L’humeur de la semaine

La fin détend…

La fin détend…

Comme nous l’évoquions il y a deux semaines dans cette même rubrique, il est de plus en plus difficile de garder espoir quant à l’évolution de la croissance mondiale et des marchés boursiers internationaux. Au fil des jours, les bataillons de « bearish » se garnissent et les résistants à ce pessimisme généralisé se font de plus en plus rares. Néanmoins, quitte à rester, comme en 2002-2003, parmi les derniers résistants au pessimisme noir, nous préférons plutôt regarder plus loin, c’est-à-dire vers le second semestre 2008 et a fortiori la fin d’année. Car, à partir de mai-juin prochains, l’économie américaine commencera à bénéficier du policy mix accommodant et par là même à rebondir. Dès lors, les investisseurs se ressaisiront et reprendront le sens des réalités et des responsabilités, en délaissant les stratégies court-termistes et la spéculation sur les marchés de matières premières pour retrouver leur rôle, à savoir le financement de l’économie. De quoi relancer l’économie américaine et les marchés dès l’été prochain, mouvement qui s’amplifiera en fin d’année. C’est pourquoi, plutôt que d’annoncer un scénario catastrophe évidemment possible mais loin d’être certain, nous anticipons que la fin 2008 nous permettra de retrouver l’espoir et par là même de nous détendre. Nous pourrons alors dire que la fin des temps aura donc bien été évitée en 2008 et qualifier plutôt cette année par trois autres mots : la fin détend…

Un euro à 1,5 dollar pour une croissance à 1,5 % !

Un euro à 1,5 dollar pour une croissance à 1,5 % !

C’est fait ! Après quelques semaines de repli et de répit, les marchés ont finalement réussi à atteindre un de leurs objectifs tant attendus depuis des mois, en l’occurrence le franchissement de la barre des 1,50 dollar : il faut donc désormais « débourser » 1,52 dollar pour se procurer un euro. Une fois de plus, les stratégies chartistes, spéculatives et court-termistes ont pris le dessus sur les fondamentaux économiques. En effet, peu importe que le niveau économique justifié de l’euro soit de 1,05 dollar selon la parité des pouvoirs d’achat. Peu importe que celui obtenu par le calcul du Natrex (Natural Exchange Rate, c’est-à-dire le niveau d’équilibre au regard des différences de soldes des comptes courants, d’épargne et de croissance entre les Etats-Unis et la zone euro) soit compris entre 1,15 et 1,20 dollar. Peu importe également que, sur les trente dernières années, le niveau moyen de l’euro/dollar soit de 1,13. Peu importe enfin que cet euro excessivement cher et, réciproquement, ce dollar de combat accentuent le ralentissement eurolandais et permettent à l’économie américaine de redémarrer encore plus fort. Et ce, sachant que cette dernière dispose déjà des soutiens majeurs du fort assouplissement monétaire de la Fed et d’une relance fiscale de plus de 160 milliards de dollars, alors que l’Euroland ne peut compter que sur les exportations allemandes pour éviter un écroulement massif. Non, tout ça n’est rien à côté de la volonté des marchés, ou plutôt de leur manque de discernement économique…

Economie et Marchés : Non, tout n’est pas si noir !

Noir c’est noir ! Qu’ils soient Français, Américains, Européens, la plupart des investisseurs, gérants, économistes, analystes et autres acteurs des marchés apparaissent unanimes : 2008 sera une année de récession, de crise bancaire, de déprime boursière, voire pour certains de dépression au moins aussi forte qu’après le krach de 1929. Bref, à les entendre, il n’y a qu’une chose à faire : prendre neuf mois de vacances et revenir en 2009 quant tout ira mieux… Ce qui est particulièrement intéressant réside dans le fait qu’il y a un peu plus d’un an, ce même consensus annonçait que tout allait bien et que nous étions proches de la surchauffe : la croissance devait rester forte, les banques étaient solidement ancrées sur le chemin des forts profits et les prix immobiliers n’avaient aucune raison de baisser… Ce qui était donc encensé hier se retrouve brûlé aujourd’hui. Pis, tout est prétexte à pessimisme et les bonnes nouvelles, certes très relatives dans le sombre contexte actuel, sont occultées. Bien entendu, il serait absurde de se voiler la face et de pas prendre la mesure des dangers qui menacent la planète économique mondiale. De là à imaginer que le système capitaliste va s’écrouler et que nous sommes à la veille d’une profonde dépression, il y a néanmoins un grand pas, que nous refusons de faire. Non par volonté d’optimisme obstiné, mais simplement par souci de réalisme et pour ne pas tomber dans le panurgisme habituel qui fait, il est vrai, le charme des marchés…

