L’humeur de la semaine

France-Allemagne : les écarts se creusent.

France-Allemagne : les écarts se creusent.

Depuis la publication des premières estimations de croissance pour le deuxième trimestre des deux côtés du Rhin, le débat fait rage : et si l’Allemagne était tout simplement en train de reprendre sa place de champion économique européen, loin devant ses partenaires de la zone euro, et en particulier de la France ? Certes, au sortir du deuxième trimestre 2010, les PIB allemand et français restent tous deux inférieurs à leur niveau d’avant crise, mais dans une proportion quasiment identique : respectivement – 2,7 % et – 2,2 %. Autrement dit, si le gouvernement français a souvent défendu au cours des derniers trimestres que sa politique de soutien à l’activité a été meilleure qu’en Allemagne, ce n’est désormais plus le cas. Et c’est là que le bât blesse, car, pour parvenir au même résultat, la France a continué d’augmenter massivement ses dépenses publiques, tandis que l’Allemagne a continué de se serrer la ceinture. Ainsi, en 2009, les dépenses publiques représentaient 47,6 % du PIB outre-Rhin, contre 55,6 % dans l’Hexagone. En d’autres termes, la France a déjà utilisé toutes ses cartouches, alors que l’Allemagne a su faire preuve de parcimonie de manière à mieux profiter de la reprise. Dès lors, si la France continue de refuser la réalité en appliquant les vaines recettes d’augmentation des dépenses publiques, d’inefficacité de la pression fiscale et de rigidités réglementaires prohibitives, les écarts économiques vont encore se creuser. Avec des conséquences dramatiques tant pour la France que pour la viabilité de la zone euro…

Croissance française : attention à l’arbre qui cache la forêt.

Croissance française : attention à l’arbre qui cache la forêt.

Dans la torpeur de l’été maussade, l’augmentation de 0,6 % du PIB français au deuxième trimestre a vraisemblablement de quoi redonner le sourire. Madame Lagarde parle même d’une croissance « magnifique ». Une fois encore, elle remplit donc parfaitement son rôle d’ambassadrice de la bonne santé économique française, en vraie championne du marketing, et comme elle le fait avec le sourire, on ne peut pas l’en blâmer. Pour autant, même si nous sommes loin de sombrer dans le pessimisme invétéré (nous étions d’ailleurs parmi les rares à annoncer il y a plus d’un an la petite reprise de l’économie française et européenne pour la fin 2009 et le début 2010), il est également de notre devoir de dire la vérité et, dans le cas présent, de souligner la fragilité de la reprise française. Certes, le rebond du deuxième trimestre constitue une « bonne nouvelle ». Cependant, à l’instar du ciel parisien qui ne laisse percer le soleil que quelques minutes par jour pour finalement se laisser envahir par les nuages, les bonnes nouvelles des comptes nationaux du deuxième trimestre s’arrêtent là. Faute de grives on mange des merles…

Dette publique française : jusqu’où ?

Dette publique française : jusqu’où ?

Lorsqu’il y a environ deux-trois ans, nous évoquions la possibilité d’une dette publique équivalente à 80 % du PIB à l’horizon 2015, on nous répondait généralement : « Mais non ! Vous qui êtes habituellement plutôt optimiste, là vous sombrez dans le pessimisme ! ». Et pourtant ! Cinq ans avant l’échéance de notre prévision qui paraissait excessive il y a peu, la barre fatidique des 80 % est déjà franchie. Ainsi, au premier trimestre 2010, la dette publique française a atteint 1 535,5 milliards d’euros, soit 80,3 % du PIB. Et s’il est souvent tentant de « faire porter le chapeau » de ce dérapage aux collectivités locales et aux assurances sociales, il ne faut pas oublier que 78,5 % de cette dette publique (en l’occurrence 1 206 milliards d’euros au premier trimestre 2010) est du seul ressort de l’Etat. Espérons donc que les dirigeants du pays sauront être responsables en réduisant massivement les dépenses de fonctionnement de l’administration publique, qui ont tout de même augmenté de 87 milliards d’euros depuis 2002, soit un peu plus que quelques cigares et déplacements en avion privé… Ils devront également repenser complètement la pression fiscale et réduire les freins réglementaires, de manière à assurer une croissance durablement plus forte. Le chemin est donc connu, reste à savoir si l’électrochoc d’une dette publique à plus de 80 % du PIB sera suffisant pour inciter la France à l’emprunter.

