Conjoncture et chômage : des statistiques alarmantes…

Même si une forte chute des indicateurs avancés était attendue pour le mois de mars, celle qui a finalement été publiée est encore plus impressionnante que prévu.

En effet, l’indice Markit PMI des directeurs d’achat pour l’ensemble des secteurs d’activité dans la zone euro s’est effondré à un plus bas historique de 31,4 en mars, contre 51,6 en février.

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EconomicWorld300320

Zone euro : la récession s’annonce très sévère.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

La corrélation entre cet indicateur avancé de l’activité et le glissement annuel du PIB de la zone euro montre que ce dernier pourrait rapidement tomber vers les – 5 %.

Les services plongent davantage que l’industrie.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

Et si jusqu’à présent, l’activité économique était en partie sauvée par les services c’est au contraire ces derniers qui, désormais, plombent l’activité encore plus que l’industrie. Une situation qui s’observe d’ailleurs dans la totalité des pays d’Europe et du monde. En Allemagne, l’indice Markit PMI a ainsi chuté à un plus bas historique de 34,5, tandis que son homologue dans l’industrie a certes reculé, mais sans s’effondrer, atteignant un niveau de 45,7.

L’Allemagne plonge aussi vers la récession.

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Sources : Destatis, Markit, ACDEFI

Cette moindre baisse a également été observée pour les indices de l’enquête IFO de mars, qui ont bien sûr chuté mais sans atteindre les planchers du début 2009.

L’indice IFO chute aussi massivement.

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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI

Malheureusement, avec le durcissement du confinement à travers le monde, il est clair que l’industrie ne tardera pas à suivre le marasme des services. Et ce dans tous les pays. C’est d’ailleurs ce qu’indique le plongeon de l’indice IFO des perspectives d’activité, qui montre que le glissement annuel du PIB allemand pourrait rapidement tomber vers les – 7 %.

L’effondrement de l’indice IFO des perspectives d’activité indique que le glissement annuel du PIB allemand pourrait chuter à – 7 %.

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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI

En France, l’heure est aussi à la chute contenue de l’activité dans l’industrie et à l’effondrement historique dans les services. Les indices Markit PMI de mars atteignent ainsi respectivement 42,9 et 29,0.

La récession française sera aussi dramatique.

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Sources : INSEE, Markit, ACDEFI

Le moindre effondrement dans l’industrie permet également à l’indice INSEE du climat des affaires de limiter les dégâts, en régressant à 94,7, un plus bas depuis « seulement » mars 2015.

L’indice INSEE du climat des affaires chute sans s’effondrer, pour l’instant…

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Sources : INSEE, ACDEFI

Entrés un peu plus tard dans la psychose et dans l’ère du confinement, les Etats-Unis souffrent pour le moment un peu moins que les autres pays déjà touchés massivement par la pandémie.

Les indices Markit des directeurs d’achat ont ainsi limité la casse, en ne tombant qu’à 49,2 dans l’industrie et 39,1 dans les services. Malheureusement, les évènements des derniers jours montrent que l’effondrement de l’activité sera aussi au rendez-vous outre-Atlantique.

Les Etats-Unis aussi tomberont dans une forte récession.

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Sources : BEA, Markit, ACDEFI

D’ores et déjà, le nombre des inscriptions hebdomadaires au chômage est passé en une seule semaine de 281 000 à 3,283 millions, un sommet historique.

A titre de comparaison, le pic de la crise de 2009 était de 669 000.

Vers un taux de chômage américain de 35 % d’ici avril 2020 ?

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Sources : BLS, Department of Labor, ACDEFI

La corrélation entre cet indicateur hebdomadaire et le taux de chômage mensuel indique que si, rien ne change, ce dernier pourrait passer de 3,5 % actuellement à plus de 35 % d’ici les prochains mois.

A l’évidence, ça fait froid dans le dos…

Et pour ceux qui pensent que ça n’arrive qu’aux autres, il faut malheureusement être réalistes : même si le marché du travail est moins flexible en Europe qu’aux Etats-Unis, il est clair que, si le confinement s’éternise, le chômage va aussi augmenter très fortement dans l’ensemble des pays européens, et notamment en France.

Il faut d’ailleurs savoir qu’un mois de confinement engendre une baisse annuelle du PIB français de 3 points. Si le confinement dure 2 mois, il enlèvera 6 points à la croissance française.

Et même si un rebond correctif s’opère par la suite, il ne sera que très progressif. Dans le meilleur des cas, le PIB français devrait ainsi reculer de 4 % en 2020, ce qui se traduira par un taux de chômage d’au moins 15 %.

Il est donc plus qu’urgent de stopper la pandémie et de sortir du confinement, sinon l’économie française et plus globalement celle de la planète prendront des années à se relever.

Marc Touati