Dans mon dernier livre « RESET – Quel nouveau monde pour demain ? » (qui est d’ailleurs toujours en tête des ventes des essais économiques, merci encore pour votre fidélité), je défends notamment que la pandémie de Covid-19 sera bien sûr douloureuse pour toutes et tous, mais qu’elle se traduira par une réinitialisation (le « fameux Reset ») de l’économie et des marchés financiers à travers le monde.
Mais attention, je souligne également qu’il y a deux types de Reset. Le premier, celui que l’on souhaite toutes et tous, se traduirait par un redémarrage positif selon lequel le monde d’après la pandémie serait meilleur que le précédent, dans la mesure où il viendrait corriger en partie les erreurs du passé, par exemple la suprématie sans limite et sans contrôle de la Chine, l’exubérance irrationnelle des marchés ou encore l’explosion de la dette publique stérile de certains pays, c’est-à-dire sans effet bénéfique durable sur la croissance et l’emploi.
A l’opposé, il existe un second type de Reset, celui que l’on pourrait appeler le « Bad Reset », c’est-à-dire une remise à zéro qui susciterait un nouveau monde pire que l’ancien.
Et, malheureusement, au regard des récentes évolutions économiques, financières et géopolitiques, c’est celui-ci qui est en train de l’emporter.
En effet, bien loin de « sanctionner » la Chine et de lui imposer des normes sanitaires, sociales et démocratiques, rien n’a été fait. Si bien qu’en dépit de son origine indubitable dans cette pandémie mondiale et malgré les mensonges qu’elle a diffusés depuis maintenant plus d’un an, la Chine est encore plus puissante qu’avant le Coronavirus de Wuhan.
Sur l’ensemble de l’année 2020, elle sera ainsi l’un des très rares pays de la planète (pour ne pas dire le seul) à dégager une variation positive de son PIB réel (c’est-à-dire hors inflation). Celle-ci sera d’environ 2 %, contre par exemple – 8 % pour la zone euro, – 10 % pour la France, et – 4,1 % pour l’ensemble de l’économie mondiale.
En novembre 2020, l’Empire du milieu a même réalisé un excédent commercial record de 75,42 milliards de dollars sur un mois. Et ce, principalement grâce à la flambée de ses exportations, qui ont affiché un glissement annuel de 21,1 %. Autrement dit, le monde n’a tiré aucune leçon de la tragédie pandémique : non seulement, il n’a pas réduit ses achats de produits chinois en imposant un certain nombre de normes à ces derniers, mais, bien plus grave, il les a augmentés.
Conséquence logique de ces évolutions, les réserves de changes chinoises sont reparties en nette hausse, atteignant un niveau de 3 178 milliards de dollars en novembre, soit 90 milliards de dollars de plus qu’en janvier 2020.
Compte tenu de ce matelas de sécurité, mais également du bond des indicateurs avancés de l’activité au cours des derniers moins, la Chine est d’ores et déjà quasiment assurée de réaliser une croissance économique d’environ 9 % en 2021.
Bien loin de ces performances, les économies occidentales sont restées surendettées et incapables de retrouver le chemin de la croissance forte et durable. Et ce, en particulier dans la zone euro et en France, où la récession demeure parmi les plus graves du globe. Quant à 2021, même si un rebond technique est très probable, il restera limité et insuffisant pour permettre à nos PIB de retrouver leur niveau d’avant crise. D’autant qu’ils retomberont très vite dans la croissance molle.
Or, le retour d’une croissance durablement forte reste la condition sine qua non pour sortir de la crise de la dette, qui, même si le monde l’a oublié, n’est toujours pas terminée et finira forcément par revenir, avec pertes et fracas.
Parallèlement, largement portées par la pandémie, les tentations du repli sur soi, de la démondialisation ou encore de la décroissance sont également en train de devenir des dogmes incontournables. Si elle se poursuit, une telle régression finira forcément par réduire dramatiquement nos libertés, tout en suscitant une flambée du chômage et de la pauvreté à travers le monde, sauf en Chine…
Parallèlement, sorties d’ores et déjà renforcées par la pandémie, les entreprises du numérique, et en particulier les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft), sont bien devenues encore plus puissantes et ont développé davantage leur pouvoir monopolistique et donc particulièrement dangereux.
En outre, après tant d’années de bulles et d’exagérations, les marchés financiers ont profité des « planches à billets » excessives des banques centrales pour retomber dans les mêmes travers que par le passé.
En conclusion, il faut se rendre à l’évidence : le monde est bien tombé dans un « Bad Reset » et est en train de devenir pire qu’avant, tant d’un point de vue économique que financier ou encore géopolitique.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres, il est donc indispensable que les dirigeants économiques, politiques et monétaires de la planète, mais aussi l’ensemble des citoyens du monde se ressaisissent et ne tombent plus dans ces pièges si tentants. Au contraire, ils doivent au plus vite tirer les leçons de leurs erreurs passées pour ne pas les rééditer.
A l’approche des fêtes de fin d’année, qui sont habituellement symboles de lumière et de joie, gardons néanmoins l’espoir que l’économie, les marchés financiers et nos sociétés au sens large pourront bientôt s’engager dans un « Reset » positif et redémarrer sur des fondements meilleurs. L’espoir fait vivre…
Marc Touati