Croissance et emploi en France : Chut ! Tout va bien…

Croissance et emploi en France : Chut ! Tout va bien…

Sans surprise et très loin des prévisions consensuelles et gouvernementales d’il y a encore quelques mois, la croissance du PIB français n’a pas dépassé ni même atteint les 2 % en 2007. Certes, avec une croissance de 0,3 % au quatrième trimestre et de 1,9 % sur l’ensemble de l’année, les apparences sont sauvées. Néanmoins, à la lecture du détail des comptes nationaux du quatrième trimestre, il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser. Ainsi, après avoir atteint péniblement 1,9 % en 2007, la croissance française devrait encore reculer en 2008. A cet égard, notons d’ailleurs que l’acquis de croissance pour 2008 au sortir de l’année 2007 n’est que de 0,7 %. Dans ce cadre, compte tenu des signaux clairs de nouveau ralentissement des dépenses des ménages, mais aussi du creusement durable du déficit extérieur, nous anticipons que la croissance française atteindra au mieux 1,6 % en 2008. Ce qui devrait se traduire par un déficit public d’environ 3 % du PIB. Au moment où la France prendra la Présidence de l’Union européenne à partir de juillet prochain avouons que cela fait un peu désordre. Et ce, d’autant qu’en 2008 en 2008, tant le PIB que l’emploi ne croîtront pas plus de 1,6 %. Mais chut ! Tout doit aller mieux, donc tout va bien…

La France en triple déficit…

L’atteinte d’un déficit extérieur record de plus de 39 milliards d’euros en 2007 reste une claque majeure pour l’économie française. Et ce, d’autant qu’il y a encore quelques mois, les dirigeants politiques hexagonaux annonçaient que le creusement du déficit commercial devrait progressivement se réduire… Imputer ce creusement au seul déficit énergétique serait évidemment pratique, mais serait surtout fallacieux. Et pour cause : entre 2006 et 2007, le déficit énergétique français a été… réduit de 1,3 milliard d’euros ! Il s’agit donc d’une vraie contre-performance qu’il faut évidemment comparer à l’excédent commercial record enregistré par l’Allemagne en 2007, à près de 200 milliards d’euros ! Mais ce grand écart entre déficit français et excédent allemand n’est pas seulement l’apanage du commerce extérieur. On le retrouve également sur le front des comptes publics, puisque l’Allemagne a dégagé un excédent public de 70 millions d’euros, contre, de ce côté du Rhin, un déficit d’environ 47 milliards d’euros, soit 2,5 % du PIB français. Pour 2008, compte tenu du ralentissement économique généralisé, l’Allemagne devrait certes renouer avec un déficit, mais d’environ 1,5 % du PIB, contre 3 % dans l’Hexagone, donc très loin des promesses annoncées. Ce n’est donc pas de déficits jumeaux dont la France pâtit mais d’un triple déficit : un déficit commercial, un déficit public et surtout un déficit de crédibilité…

Boucs émissaires…

Boucs émissaires…

Une grande banque française perd 50 milliards d’euros ? C’est la faute à un jeune trader isolé ! La croissance française poursuit sa dégringolade ? C’est la faute à la crise des subprime ! A l’évidence, les boucs émissaires sont à la mode en ce moment dans l’Hexagone. Et ça marche ! Ou presque. En effet, comment peut-on imaginer qu’une banque internationale qui a notamment basé sa réputation sur son excellence en matière d’activité de marchés et de maîtrise des risques sur les produits dérivés puisse se laisser abuser par un trader de 31 ans peu expérimenté qui aurait pris seul et sans l’aval de sa hiérarchie une position de 50 milliards d’euros ? Et ce, selon un stratagème qui aurait déjoué les multiples contrôles internes et externes de la banque, sans parler du compensateur ou encore des collègues dudit trader, pendant plusieurs mois ? Passé un certain âge, il faudrait peut-être arrêter de croire aux contes de fées. Nos dirigeants politiques sont d’ailleurs en train de s’en rendre compte. En effet, c’est désormais une évidence : en 2008, la croissance française sera comprise entre 1 et 1,6 %. Alors que faut-il faire ? REAGIR !

Krach, boom, hy…stérie…

Krach, boom, hy…stérie…

-6,8 % lundi, +2,1 % mardi, -4,3 % mercredi, + 6 % jeudi… A l’instar de l’ensemble des indices boursiers internationaux, le Cac 40 a vraiment connu une semaine folle. Et ce, d’autant qu’au cours des deux semaines précédentes, il avait déjà enregistré une extrême volatilité, baissant de 6,5 %. Depuis le début de l’année 2007, l’indice phare de la place de Paris essuie ainsi un plongeon de 12,5 %. Une question simple s’impose alors : pourquoi ? La réponse généralement répandue et admise par le plus grand nombre est presque toute aussi simple : la crise du subprime commence à contaminer l’économie américaine qui va plonger dans une grave récession et entraîner l’ensemble de la planète avec elle. Dès lors, les profits des entreprises vont s’écrouler, d’où une forte et nécessaire dépréciation de la valeur des actions. Pourtant, même s’il est évidemment difficile de lutter contre le vent et au risque de prêter le flanc à la critique, il nous paraît primordial de rappeler que le mini-krach qui a dernièrement secoué les marchés boursiers internationaux est peut-être justifié sur la base du chartisme, du mimétisme ou de ce que Keynes appelait les animal spirits, mais certainement pas au regard des fondamentaux économiques mondiaux, qui sont loin d’être si négatifs que certains l’annoncent ou voudraient qu’ils soient.

