La nature de l’être humain est ainsi faite que tant qu’il ne se retrouve pas devant le fait accompli, il ne parvient pas à admettre la réalité des menaces environnantes.
Ainsi, depuis quelques années, nous n’avons cessé d’alerter sur le danger de l’explosion des bulles financières, mais aussi sur la nécessité d’arrêter d’augmenter les « planches à billets » et la dette publique, de manière à se constituer une marge de manœuvre en cas de coup dur… Et malheureusement, les banques centrales et les gouvernements ont tellement abusé de ces drogues dures qu’ils se trouvent désormais « bien dépourvus lorsque la bise fut venue »…
De même, nous n’avons eu de cesse d’appeler à la prudence sur les placements financiers en rappelant une règle de bon sens : mieux vaut ne pas gagner beaucoup que perdre énormément. Ceux qui ont subi l’effondrement des marchés boursiers en février-mars ont dû le comprendre de façon criante.
Enfin, nous avons également souligner à plusieurs reprises qu’il était opportun de ne pas laisser des montants trop élevés sur ses comptes à vue, de manière à éviter une mauvaise surprise en cas de crise. Et ce, tout simplement pour se prémunir contre les recommandations formulées par le FMI au lendemain de la crise de 2008-2009. Des recommandations qui ont d’ailleurs été mises en pratique lors de la crise chypriote de 2013. A l’époque, en dépit de la réglementation bancaire qui interdisait la taxation unilatérale des dépôts à vue, le gouvernement chypriote, sous le haut patronage de l’Union européenne et du FMI, a tout simplement spolié une grande partie des dépôts bancaires au-delà de 100 000 euros. Comme cela concernait principalement de nombreux comptes off-shore et souvent mafieux, l’opinion publique ne s’en est pas émue outre-mesure, mais la boîte de Pandore a bien été ouverte.
Au 1er janvier 2016, la directive européenne relative au « redressement des banques et à la résolution de leurs défaillances » (BRRD) a enfoncé définitivement le clou. Celle-ci a d’ailleurs été transposée en France par ordonnance en toute discrétion et est entrée en vigueur le 1er janvier 2016. Ainsi, depuis cette date, les comptes des clients dotés de plus de 100 000 euros de dépôts pourront être prélevés pour contribuer au sauvetage de leur banque, en cas de besoin.
Il n’y a donc aucune équivoque : si la pandémie n’est pas rapidement circonscrite et si une grave crise économique et financière se produit, dans la mesure où les autorités monétaires et budgétaires du monde occidental, notamment en Europe et en particulier en Italie, en Espagne et en France, n’ont plus de marge de manœuvre pour relancer la machine, la recommandation du FMI sera mise à exécution.
Soyez néanmoins rassurés, nous n’en sommes pas encore là et tel n’est pas notre scénario à court terme. Aujourd’hui, le plus urgent est effectivement d’éteindre l’incendie planétaire qu’a suscité la pandémie au plus vite pour éviter un chaos mondial. Mais ne rêvons pas, une fois que nous sortirons de cette crise, espérons-le le plus tôt possible, il faudra payer la facture, et il serait vain de croire que celle-ci sera indolore. Oui et malheureusement, des entreprises, des ménages et des Etats feront faillites. Le risque d’un « write off » mondial, c’est-à-dire d’une annulation de certaines dettes, est élevé, ce qui signifie que les détenteurs de ces dernières seront lésés.
Dans ce cadre, une question s’impose : et nos économies dans tout ça ? Il est clair que, compte tenu de la tempête et des incertitudes environnantes, le plus sûr est de ne rien faire et de rester liquides. De même, il serait dangereux de rester trop exposé aux obligations d’Etat. Dans la mesure où les taux longs vont augmenter, des moins-values notables devraient être enregistrées. Il faut donc s’alléger en la matière. Pour autant, il ne faut pas oublier que les crises sont aussi des phases d’opportunités. En d’autres termes, compte tenu de la dégringolade boursière massive, de nombreuses actions sont devenues particulièrement peu onéreuses. Attendons néanmoins d’y voir un peu plus clair pour en acheter. Quant à l’or et aux métaux précieux, leurs cours ont déjà bien augmenté. Il faut donc en conserver, mais pas trop.
Autre question importante : Comment se protéger contre une faillite bancaire et a fortiori d’un Etat ? Une fois encore, il faut rappeler des règles de bon sens. Tout d’abord, faites très attention aux arnaques ! Malheureusement, de plus en plus de soi-disant conseillers mais aussi de sites internet « spécialisés » utilisent la « peur de la crise » pour vendre des produits d’épargne fallacieux ou tout simplement pour voler l’argent des épargnants. Donc, tout ce qui est cryptomonnaies, notamment bitcoin, mais aussi courtier en ligne non-homologués par l’Autorité des Marchés financiers ou encore les produits complexes, abstenez-vous !
Autre point déterminant, en cas d’enlisement de la crise, certaines petites banques pourraient faire faillite. Et là, attention : rappelons qu’en France et en Europe, les dépôts bancaires ne sont garantis qu’à hauteur de 100 000 euros par personne et par banque. Cela signifie que si vous avez plus de 100 000 euros sur un compte à vue, vous perdrez tout ce qui est au-dessus en cas de faillite de cette dernière.
Vous avez donc intérêt à choisir une bonne banque et à ouvrir plusieurs comptes dans différentes banques. Comme le dit la sagesse populaire : il ne faut pas mettre ses œufs dans le même panier.
Enfin, pour se protéger contre le risque de ponction de l’Etat sur ses comptes bancaires, sachez que ce dernier ne pourra pas puiser dans certains types de comptes et notamment les livrets A et les contrats d’assurance-vie ! C’est donc clair et sans équivoque : le livret A et l’assurance-vie restent de bons placements de père de famille. Ca rapporte peu, mais vous ne risquez pas grand-chose, y compris en période de crise.
En conclusion : ne soyez pas catastrophistes, ne paniquez pas ! Si vous faites preuve de bon sens et de prudence, vous pouvez vous protéger facilement contre la prochaine et inévitable crise financière.
Marc Touati