Les marchés aiment se faire peur…

Les marchés aiment se faire peur…

Décidément, la peur reste accrochée aux marchés comme une arapède à un rocher. Certes, compte tenu de l’ampleur de la crise économico-financière de 2007-2009, cette psychose peut se comprendre. Pourtant, depuis le printemps 2009, puis le redémarrage de l’économie mondiale, non-anticipé par 90 % des économistes à travers la planète, l’espoir était revenu. L’évitement du scénario catastrophe tant annoncé et le retour en grâce de la croissance avaient alors permis aux principaux indices boursiers internationaux de gagner environ 50 % en neuf mois. Si bien que les Cassandre et autres Bearish avaient quasiment disparu de la circulation. Malheureusement, la crise grecque, puis son dérapage incontrôlé et enfin sa transformation en une « crise existentielle » de la zone euro ont relancé la vague de terreur à travers la planète. Dès lors, toute statistique inférieure aux attentes, la moindre tension géopolitique, ou encore les déclarations décalées des dirigeants internationaux (et elles sont ô combien nombreuses) sont montées en épingle et utilisées pour justifier un mouvement de baisse des marchés boursiers. La semaine écoulée constitue un exemple éloquent de cette fragilité aggravée. Révision d’une statistique sur la Chine sans aucune valeur prédictive, confiance des ménages en baisse aux Etats-Unis et craintes sur les conditions de refinancement des banques de la zone euro. Pourtant, en dépit de leur facilité à se faire peur, les marchés boursiers devraient rester sur une tendance haussière au moins jusqu’en 2012. Cependant, ils resteront fragiles et volatils, car, pour limiter leur progression, les Cassandre pourront toujours compter sur des alliés indéfectibles, en l’occurrence les « dirigeants » politiques et monétaires de la zone euro…

Une Coupe du Monde de crise.

Une Coupe du Monde de crise.

Il y a quelques semaines nous écrivions ici même une Humeur intitulée « Vivement la Coupe du Monde ». Nous étions alors en pleine crise existentielle de la zone euro (qui n’est d’ailleurs toujours pas terminée) et nous expliquions que le Mondial de football tomberait à pic pour rafraichir les idées et réduire, au moins temporairement, la pression qui sévissait sur les pays eurolandais et plus globalement sur les marchés. Malheureusement, si le Mondial a bien commencé et a bien apaisé les esprits dans un premier temps, nous étions loin d’imaginer que cette Coupe du Monde de football ne serait finalement que le reflet de la situation économique mondiale. Autrement dit, la crise est partout, même dans le foot. Ainsi, alors qu’il est généralement le théâtre d’un beau spectacle, avec de nombreux buts, des stratégies offensives et des joueurs survoltés qui « mouillent le maillot », le Mondial 2010 est pour l’instant une succession de matchs plutôt fades, avec peu de buts et peu d’enthousiasme. Bref, il est exactement à l’image de la croissance, particulièrement en Europe, c’est-à-dire molle. C’est certainement là que réside le drame de ce Mondial : alors qu’il devait nous divertir, il nous rappelle cruellement la réalité économique mondiale : une croissance forte dans le monde émergent, une résistance américaine à toute épreuve, une zone euro en déliquescence et une France qui perd. Quelle tristesse…

Retraite en France : Travailler plus pour gagner moins ?