La récession au coin de la rue ?

La récession au coin de la rue ?

En plus des résultats trimestriels calamiteux de la plupart des banques occidentales, les investisseurs n’ont désormais plus qu’un mot en tête : récession. Au-delà du mot, l’enjeu véritable n’est pas de savoir si les Etats-Unis entreront ou non en récession mais de savoir si, le cas échéant, cette dernière sera limitée tant en ampleur qu’en durée. Plus que de se disputer sur la sémantique, c’est bien à cette question que les économistes et intervenants des marchés doivent tenter de répondre. Selon nous, tel ne sera pas le cas pour toute une série de raisons que nous explicitons ci-après, et ce, notamment grâce au soutien de la politique économique (budgétaire et monétaire). Ainsi, après un trou d’air fin 2007 et début 2008, l’économie américaine devrait non seulement éviter la récession, mais surtout redémarrer nettement à partir de l’été prochain, ce qui se traduira par une croissance proche de 2,7 % sur l’ensemble de cette année. Non, l’écroulement des Etats-Unis n’est ni pour aujourd’hui, ni pour demain…

2008, l’année de tous les dangers ?

2008, l’année de tous les dangers ?

Comme chaque début d’année, les analystes, prévisionnistes et autres « devins » se livrent à l’exercice difficile d’établir des prévisions pour l’année qui commence. Dans cet exercice, il y a les pessimistes invétérés, les optimistes idéalistes, ceux qui veulent simplement se faire remarquer en annonçant les scénarii les plus extrêmes possibles et puis ceux, dont nous essayons de faire partie depuis des années, qui tentent de réaliser des prévisions les plus justes possibles. Avec évidemment des satisfactions et des déceptions. En fait, seules trois règles doivent primer en matière de prévision : l’indépendance, la précision de l’engagement et la fiabilité de l’argumentaire. Pourtant, aujourd’hui et bien loin de toutes ces règles, les prévisions généralement diffusées annoncent que 2008 sera une année de récession, de nouvelle hausse des cours du baril, d’hyper-inflation et de dégringolade boursière. Tel n’est pas notre scénario. En effet, si cette nouvelle année commence dans l’obscurité (sauf pour l’Asie dite « émergente », qui continuera de jouir d’un dynamisme certes amoindri mais très appréciable), la lumière devrait progressivement percer, puis s’imposer, d’abord outre-Atlantique et sur les marchés financiers, puis dans la zone euro. A l’inverse de son cycle naturel, le soleil devrait donc se lever à l’Ouest, c’est-à-dire aux Etats-Unis, pour finir (enfin !) par traverser l’Atlantique, avec, comme d’habitude, retard et moindre intensité. On n’a que ce qu’on mérite…

Sarkozy rit, les Français pleurent…

Sarkozy rit, les Français pleurent…

Les dirigeants français, à commencer par le premier d’entre eux, ont beau arborer un large sourire et annoncer que la croissance est sur la bonne voie, les Français n’y croient absolument pas. Pis, ils sont de plus en plus inquiets quant à leur avenir. Ainsi, après avoir déjà chuté de cinq points en novembre et de quinze points depuis juin dernier, l’indice de confiance des ménages calculé par l’INSEE en a encore perdu un en décembre. Avec un niveau de -29, il se rapproche encore un peu plus de son plancher de – 33 atteint en novembre 2005 lorsque la croissance du PIB « culminait » à 1,5 %. Autrement dit, ni la fin des grèves, ni les fêtes de fin d’année, ni même le nouveau bonheur affiché du Président n’ont permis aux Français de retrouver le sourire. C’est certainement là l’un des grands dangers qui menacent la société française pour 2008. Car, jusqu’à présent, les ménages étaient prêts à avaler un maximum de couleuvres, dans la mesure où, en contrepartie d’une pression fiscale forte, ils avaient le sentiment d’être financièrement protégés. Aujourd’hui, la donne a changé, dans la mesure où les Français ont vraiment pris conscience de l’appauvrissement qu’ils sont en train de subir depuis trois ans. D’ailleurs, au-delà du sentiment de défiance et de crainte dont font preuve les ménages, ils ont déjà commencé à joindre l’acte à la pensée. Ainsi, après avoir déjà baissé de 1,4 % de septembre à novembre et même si un rebond est probable pour les fêtes de décembre et les soldes de janvier, la consommation des ménages risque de connaître une année 2008 très difficile.