Une fois encore, la Chine a déjoué tous les pronostics. Certes, bien loin des scénarii excessivement pessimistes de nombreux économistes, nous anticipions un simple « soft landing ». Mais, non, finalement, l’économie chinoise n’a même pas ralenti au cours du deuxième trimestre 2016. Son PIB a, au contraire, augmenté de 1,8 %, permettant à son glissement annuel de se stabiliser à 6,7 %. Et si la fiabilité de ces statistiques laisse évidemment à désirer, il faut reconnaître que la résistance de l’économie chinoise constitue une bonne nouvelle dans un environnement de décélération internationale. La Chine demeure ainsi la locomotive du monde émergent, mais aussi de l’économie mondiale. La contribution de la Chine à la croissance mondiale devrait encore s’établir autour de 1,2 point cette année sur un total de 2,8 %. A titre de comparaison, la contribution de l’Inde devrait avoisiner 0,5 point, celle des Etats-Unis 0,3 point et celle de la zone euro 0,2 point.
Croissance mondiale : peut mieux faire…
Après les craintes de la fin 2015-début 2016 sur l’état de la croissance mondiale et avant les effets négatifs du Brexit sur la stabilité économico-financière internationale, les statistiques économiques de juin ont permis de souffler un peu. Et ce, tout d’abord sur le front de l’économie chinoise. En effet, en dépit de la baisse de l’indice Caixin PMI des directeurs d’achat dans l’industrie chinoise en juin (à 48,6), l’indice correspond dans les services a surpris par sa vigueur. En juin, ce dernier a effectivement augmenté de 1,5 point, à un niveau très appréciable de 52,7, qui constitue d’ailleurs un plus haut depuis juillet 2015. Encore plus étonnant, les indicateurs avancés de l’économie américaine ont également nettement augmenté en juin. Malheureusement, bien loin de ces améliorations, les indicateurs avancés de la zone euro, et en particulier de la France, ont ralenti significativement. Si la baisse (certes légèrement amoindrie par rapport à leur première estimation) des indices Markit dans l’industrie et les services de juin étaient déjà connue, l’effondrement de l’indice Sentix de confiance des investisseurs pour juillet apparaît assez inquiétant. D’autant qu’une grande partie de l’enquête a été réalisée avant le Brexit. Et, comme d’habitude, au sein de cette mollesse économique, la France se distingue par son « excellence ». Et pour cause : que ce soit dans les services, dans l’industrie et dans l’ensemble des secteurs d’activité, l’économie française est la seule de la zone euro à apparaître en recul de l’activité selon les enquêtes Markit des directeurs d’achat.
Bourses : les montagnes russes encore et toujours.
Conformément à ce que nous annonçons depuis le printemps 2015, les montagnes russes n’en finissent plus sur les marchés boursiers internationaux. L’évolution du Cac 40 au cours des vingt derniers jours en est l’illustration parfaite : – 7,7 % de 8 au 14 juin (lorsque les sondages donnaient le Brexit gagnant), + 8,1 % du 15 au 23 juin (avec l’inversion des sondages en faveur du Bremain, notamment à la suite de l’assassinat de Jo Cox), – 10,8 % en deux jours dans le sillage de la victoire du Leave, puis + 7,3 % au cours des quatre jours suivants, dans l’espoir étonnant que le Brexit n’aurait finalement pas lieu et/ou que l’Union européenne n’en subirait aucune conséquence. Et enfin, – 2,6 % au cours des deux derniers jours. A l’évidence il aurait été difficile de faire plus heurté… Cette volatilité extrême confirme en fait l’état de fébrilité des investisseurs et le manque de visibilité. Il indique également que, grâce aux excès de liquidités prodigués par les banques centrales, les fortes baisses boursières appellent des rebonds techniques quasiment automatiques…
France et zone euro : ça ne va déjà plus mieux…
