La chronique de MoneyWeek

Attention l’Etat gère

Même si elle n’est pas encore terminée, la crise récente aura au moins permis à trois personnalités de tirer leur épingle du jeu. En l’occurrence Gordon Brown, Nicolas Sarkozy et Barak Obama. Du moins pour le moment, car l’environnement est tellement changeant que les premiers d’aujourd’hui, qui étaient les derniers d’hier, pourraient très bien le redevenir demain. Mais au-delà des hommes, qui finalement ne font que passer et saisir ou non les opportunités qui se présentent, cette crise financière a surtout remis en selle l’interventionnisme massif de l’Etat dans l’économie. Certes, pourrait-on penser, il ne s’agit là que d’une répétition de l’histoire, puisque l’invention d’un Etat interventionniste en matière d’économie s’est produite au lendemain de la crise de 1929 au travers de l’essor du keynésianisme. Pour autant, au contraire de ce que l’on pense souvent, Keynes n’était absolument pas un émule caché du marxisme ou un tenant d’un Etat surpuissant dans l’économie. Bien au contraire. Malheureusement, il semble que la France et de nombreux pays européens soient en train de tomber dans le piège de “l’Etat gère”.

A la croisée des chemins…

A la croisée des chemins…

Après deux ans de croissance faible aux Etats-Unis, deux trimestres de récession en Europe, quinze mois de crise bancaire et quarante jours de panique boursière, la planète économico-financière est désormais à la croisée des chemins. Le choix qui s’offre à nous est assez binaire : soit nous allons vivre une réédition de la crise qui a suivi le krach de 1929 en plus grave, soit nous allons redémarrer et déjouer les scénarios catastrophes consensuels. Car même si la crise que nous vivons actuellement est grave, elle n’est ni la première, ni la dernière. C’est d’ailleurs ce que Marx oubliait dans ses discours. En effet, si le capitalisme produit ses propres virus autodestructeurs, il génère en même temps ses anticorps. Ainsi, l’un des grands mérites de la crise actuelle sera le retour aux choses simples et au réalisme économique. D’où le plongeon des cours du baril et des matières premières, le recul de l’euro/dollar, la fin de la mathématisation à outrance de l’économie et la mauvaise gestion des risques. Autant d’évolutions qui vont assurément permettre aux ménages de disposer d’un pouvoir d’achat augmenté, aux entreprises de retrouver le chemin de l’investissement et aux marchés et aux banques de retrouver leur rôle premier, à savoir le financement de l’économie…

Crise financière, récession mondiale, what else ?

Crise financière, récession mondiale, what else ?

Déjà structurellement animés par le mimétisme et l’exubérance irrationnelle, les marchés sont en train de devenir masochistes. Ainsi, depuis un peu plus d’un an, ils ne pensent qu’à une seule chose : se faire mal, de plus en plus mal. Ce comportement destructeur a, il est vrai, atteint un nouveau paroxysme depuis le 15 septembre dernier et la faillite de Lehman Brothers. Et pour cause : les autorités publiques américaines ont montré à ce moment là que, elles aussi, étaient habitées par la même volonté de se flageller, car il est clair qu’en prenant le risque, non préparé, de la faillite de la quatrième banque d’affaires américaine, le gouvernement Bush signait le début d’une grave crise économico-financière et ce faisant, ouvrait un boulevard à Barak Obama pour la victoire à la présidentielle. A croire que le camp républicain souhaitait un changement de majorité à la Maison Blanche… En ce qui nous concerne, plutôt que de broyer du noir, nous préférons regarder un peu plus loin. Histoire de nous rappeler que la vie ne s’arrête pas chaque jour à la clôture de la bourse. Ainsi, si l’on ose se positionner à un horizon qui dépasse le semestre (oh ! Quelle folie !), la réalité est bien différente. En effet, la chute de 50 % des principales bourses depuis un an intègre à la fois la crise des subprimes, le baril à 150 dollars, le dollar faible, la crise bancaire, la récente faillite de douze banques américaines, sans oublier la récession. Quant aux bonnes nouvelles (et il y en a), elles sont complètement oubliées. Essayons-donc simplement de ne pas regarder dans un seul et unique sens…