L’humeur de la semaine

Tristes anniversaires…

Tristes anniversaires…

Depuis un siècle (et même bien au-delà), le mois de septembre n’a cessé d’être marqué par des catastrophes. Malheureusement ou heureusement, l’être humain dispose de cette force ou de cette faiblesse qu’on appelle l’oubli, surtout lorsqu’il n’a pas vécu l’événement dont il faut se souvenir (les philosophes expliquent même que, sans l’oubli, la vie serait impossible). C’est peut-être pourquoi, le mois de septembre nous fait régulièrement des piqures de rappel. Ainsi, comment oublier, du moins pour notre génération, le 11 septembre 2001, qui a définitivement changé la face géopolitique du monde ? Encore plus proche de nous, et même s’il sera évidemment moins dramatique en termes de vies humaines, un autre événement a changé la face économico-financière de la planète. C’était il y a tout juste un an, en l’occurrence la faillite sèche et sauvage de Lehman Brothers le 15 septembre 2008. Qu’en est-il à présent ? Si la dépression tant annoncée n’a pas eu lieu, quel est le “nouveau” monde qui s’ouvre à nous à quelques jours du G20 de Pittsburgh qui aura lieu les 24 et 25 septembre ? Espérons donc que, pour une fois, le mois de septembre ne sera pas synonyme de catastrophe…

Une grippe AAA…

Une grippe AAA…

Tout juste deux ans après l’éclatement de la crise des subprimes début août 2007 et alors que la planète économico-financier se prépare à « célébrer » le premier anniversaire de la faillite de Lehman Brothers, c’est vraisemblablement au tour de la grippe A de semer le trouble. Pis, selon certains Cassandres qui ont décidemment la dent dure, celle-ci pourrait casser l’actuelle reprise économico-boursière qui reste d’ailleurs très fragile. Autrement dit, ce que les « cupides » marchés financiers et les « méchants » traders n’ont pas réussi à faire, de simples microbes vont y parvenir. Ouf ! Les Bearish vont pouvoir se refaire une santé, à moins qu’ils n’attrapent la grippe… Blague à part et aussi étonnant que cela puisse paraître, ces trois fléaux sont réunis par un point commun, à savoir la désinformation. En fait, à l’instar du bug de l’an 2000, des couacs informatiques liés à l’introduction de l’euro, de la maladie de la vache folle, du SRAS de 2003, ou encore du krach de 1929 version 2009, la grippe A devrait finalement nous faire plus de peur que de mal. Sinon, nous ne serons peut-être plus là pour en parler, alors, comme nous l’écrivions début 2009 lorsque la crise laissait imaginer le pire : Carpe Diem.

Nous partîmes cinq cents…

Nous partîmes cinq cents…

Nous partîmes cinq cents; mais par un prompt renfort Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port… Qui mieux que ces quelques mots de Pierre Corneille dans le Cid (Acte IV, Scène 3) pourraient résumer l’évolution récente des marchés et des discours des observateurs économico-financiers. En effet, il y a encore quelques mois, pour ne pas dire quelques semaines, la quasi-totalité de ces derniers était formelle : la crise de 2007-2008 n’était qu’un hors-d’œuvre avant une grande dépression au moins aussi grave que celle des années 30. Ainsi, lorsque le Cac 40 atteignait 2500 points le 9 mars dernier, la prévision consensuelle faisait état de l’imminence d’un Cac à 1 500. Parallèlement, le FMI n’hésitait pas à faire de la surenchère et à revoir constamment en baisse ses prévisions de croissance pour 2009 et 2010. A l’époque, il fallait donc littéralement se battre pour annoncer que le pire était évitable et que, grâce à une relance monétaire et budgétaire historique, la reprise était possible tant d’un point de vue boursier qu’économique. Aujourd’hui, la donne a bien changé à tel point que les journaux font leur une sur la reprise et que les analystes les plus pessimistes d’il y a si peu de temps affirment qu’ils étaient parmi les rares à annoncer un rebond pour l’été. Pour autant si la reprise pointe le bout de son nez, il faut rester prudent…

Bonus : Attention à la désinformation !

Bonus : Attention à la désinformation !

Est-ce la chaleur électrique de l’été, est-ce le manque de catastrophes ou encore la nécessité de créer l’événement ex nihilo ou peut-être tout à la fois ? Toujours est-il que la presse française a de nouveau décidé de tirer sur les banques et en particulier sur leurs traders. Il faut dire que, depuis quelques mois, les marchés vont mieux, l’économie mondiale montre des signes tangibles d’amélioration, déjouant les scénarii consensuels d’écroulement planétaire tant avancés en particulier dans les médias français. Autrement dit, tout allait trop bien, il fallait bien que cela cesse. C’est ainsi qu’au détour de la publication des résultats de la première banque française, BNP Paribas, un nouveau scandale va être monté de toute pièce : 1 milliard d’euros a été provisionné pour payer les bonus des traders… Evidemment, prise brute, l’information a de quoi choquer, mais attention ne tombons pas dans le piège de la désinformation… Un exemple : le jeudi 6 août, le journal « Libération » fait sa une avec une photo d’opérateurs de notre salle de marchés avec pour légende « Traders de la société Global Equities ». Le même jour, le Figaro publie deux photos avec les mêmes personnes et la même légende. Et ce évidemment sans prévenir ou demander une autorisation. Mais le plus beau n’est pas là, car, comme nos lecteurs le savent, chez Global Equities, il n’y a pas de traders…

