chute sera proportionnellement forte en cas d’échec et de manque de résultats…

 

La phrase de la semaine :

«Les Français ont un président qui les aime, qui les comprend, qui les écoute.» de Pierre Moscovici.

                                                                                                                                            rôme Boué