L’humeur de la semaine

2012.

2012.

Hollywood serait-il plus fort que Kyoto ou encore Copenhague ? En effet, alors que les soi-disant spécialistes du climat ne cessent d’annoncer que la terre est sur le point d’exploser à cause de la pollution au dioxyde de carbone, il aura suffi d’un film hollywoodien à grand spectacle pour relancer et surtout crédibiliser une crainte ancestrale selon laquelle la fin du monde serait proche. L’argumentation de cette thèse est simple : le calendrier maya se termine le 21 décembre 2012. Il ne nous resterait donc plus très longtemps pour profiter de notre chère planète bleue… Si nous ne sommes ni devins, ni mayas et encore moins défaitistes pour donner quelques crédits à cette thèse de fin du monde dans tout juste trois ans, il faut néanmoins reconnaître que 2012 se présente comme une année de grands dangers pour la stabilité économique et politique de la planète. Tout d’abord, 2012 sera une année d’élection présidentielle dans trois grandes nations, en l’occurrence les Etats-Unis, la Russie et la France. Au risque de décevoir notre orgueil national, c’est principalement dans les deux premiers pays que les risques d’impacts géopolitiques mondiaux sont les plus importants. Mais soyons rassurés, la France pourra aussi jouer un rôle déterminant dans la stabilité politico-économique de la planète. Au-delà du fait qu’elle dispose également de l’arme nucléaire, la France va surtout s’illustrer dans les prochaines années par l’explosion de sa dette publique. Cette stratégie de fuite en avant fera évidemment tâche d’huile en Europe et pourra même déboucher sur une explosion de la zone euro en 2012. Enfin, pour ne rien arranger, l’année 2012 devrait aussi coïncider avec la confirmation de la puissance économique dominante de la Chine. Cette dernière pourra alors ouvrir les frontières de ses marchés financiers et imposer le yuan comme un concurrent sérieux du dollar. Pour peu que les Chinois en profitent pour annexer Taïwan, que les Russes en fassent de même avec l’Ukraine et que les Américains et Européens, dans un dernier baroud d’honneur, lancent des représailles militaires, alors la fin du monde promise par les Mayas aura peut-être bien lieu, si ce n’est en 2012 au plus tard en 2013… A l’évidence, si l’on veut se faire peur, il n’est pas nécessaire d’aller dans les salles obscures, la scène économico-politique internationale suffit largement pour nous donner des sueurs froides…

Croissance française : pas de quoi être fier !

Croissance française : pas de quoi être fier !

Après la bonne surprise du deuxième trimestre et le net rebond de la production industrielle au troisième, l’économie française paraissait capable de retrouver le chemin de la croissance forte dès le troisième trimestre. Il n’en est rien. En effet, même si le PIB a continué de progresser, son augmentation a été limitée à 0,3 %, maintenant le glissement annuel du PIB dans le rouge à – 2,4 %. Il n’y a donc pas de quoi être fier. Surtout lorsque l’on sait que le PIB allemand a augmenté de 0,7 % sur la même période, après une hausse de 0,4 % au deuxième trimestre. Mais au-delà du chiffre global du PIB, la véritable déception des comptes nationaux du troisième trimestre réside dans ses éléments constitutifs. Ainsi, une fois n’est pas coutume, c’est le commerce extérieur qui a sauvé la croissance française. En effet, grâce notamment au rebond allemand, nos exportations ont augmenté de 2,4 %, alors que nos importations n’ont progressé que de 0,4 %. Cela recèle donc deux enseignements. D’une part, le commerce extérieur a contribué pour 0,4 point à la croissance du troisième trimestre. D’autre part et surtout, la demande intérieure a reculé de 0,1 % au troisième trimestre. En d’autres termes, après un trimestre de pause, la récession est déjà de retour sur le front de la demande nationale. C’est dire la fragilité qui continue de marquer l’économie française. Et même si la stagnation de l’emploi au troisième trimestre peut constituer un lot de consolation temporaire, il est clair que la croissance française restera lente et faible. Dans le meilleur des cas, elle atteindra 1,3 % l’an prochain. Ce qui se traduira par un taux de chômage stabilisé autour des 10 % et un déficit également stabilisé dans les abysses. Bref, 2010 ne sera pas une année de récession, mais restera une année de contrition.

Les banques centrales prises à leur propre piège ?

Les banques centrales prises à leur propre piège ?