Cachez ce rebond que je ne saurais voir…

Cachez ce rebond que je ne saurais voir…

Il y a quasiment un an (le 8 août 2008 pour être précis), nous écrivions dans ces mêmes colonnes, une chronique intitulée « Cachez cette récession que je ne saurais voir… ». A l’époque, nous soulignions le refus de la grande majorité des dirigeants politiques et monétaires européens (en particulier en France) de reconnaître l’avènement d’une récession dans la zone euro, notamment en France, depuis le printemps 2008. A les entendre, le mot « récession » n’avait pas de sens et il était donc tout à fait justifié d’augmenter le taux refi de la BCE, de maintenir l’euro à 1,60 dollar et de ne pas engager de soutien fiscal à l’activité. La suite des publications statistiques a pourtant montré qu’avant même la faillite de Lehman Brothers, le PIB a baissé au deuxième et au troisième trimestre, tant dans la zone euro qu’en France. La panique financière de l’automne n’a évidemment rien arrangé, engageant le monde dans une spirale de pessimisme et de défaitisme massif. Cette spirale dévastatrice a tellement bien fonctionné qu’aujourd’hui nous vivons la réciproque de la situation de l’été 2008 dans la mesure où quasiment personne ne veut croire au rebond tant boursier qu’économique qui se dessine depuis le printemps dernier. Et pour cause : dans la mesure où 95 % des intervenants financiers, des prévisionnistes et autres observateurs de la chose économique n’ont pas anticipé ce rebond, ils ne veulent non seulement pas y croire, mais, au surplus, persistent à annoncer que la rechute forte et durable est inévitable. Essayons donc de voir plus clair dans ce monde si incertain…

La « green economy » : mode, bulle ou révolution ?

La « green economy » : mode, bulle ou révolution ?

Depuis quelques années à travers le monde et surtout depuis quelques semaines dans l’Hexagone, l’économie verte fait un véritable tabac. Mais, au-delà de ce succès marketing, il ne faudrait cependant pas tomber dans le piège de la mode et du mimétisme qui consisterait à penser qu’en dehors du « vert » point de salut, en particulier parce que derrière cette « noble cause » peuvent se cacher des sous-entendus très pernicieux voire dangereux, à commencer par la théorie de la décroissance. Ainsi, la « green economy » constitue à la fois une chance pour l’avenir économique de la planète mais aussi un danger dont il est pour le moment difficile de parler, tant les esprits restent enchantés par la vision d’un monde vert. En fait, la médaille de la « green economy » aura bien deux faces : l’une restrictive et contre-productive de l’éco-taxe et l’autre innovante, donc créatrice de richesses et d’emplois, de l’investissement efficace en R&D. Espérons que, pour une fois, les Français et les Européens sauront choisir la bonne…

Un grand emprunt pour un grand danger…

Un grand emprunt pour un grand danger…

Après Pinay en 1952, Giscard en 1973, Mauroy en 1983 et Balladur en 1993, la France va donc vraisemblablement se lancer dans un grand emprunt Sarkozy. Il faut dire que plus de quinze sans grand emprunt, cela commençait à faire beaucoup… Bien entendu, cette idée est politiquement astucieuse. En effet, cela pourrait permettre de faire adhérer les Français à l’effort de relance du gouvernement, dans la mesure où cet emprunt permettrait de financer quelques grands projets d’avenir pour la France identifiés de façon consensuelle. Autrement dit, en les mettant à contribution et si l’emprunt est un succès, Nicolas Sarkozy disposera d’un nouveau blanc seing des Français, particulièrement opportun à quelques mois des régionales de 2010 et à deux ans et demi de la prochaine présidentielle. En revanche, d’un point de vue économique, l’efficacité de cette mesure pourrait s’avérer particulièrement faible, voire contre-productive. Explications…

Quels sont les nouveaux risques ?

Quels sont les nouveaux risques ?