Avant même la catastrophe du Brexit, les indicateurs avancés de la conjoncture en France et dans la zone euro ont indiqué que la rechute avait déjà commencé. Au grand dam des dirigeants politiques hexagonaux. Sur ce point, il faut d’ailleurs reconnaître que depuis 2010, l’Exécutif français n’a pas lésiné sur le vocabulaire de la reprise. Ce fut d’abord « la crise est finie » employé par Nicolas Sarkozy de 2010 à 2012 et repris ensuite par François Hollande dès l’été 2012. Malheureusement, à cause d’une politique fiscale trop restrictive, la croissance est retombée à 0 % à la fin 2012 et au début 2013. Qu’à cela ne tienne, dès l’été 2013, c’était au tour de « la reprise est là » d’inonder les discours présidentiels. Une fois encore en vain. Mais ce n’est pas tout, puisque l’alignement des planètes de l’année 2015 a donné une nouvelle chance à la « reprise », permettant à notre Cher Président de lancer un nouveau slogan depuis quelques mois, en l’occurrence « ça va mieux ! ». Seulement voilà, quand la pluie s’installe et que le ciel bleu ne veut pas revenir, il n’y a pas grand-chose à faire… Ainsi, sans véritable surprise pour ceux qui suivent nos prévisions, les derniers indicateurs avancés de l’économie française ont confirmé que la petite reprise technique de la fin 2015 était déjà terminée. En effet, en dépit du surplus de dépenses liées à l’Euro 2016 et certainement à cause des blocages et des grèves en tous genres, les indices Markit des directeurs d’achat ont fortement chuté en juin. Ce qui augure d’une fin de deuxième trimestre et d’un second semestre 2017 très difficiles…
Royaume-Uni – Zone euro : 5 – 1.
Dire qu’en 1999, Tony Blair claironnait que la participation de son pays à l’euro n’était qu’une question d’années… « Commencez sans nous disait-il, nous vous rejoindrons très rapidement… ». Non seulement, il n’en a rien été, mais surtout le Royaume-Uni peut se targuer d’afficher des résultats économiques bien plus favorables que ceux de la zone euro et de la plupart de ses membres, notamment la France. Ainsi, du premier trimestre 2000 au premier trimestre 2016, le PIB réel a augmenté de 32,6 % au Royaume-Uni, contre 20,9 % en France et 18,3 % dans la zone euro. Les écarts de variation du PIB par habitant à prix constants depuis 1980 sont encore plus conséquents : + 93 % outre-Manche, contre + 69,4 % dans la zone euro et + 55,7 % en France. Et ce n’est malheureusement (pour nous Français et Eurolandais) pas tout…
Conjoncture française et eurolandaise : les planètes se désalignent de plus en plus…
Il avait généré tant d’espoirs en 2015 : le fameux « alignement des planètes » (baisse des cours des matières premières, dépréciation de l’euro/dollar, diminution des taux d’intérêt monétaires et obligataires, sans oublier la « planche à billets » de la BCE) n’a pourtant pas tenu ses promesses. Certes, la croissance a été appréciable dans la zone euro et en France, mais elle est restée loin de la vigueur attendue. En effet, l’ensemble des éléments exogènes de « l’alignement des planètes » aurait dû générer une croissance d’environ 3 % tant dans l’UEM que dans l’Hexagone. Or, la croissance n’y a été que de respectivement 1,6 % et 1,2 % en 2015. Quant à 2016, si le premier trimestre a été de bonne facture, les suivants s’annoncent bien plus difficiles. Et ce non seulement parce que l’effet de correction de la faiblesse passée qui a permis le rebond en 2015 ne joue plus, mais aussi parce que les planètes de désalignent de plus en plus… Augmentation des cours du pétrole et de l’ensemble des matières premières, appréciation de l’euro, déprime des marchés boursiers… Autant des éléments qui ne manqueront pas de casser le petit rebond de la croissance eurolandaise et française de ces derniers trimestres…
L’Allemagne surprend encore par son dynamisme et la France par sa magie…
Deux grosses surprises ont marqué l’actualité statistique de ces derniers jours. D’une part, la nouvelle forte baisse du chômage français en avril. D’autre part, la remontée conséquente des indicateurs Markit et IFO en Allemagne en mai. En ce qui concerne la baisse du chômage français, disons-le franchement : elle tient du miracle. C’est à croire que les sièges de Pôle Emploi et de la Dares ont été transférés à Lourdes. Si la surprise du chômage français laisse donc à désirer, celle de la remontée des indicateurs avancés allemands apparaît un peu plus solide. Au total, même s’ils s’en plaignent régulièrement, ce sont les Allemands qui semblent profiter le plus de la politique ultra-accommodante de la BCE. Et pour cause : dans la mesure où ils ont su moderniser leurs structures économiques et fluidifier leur marché du travail, ils sont les mieux armés pour profiter des cadeaux monétaires. A l’inverse, en France, ces cadeaux ne sont que des palliatifs qui permettent de masquer la réalité, tout en incitant les dirigeants du pays à refuser les réformes de fond. Dommage !