C’est un dilemme cornélien qui se présente désormais aux banques centrales de la planète et en particulier dans le monde dit développé. En effet, il y a environ un an, au plus fort de la crise financière, elles ont non seulement injecté massivement des liquidités à l’échelle mondiale mais elles ont aussi fortement réduit leurs taux directeurs. Elles n’avaient alors pas le choix. Car, sans ces actions concertées de grande ampleur, le système financier international aurait certainement craqué et l’économie de la planète avec. Elles ont donc tiré les leçons des erreurs du krach de 1929 ou encore de la crise japonaise du début des années 90, au cours desquels les autorités monétaires n’ont pas pris conscience de l’ampleur des dégâts et n’ont pas réagi en conséquence. Autrement dit, il est possible de dire qu’en 2008-2009, les banques centrales ont fait leur « boulot ». Et ce, même si l’on peut néanmoins regretter qu’une fois encore, la Banque Centrale Européenne, n’a pas été jusqu’au bout, notamment en refusant de baisser son taux refi entre 0,25 % et 0,5 %, ce qui a pourtant été pratiqué par toutes les banques centrales occidentales. Vouloir se distinguer des autres c’est bien, éviter d’étouffer la reprise eurolandaise dans l’œuf c’est mieux… Toujours est-il qu’après avoir augmenté son taux refi en juillet 2008, c’est-à-dire en pleine récession de la zone euro, la BCE a quand même réussi à se faire violence et à engager un mouvement d’assouplissement monétaire historique. D’où une question essentielle qui vaut d’ailleurs pour l’ensemble des banques centrales de la planète : jusqu’à quand ? Car, après avoir « sauvé » la sphère économico-financière, les banques centrales vont devoir désormais se lancer dans un fine tuning (réglage fin) à haut risque. Et pour cause : si elles remontent trop rapidement et trop fortement leurs taux directeurs, elles risquent d’émousser la reprise actuelle avant qu’elle n’ait pu enclencher le moteur des créations d’emplois.

Ne gâchons pas la reprise.

Ne gâchons pas la reprise.

Impensable pour le plus grand nombre il y a encore quelques mois, la reprise économique mondiale ne fait aujourd’hui plus de doute. Pourtant, au-delà des chiffres d’activité et des données d’enquêtes qui vont globalement dans le bon sens, cette reprise n’en demeure pas moins hautement fragile et surtout réversible. En effet, jusqu’à présent, le rebond était plutôt aisé, dans la mesure où il s’appuyait principalement sur un effet de rattrapage d’une dégringolade excessive car liée à un mouvement de peur généralisée. A partir du moment où la panique s’est estompée et où les acteurs économiques et financiers de la planète ont retrouvé leurs esprits, la reprise devenait alors presque mécanique. Et ce, d’autant qu’elle était largement stimulée par une relance mondiale pharaonique, que ce soit en termes de baisse des taux directeurs des banques centrales, d’injection massive de liquidités ou encore de relances budgétaires pléthoriques (5 000 milliards de dollars à l’échelle planétaire, soit près de 9 % du PIB mondial). Face à ce déploiement historique de forces anti-récession, la déflation et le scénario catastrophe type krach des années 30, pourtant presque unanimement annoncés, ont donc été évités. Mais, au-delà de ces apparences favorables, c’est maintenant que la crise devient la plus dangereuse. Car, une fois le boulet de canon évité de justesse, l’économie et les marchés financiers internationaux pourraient se considérer hors d’atteinte et promis inévitablement à des lendemains meilleurs. Dès lors, ils pourraient baisser la garde et repartir dans les vieux travers qui prévalaient encore lors du printemps-été 2008. Plus que jamais, nous devons donc faire preuve de responsabilité économique, en rejetant tout parti pris politique ou dogmatisme idéologique. Nous devons tous nous retrousser les manches pour ne pas gâcher la reprise. A ce sujet, le changement de stratégie économique de l’Allemagne constitue une véritable lueur d’espoir…

Mesdames et Messieurs les banquiers, à vous de jouer !

Mesdames et Messieurs les banquiers, à vous de jouer !