Après plus de trois mois de fort rebond des marchés boursiers, il fallait bien que cela se calme un peu. Histoire de prendre ses bénéfices et de se préparer pour un nouveau rallye de fin d’année. D’ici là cependant, les marchés et plus globalement l’économie mondiale vont devoir, une fois de plus, affronter toute une série de risques qui empêcheront toute euphorie durable, sans pour autant inverser le rebond esquissé depuis mars dernier. A l’instar des péchés capitaux, ces risques sont, selon nous, au nombre de sept. Que les Cassandres et les Bearish soient donc rassurés, ils ont encore pas mal de grains à moudre, surtout s’ils sont européens. En revanche, ne l’oublions pas, à force de subir des crises à tout bout de champ, les acteurs économiques et financiers européens sont devenus aguerris. La preuve frappante de cette adaptation réside notamment dans la résistance des entreprises françaises face à la crise. Et pour cause : cela fait trente ans qu’elles doivent affronter au quotidien toute une série de rigidités fiscales et réglementaires, de contrariétés et de freins en tous genres, sans parler d’une croissance toujours plus molle. Même si nous ne sommes pas des adeptes de Nietzsche, ce dernier synthétisait parfaitement ce comportement en rappelant que « tout ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort ». Alors n’ayons pas peur des risques, sachons simplement les identifier pour mieux les affronter.

Et la croissance structurelle dans tout ça ?

Et la croissance structurelle dans tout ça ?

Depuis neuf mois, on ne parle que de crise, de récession, de relance keynésienne ou encore, depuis quelques semaines, de reprise technique. Toutes ces préoccupations sont évidemment parfaitement justifiées. Néanmoins, en se concentrant sur le présent, c’est-à-dire sur le conjoncturel, elles font l’impasse sur l’essentiel, à savoir l’état structurel de nos économies. En effet, compte tenu du choc négatif d’envergure qu’elle représente, la crise de ces derniers trimestres aura forcément des conséquences concrètes et très souvent négatives sur la croissance structurelle des différents pays et zones de la planète. Même si la crise n’est pas encore complètement terminée, il paraît donc opportun de faire le point sur ce thème et d’établir une estimation des nouvelles croissances structurelles. Selon nos estimations, l’impact négatif de cette crise sur la croissance structurelle sera de l’ordre de 0,5 point. Cela signifie donc que celle des Etats-Unis a retrouvé son niveau des années 90, à 2,5 %, mais aussi que celle de la zone euro n’est plus que de 1,3 %. En d’autres termes, notre base de départ est bien plus basse qu’aux Etats-Unis et qu’il y a quinze ans. Le plus problématique réside dans le fait que pour engager un cercle vertueux de fortes créations d’emplois, une croissance d’au moins 2 % est nécessaire et que cette dernière doit atteindre 3 % pour éviter l’explosion de la bulle de la dette publique à partir de 2012-2015 (liée notamment au non financement de la retraite par répartition dans la plupart des pays de la zone euro). Au-delà de la sortie de l’actuelle crise, le vrai enjeu qui attend les dirigeants européens se situe donc dans la gestion de l’après-crise, car si ces derniers ne trouvent pas les ressorts et le courage pour relancer la croissance structurelle, l’avenir de l’économie eurolandaise ne sera pas un W, ni en U, ni même un L, mais un J inversé.

Mensonges, manipulations et autres arnaques.

Mensonges, manipulations et autres arnaques.

Un petit mensonge vaut mieux qu’une grosse catastrophe. Qui n’a jamais pensé ou mis en pratique ce vieil adage ? Pas grand monde. Pourtant, si une telle pratique sied plutôt bien à la réalité du quotidien et peut même parfois devenir indispensable pour la bonne tenue des relations humaines, elle peut au contraire devenir dramatique lorsqu’elle s’applique à la sphère économico-financière. Et en particulier lorsque cette dernière est dominée par le court-termisme et devient ainsi la proie de toutes les incertitudes et rumeurs en tout genre. Ainsi, sans remonter à l’aveuglement de la bulle Internet qui permettait de valoriser des entreprises en bourse non pas en fonction de leurs bénéfices, mais de leur chiffre d’affaires, voire de leurs pertes, la crise dans laquelle nous évoluons depuis plus de deux ans s’est accompagnée d’une déferlante impressionnante de contre-vérités. Si nous ne croyons absolument pas à la théorie trop pratique (car « déresponsabilisante » et donc dangereuse) du complot, il faut néanmoins reconnaître qu’une grande partie des évolutions financières de ces dernières années a été basée sur du vent. Pour autant, ces mensonges, manipulations et autres arnaques ne font que renforcer le rôle de l’économiste qui, bien loin de suivre bêtement le consensus, doit au contraire, tout faire pour déceler et dénoncer au grand jour ces contre-vérités. Il est d’ailleurs instructif de noter que tous les faux-semblants de ces dernières années et ceux qui prévalent encore aujourd’hui demeurent largement décelables. A condition de bien vouloir ôter les lunettes déformantes du consensus et de la pensée unique. Espérons donc qu’un jour, les marchés sauront prendre du recul et ne plus se faire avoir par des rumeurs évidemment fausses mais très coûteuses. Pour ce faire, il faudra simplement retrouver un horizon temporel de moyen terme et sortir du court-termisme ambiant, car, comme le soulignait l’écrivain roumain Alexandru Vlahuta : « La vérité attend. Seul le mensonge est pressé ».