Déflation : les Etats-Unis en sortent, la zone euro s’y enfonce.
De la même façon que le taux de chômage américain reste largement inférieur à celui de la zone euro, l’évolution des prix détone entre les deux côtés de l’Atlantique. Ainsi, aux Etats-Unis, les prix ont continué d’augmenter en avril : + 0,4 % sur un mois et + 1,1 % sur un an. Hors énergie et produits alimentaires, l’inflation américaine reste supérieure à 2 %, précisément 2,1 %. Face à cette reflation logique, la Fed va donc avoir du mal à maintenir le statu quo de son taux objectif des federal funds. Et ce d’autant que le taux de chômage de plein-emploi (en l’occurrence 5 %) perdure. Bien loin de ce mouvement appréciable de remontée contenue de l’inflation, la zone euro reste enlisée dans la déflation. Ainsi, le glissement annuel des prix en avril y a été confirmé à – 0,2 %. Encore plus problématique, l’inflation sous-jacente (c’est-à-dire hors énergie et alimentaire) a nettement baissé à seulement 0,7 % en avril. De quoi confirmer que la BCE n’a pas réussi à inverser les pressions déflationnistes…
Déflation : les Etats-Unis en sortent, la zone euro s’y enfonce.
De la même façon que le taux de chômage américain reste largement inférieur à celui de la zone euro, l’évolution des prix détone entre les deux côtés de l’Atlantique. Ainsi, aux Etats-Unis, les prix ont continué d’augmenter en avril : + 0,4 % sur un mois et + 1,1 % sur un an. Hors énergie et produits alimentaires, l’inflation américaine reste supérieure à 2 %, précisément 2,1 %. Face à cette reflation logique, la Fed va donc avoir du mal à maintenir le statu quo de son taux objectif des federal funds. Et ce d’autant que le taux de chômage de plein-emploi (en l’occurrence 5 %) perdure. Bien loin de ce mouvement appréciable de remontée contenue de l’inflation, la zone euro reste enlisée dans la déflation. Ainsi, le glissement annuel des prix en avril y a été confirmé à – 0,2 %. Encore plus problématique, l’inflation sous-jacente (c’est-à-dire hors énergie et alimentaire) a nettement baissé à seulement 0,7 % en avril. De quoi confirmer que la BCE n’a pas réussi à inverser les pressions déflationnistes…
Zone euro, Allemagne, France : une croissance surprenante qui ne va pas durer.
Les comptables d’Eurostat se sont finalement trompés lors de leur première estimation du PIB eurolandais du premier trimestre 2016. Celui-ci n’a effectivement pas progressé de 0,6 % comme annoncé initialement mais de 0,5 %. Son glissement annuel est également revu en baisse de 0,1 point à 1,5 %. Après trois trimestres consécutifs à 1,6 %, le glissement annuel du PIB eurolandais enregistre donc son premier repli depuis le deuxième trimestre 2014. Pour autant, en dépit de cette révision baissière, la croissance de la zone euro du premier trimestre reste encore surprenante par sa vigueur. En effet, elle ne colle ni à l’évolution récente des indicateurs avancés, ni à celle de la production industrielle. En conséquence, la bonne performance du premier trimestre n’est pas extrapolable et devrait être corrigée au deuxième trimestre. Et cela sera valable pour la grande majorité des membres de l’UEM. A commencer par l’Allemagne et la France…