Dire qu’il y a tout juste un an, la plupart des banques de la planète et plus globalement le secteur financier international dans son ensemble étaient à l’agonie. Selon la pensée dominante de l’époque, les faillites de banques allaient se multiplier, modifiant profondément les structures mêmes du capitalisme. Un an plus tard, la situation a bien changé, non seulement parce que les banques ne sont plus au bord de la faillite, mais surtout parce qu’elles gagnent de l’argent, si bien que leurs cours de bourse ont flambé et qu’elles peuvent désormais rembourser les prêts publics. Si cette rédemption est évidemment une bonne nouvelle, elle appelle néanmoins à une évolution des banques. Car, si ces dernières se remettent à gagner leur vie sur les marchés (et c’est tant mieux, sachant que les excès des dernières années ne seront heureusement pas renouvelés, compte tenu notamment de la forte réduction du prop trading), elles doivent désormais redévelopper leur vrai métier, en l’occurrence l’irrigation de l’économie via l’octroi de crédits aux entreprises et aux ménages. En fait, personne n’a intérêt à une raréfaction du crédit bancaire, à commencer par les banques elles-mêmes. Ces dernières doivent ainsi se souvenir qu’elles augmenteront et fidéliseront leurs clients en étant présentes lorsque ceux-ci ont besoin d’elles. Les banques doivent donc adopter un comportement plus responsable et plus constructif, en abandonnant leur traditionnel « appelez-nous si vous n’avez besoin de rien »…

La fin du roi dollar ?

La fin du roi dollar ?

Régulièrement depuis une trentaine d’années, la rumeur se répand à tel point qu’elle devient une certitude : l’époque du dollar roi est révolue. A chaque fois, c’est la même rengaine : plombés par des déficits abyssaux, affaiblis par la crise économique, les Etats-Unis n’ont plus le choix et vont devoir abandonner le dollar étalon. Pourtant, à chaque fois, tel le Phénix, le billet vert renaît de ses cendres et ne laisse aucune chance à ses soi-disant concurrents potentiels. Cette chronique d’une mort annoncée qui n’a finalement pas lieu commence avec la guerre du Vietnam. Aujourd’hui, les arguments n’ont quasiment pas changé : compte tenu de leur dette publique et de leur soi-disant affaiblissement économique, les Etats-Unis vont devoir abandonner leur dollar-roi. Mais, selon nous et comme d’habitude, il n’en sera rien. Et ce, pour au moins trois raisons. Primo, il n’existe toujours pas de concurrent sérieux au dollar. Secundo, le seul concurrent potentiel du billet vert s’appelle le yuan, mais les Chinois ne sont pas encore prêts, tant économiquement que financièrement. Tertio, il est clair que les Etats-Unis ne se laisseront pas voler la vedette sans rien dire et surtout sans rien tenter. En fait, personne n’a aujourd’hui intérêt à la fin du rôle central mais aussi stabilisateur du dollar au sein du SMI. Car lorsque cela se produira, la planète connaîtra une crise bien plus grave et durable que celle que nous avons connue en 2008-2009. Alors, de grâce, chaque crise en son temps, si possible avec un intervalle d’au moins dix ans, histoire de souffler un peu…

Obama, FMI, Irlande : la roue tourne ?

Obama, FMI, Irlande : la roue tourne ?

Quel point commun peut-il bien y avoir entre Barack Obama, le Fonds Monétaire International et l’Irlande ? La réponse est simple : en moins d’une semaine, le Président américain, l’Institution financière et le pays européen ont été marqués par un revirement de situation notable, du moins en apparence. Le premier, bien que tout dernièrement requinqué par son prix Nobel de la paix, reste affecté par le revers que lui a infligé le Comité Olympique. Si bien que certains n’hésitent plus à parler de ressort cassé… Quant au FMI, après une année de catastrophisme, il vient de se ranger du côté des “partisans” du retour de la croissance pour 2010. Est-ce bien raisonnable ? Enfin, après avoir été présentée comme le faussoyeur du Traité de Lisbonne, l’Irlande est désormais portée aux nues pour son “oui” qui n’est en fait qu’un “oui” de la peur. Plus globalement, nous verrons que ces trois revirements doivent absolument être relativisés. Il est donc indispensable de ne pas se fier aux apparences, de prendre de recul et de ne surtout pas tomber dans le piège de la pensée unique…

France : la fuite en avant s’accélère.

France : la fuite en avant s’accélère.