Après vingt ans de tergiversations, d’occasions manquées et de réformes avortées, la France a enfin décidé de regarder la réalité en face en matière de financement des retraites. Du moins en apparence. Ainsi, d’ici 2020, pour avoir accès à une pension de retraite complète, il faudra cotiser 41,5 années. Dans la mesure où l’âge moyen d’entrée dans la vie active s’élèvera à 22 ans, le fameux verrou, pour ne pas dire tabou, de la retraite à 60 ans est donc bien en train de sauter. Néanmoins, pour ne pas fâcher outre-mesure, l’âge légal de départ à la retraite sera porté à 62 ans d’ici 2018 (et non 63 comme cela aurait été plus logique). même si elle n’a pas encore été votée, la réforme des retraites montre également que lorsqu’ils sont mis au pied du mur, nos dirigeants politiques savent mettre en place de véritables modifications structurelles. Car, ne nous leurrons pas, si la France a engagé cette réforme c’est surtout parce qu’elle n’avait pas le choix : un refus de changer la donne aurait immanquablement entraîné une dégradation de la note de la dette publique française. Pour autant, ne crions pas victoire trop vite. Tout d’abord, parce que la réforme n’a pas encore été entérinée. On se souvient de l’épisode fâcheux du CPE qui, bien que voté, avait ensuite été retiré par manque de soutien populaire et politique. De plus, la réforme de la retraite peut encore être amendée et vidée de sa substance, voire refusée par le Conseil Constitutionnel. Mais, au-delà de ces « tracasseries administratives » traditionnelles dans l’Hexagone, le vrai problème de la nouvelle retraite à la française réside dans le fait qu’elle repose encore sur des hypothèses très optimistes. En l’occurrence, un taux de chômage durablement compris entre 4,5 % et 7 % à partir de 2015…

Perspectives 2010-2011 : Arrêtons d’avoir peur.

Perspectives 2010-2011 : Arrêtons d’avoir peur.

C’est malheureusement une triste réalité : la peur domine le monde. En effet, lorsqu’un individu, une entreprise ou encore un pays ont peur, ils sont paralysés et n’ont même plus la force d’aller vers l’avant. Autrement dit, ils n’ont plus aucune chance de gagner. A l’inverse, celui qui suscite la peur est quasiment assuré de l’emporter. C’est là l’une des raisons principales pour lesquelles, il est souvent avancé que le pessimiste est généralement un optimiste qui serait devenu réaliste, ou encore que le Bear market a plus de chance de s’imposer que le Bull Market. Et pour cause : en instillant la peur, le pessimisme et le Bear market ont automatiquement tendance à devenir auto-réalisateurs. Pour autant, si ce cas de figure se réalise régulièrement, il est loin d’être inévitable. L’histoire économique nous en a souvent fourni la preuve. Sans remonter aux calendes grecques, les évolutions économiques et financières des dix dernières années sont particulièrement éloquentes. Et cela devrait encore se reproduire en 2010-2011…

Crise européenne : le feu, ça brûle…

Crise européenne : le feu, ça brûle…

Dans une émission des années 1980, Jacques Martin aurait certainement dit « c’est incroyable, mais vrai ! ». En effet, après déjà dix ans de mauvaise gouvernance économique, d’erreurs en tous genres et après avoir frôlé l’explosion de la zone euro il y a à peine un mois, les dirigeants politiques et monétaires eurolandais ne parviennent toujours pas à calmer le jeu et continuent d’accumuler les bourdes et les déclarations malencontreuses. Ainsi, alors que les braise de la crise de la dette publique sont encore incandescentes, le tout nouveau Secrétaire d’Etat au Budget n’a pas hésité à déclarer que “l’objectif du maintien de la note AAA est un objectif qui est tendu”. Patatras ! Bien sûr, quelques heures tard, le cabinet de celui-ci n’a pas manqué de rectifier le tir, en soulignant que par « tendu », il fallait comprendre « exigeant, qui ne se relâche pas ». Ouf ! Pourtant, le mal est fait et notre pauvre Monsieur Baroin va devoir s’expliquer jour après jour pour essayer de faire oublier sa gaffe. Seulement voilà, en voulant se rattraper, très souvent, on s’enfonce davantage et surtout on installe le débat sur la scène médiatique. Dès lors, si le sujet paraissait hors de propos il y a encore quelques jours, de plus en plus de personnes se posent une double question : la France peut-elle perdre son triple A ? Et, le cas échéant, quelles en seraient les conséquences ?