Avant toute chose, ayons une pensée émue pour « le » François Fillon de 2007 qui vilipendait avec force le dérapage des comptes publics et qui annonçait que, compte tenu de sa dette explosive, la France était au bord de la faillite. Aujourd’hui, la donne a bien changé puisque le même homme au même poste a présenté un budget 2010 prolongeant le déficit abyssal et historique de 2009. Les chiffres sont malheureusement sans appel : le déficit public devrait atteindre 140 milliards d’euros en 2009, soit 8,5 % du PIB, puis 8,2 % en 2010, mais qui, compte soit « seulement » 116 milliards, du moins selon les dires du gouvernement. Mieux, cette stabilisation est présentée comme une grande victoire censée confirmer la volonté de la France de ne pas tomber dans le laxisme budgétaire. D’ailleurs, pour masquer la réalité, ce budget est aussi « markété » comme à la fois « en faveur de la croissance » et « vert », grâce à la fameuse taxe carbone. On croit rêver : faut-il rappeler que le budget 2009, établi il y a un an, faisait état d’un déficit prévisionnel de 52 milliards, soit presque trois fois moins que la réalité ? Comment peut-on oublier que la dette publique avoisine d’ores et déjà 80 % du PIB et qu’elle devrait largement les dépasser en 2010, alors qu’elle n’était « que » de 64 % en 2007 ? Et ce, sans intégrer le hors-bilan, c’est-à-dire le paiement des retraites des fonctionnaires, qui ferait monter la dette publique à 120 % du PIB…

La reprise… et après ?

La reprise… et après ?

Une personne ayant pris un congé sabbatique de huit mois sur une île déserte coupée du monde (par exemple, pour ne pas avoir à subir les affres de la catastrophe économique tant annoncée) n’en croirait pas ses yeux. Lors de son départ du « monde moderne » en mars dernier, la crise paraissait inextinguible. Les marchés boursiers s’enfonçaient dans une ampleur oubliée depuis le krach de 1929, les entreprises déstockaient, désinvestissaient et licenciaient massivement, le G20 s’apprêtait à se réunir pour essayer de sauver ce qu’il pouvait. Quant aux économistes et observateurs de la chose économique, ils étaient, dans leur écrasante majorité, formels : la reprise n’aurait pas lieu avant 2012. Huit mois plus tard, la surprise est donc de taille : non seulement le cataclysme n’a pas eu lieu, mais surtout la reprise est là, notamment en Chine et aux Etats-Unis et même en Europe. Seulement voilà c’est maintenant que les vrais problèmes commencent. En effet, compte tenu de l’écroulement excessif du PIB, lui même lié à un mouvement de peur panique, le rebond était presque inévitable. Il l’était d’autant plus que les efforts de relance déployés à travers le monde ont été pléthoriques. Désormais, il faut donc passer à l’étape suivante : transformer le rebond technique en une reprise durable. Le succès de façade du G20 de Pittsburgh (qui laisse croire que créer une usine à gaz pour limiter les bonus suffira pour relancer durablement la croissance) confirme d’ailleurs que le plus difficile n’a pas été de réagir pendant la crise (à la rigueur, nous n’avions pas le choix), mais va être de gérer la sortie de crise et de pérenniser la reprise…

G20 : succès de façade ou échec cuisant ?

G20 : succès de façade ou échec cuisant ?

Ah qu’elle semble loin l’harmonie du sommet du G20 de Londres du 2 avril 2009 ! A l’époque, les pays les plus puissants de la planète n’avaient pas le droit à l’échec. La crise avait atteint son paroxysme si bien que la grande majorité des prévisionnistes et des institutions officielles, et notamment le FMI, annonçaient le pire, laissant croire au monde entier qu’il était en train de s’engager dans une dépression au moins aussi forte que celle de 1929. Dans ces conditions, le G20 devait absolument afficher une réussite, même de façade, de manière à sauver le système. Aujourd’hui, le monde a déjà bien changé : la croissance est de retour et s’annonce même assez forte outre-Atlantique, la Chine n’a pas connu la moindre récession et affichent même des performances économiques insolentes, sans parler de la remontée tout aussi impressionnante des marchés boursiers. En d’autres termes, la répétition de la crise de 1929 a été évitée. Et c’est peut-être justement là le problème : la pression qui imposait un accord lors du G20 de Londres n’est plus aussi forte aujourd’hui. Pourtant, à l’instar de la liste des paradis fiscaux amputée des noms qui fâchent en avril dernier, un accord à minima sur les “bonus” semble se profiler à Pittsburgh. De quoi réconforter les Européens et leur faire oublier que le G20 reste avant tout un G2 “Etats-Unis/Chine”…