Ne confondons pas rigueur et assainissement.

Ne confondons pas rigueur et assainissement.

C’est donc le nouveau mot à la mode dans la zone euro : rigueur. Ainsi, après trente ans de laxisme et d’augmentation des dépenses publiques (à l’exception de quelques pays courageux qui ont su moderniser leur économie), les Etats de la zone euro ont enfin décidé de réduire leur déficit structurel. Cette décision est évidemment louable et surtout indispensable, dans la mesure où, dans l’ensemble de ces pays, la croissance économique générée chaque année ne suffit même pas pour payer les intérêts de la dette publique. Autrement dit, le simple remboursement de la dette requiert d’augmenter le déficit, donc la dette… et le cercle pernicieux n’en finit plus. Du moins jusqu’à ce que la note du pays soit dégradée, avec remontée des taux d’intérêt à la clé, donc aggravation de la charge d’intérêts de la dette et, enfin, généralisation de la crise grecque à la plupart des pays eurolandais. Bien que cette sombre perspective soit connue depuis des années, il aura fallu attendre que la zone euro soit au bord de l’explosion pour enfin réagir. « Mieux vaut tard que jamais ! » diront certains. Pour autant, on n’efface pas trente ans de mauvaise gouvernance économique en quelques jours. Pis, alors que les marchés et le monde entier ont les yeux rivés sur les choix stratégiques des dirigeants politiques eurolandais, ces derniers rééditent les mêmes erreurs que par le passé, en mettant de nouveau en péril la croissance économique. Car si l’assainissement des finances publiques est indispensable, il ne doit pas non plus « casser » l’activité, sous peine d’augmenter à nouveau les déficits, donc la dette… Plutôt que de se faire les chantres de l’austérité mal placée, les dirigeants français et eurolandais devraient donc engager un véritable assainissement de leurs dépenses…

Vivement la coupe du monde…

Vivement la coupe du monde…

Tremblement de terre à Haïti, crise grecque, volcan islandais, marée noire dans le Golfe du Mexique, crise de la zone euro, secousses sur les marchés financiers. Depuis le début 2010, les catastrophes se suivent et focalisent toutes les attentions. A tour de rôle, elles font la une des médias, inquiètent, effraient, puis finissent par se faire oublier, pour peu qu’un nouveau drame vienne prendre leur place sur le devant de la scène. Ainsi va la vie et il ne servirait à rien de s’en plaindre. Pourtant, si les crises passent et s’oublient, elles laissent toujours des traces plus ou moins douloureuses. Dans le cas des catastrophes naturelles, humanitaires ou écologiques, ces traces sont évidemment plus dramatiques que lors des crises économiques. Cependant, s’il est possible de mettre un point final géographique et temporel aux premières, les secondes sont beaucoup plus difficilement maîtrisables. Ainsi, il est clair qu’après onze ans d’erreurs de gouvernance économique et monétaire et quatre mois d’atermoiements qui ont mis le feu au chaudron eurolandais, le plan de sauvetage décidé le 9 mai est enfin venu éteindre l’incendie. Comme nous l’expliquions dans notre « Réaction » du 10 mai, il a effectivement permis de montrer au monde que les dirigeants eurolandais étaient convaincus de la nécessité de pérenniser la zone euro et surtout d’en faire une terre de croissance soutenue. Les deux maîtres-mot de ce plan sont donc bien « solidarité » et « efficacité ». Le problème est que, vu l’ampleur des dégâts, la confiance est très difficile à restaurer. Et ce, d’autant que les déclarations sans lendemain des dirigeants eurolandais depuis des années font pléthore…