C’est désormais officiel : d’abord estimé en croissance zéro, le PIB français a finalement reculé de 0,1 % au deuxième trimestre, selon les statistiques de l’INSEE. Le plus inquiétant réside dans le fait que les deux postes clés de l’économie nationale affichent une baisse notable. En l’occurrence – 0,1 % pour la consommation des ménages et – 0,4 % pour l’investissement des entreprises. Or, sans investissement, pas d’emploi, moins de revenus et moins de consommation. La France est donc bien retombée dans un cercle pernicieux récessif. Dans ce cadre, compte tenu, qui plus est, de la récente baisse de la production industrielle et de la consommation des ménages, un nouveau recul du PIB français apparaît très probable pour le troisième trimestre. Autrement dit, celui-ci aura subi deux trimestres consécutifs de baisse, signifiant le retour de la récession dans notre « douce France ».
Trump ou Clinton ? L’économie américaine est déjà dans l’œil du cyclone.
Alors que les marchés restent obnubilés par la politique monétaire américaine, ils ont oublié que le principal danger qui les menace n’est pas le niveau des taux directeurs de la Fed, mais l’ampleur du ralentissement de l’économie américaine, qui pourrait être bien plus grave qu’escompté. D’ores et déjà, les comptes nationaux du deuxième trimestre ont indiqué que l’investissement des entreprises reculait notablement, compromettant le cercle vertueux de croissance « investissement-emploi-consommation ». C’est dans ce contexte très compliqué que les Américains vont devoir choisir un(e) nouveau(elle) Président(e). Ce qui ne va évidemment pas arranger la situation de l’économie américaine, déjà fragile. A l’exception de quelques différences, évidemment notables, les deux candidats à la Maison Blanche se retrouvent sur deux points. D’une part, leur volonté d’engager un vaste programme d’investissements en infrastructures. D’autre part, un grand flou en ce qui concerne le financement de cette relance. Le problème majeur de ces deux programmes réside donc dans le fait que les Etats-Unis n’ont absolument plus de marge de manœuvre de relance, ni monétaire, et encore moins sur le front budgétaire.
La mollesse économique se généralise.
Les dernières enquêtes des directeurs d’achat ont livré leur verdict : la faiblesse de l’activité industrielle se généralise. La récession industrielle s’impose dans 15 pays et en menace six. En août, seul un pays est sorti de la « zone rouge », en l’occurrence le Royaume-Uni, qui efface déjà le choc du Brexit. Merci la dépréciation de la livre sterling ! A l’inverse, d’autres pays replongent dans la baisse de l’activité industrielle. A commencer par les Etats-Unis. L’indice ISM a ainsi chuté de 52,9 en juillet à 49,4 en août. Au total, nous sommes donc contraints de confirmer notre prévision d’une croissance mondiale de 2,4 % pour 2016. Quant à 2017, nous anticipons que celle-ci continuera de décélérer, atteignant 2,3 % (cf. le tableau détaillée de nos prévisions ci-dessous). Ce ne sera donc pas dramatique, mais néanmoins bien loin de la moyenne depuis 1980 (en l’occurrence 3,5 %) et en fort décalage avec la flambée des marchés boursiers internationaux.
L’inquiétude revient un peu partout, sauf au Royaume-Uni, mais surtout dans la zone euro et en France.
Au lendemain du vote des Britanniques en faveur du Brexit, nous annoncions, notamment dans ces mêmes colonnes, que cette décision malheureuse serait finalement plus coûteuse dans la zone euro et en France qu’au Royaume-Uni. A l’époque, on nous riait souvent au nez, d’aucuns annonçant même que le Brexit serait une grande chance pour l’économie française et qu’il permettrait notamment de transférer la City de Londres à Paris. Que d’inepties… Ainsi, cette semaine, les indicateurs Markit des directeurs d’achat dans l’industrie du mois d’août ont confirmé notre prévision. En effet, alors que ces indices font état d’un net ralentissement dans la zone euro et même d’une récession en France, ils annoncent un fort rebond de l’activité au Royaume-Uni. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 51,7 dans la zone euro, 48,3 en France, mais 53,3 au Royaume-Uni. Qui l’eut cru ? De plus, la France se distingue par ses contre-performances en matière d’emploi, puisque son taux de chômage a augmenté de 0,2 point en juillet, repassant au-dessus de celui de la zone euro, à respectivement 10,3 %, contre 10,1 %. En fait, en juillet, on ne recense que deux pays de la zone euro dans lesquels le taux de chômage augmente : la Lituanie et la France. Après le retour probable de la récession, ce triste résultat rappelle combien le bilan de M. Macron est loin d’être formidable…
Zone euro, Allemagne, France : convergence vers le bas.
Comme cela était prévisible, les indicateurs avancés de l’activité économique dans la zone euro, en Allemagne et en France persistent et signent : la croissance a été, est et restera molle. Dans l’UEM, les niveaux ne sont certes pas catastrophiques, mais indiquent que, dans le meilleur des cas, la croissance eurolandaise restera coincée entre 1 et 1,5 % jusqu’à la fin 2016. En fait, une fois n’est pas coutume, les principales mauvaises surprises sont venues d’Allemagne. Avec notamment la dégringolade des indices IFO. Encore plus préoccupant, l’indice INSEE des perspectives personnelles de production dans l’industrie a poursuivi sa descente aux enfers, retombant même en territoire négatif, ce qui augure d’un glissement annuel du PIB proche de 0 %. Dans ce cadre, en dépit de tous les artifices comptables et autres pour faire baisser le chômage, ce dernier va malheureusement rapidement reprendre le chemin de la hausse. Toutes catégories confondues (de A à E) et pour l’ensemble du territoire français, il faut d’ailleurs savoir qu’un nouveau record historique a été atteint en août, à 6,513 millions de personnes. Ce qui se traduit par un taux de chômage effectif de 22,7 %…
Bourses et taux obligataires : les mystères de l’été…
Après un été 2015 de forte tempête boursière dans le sillage de la crise chinoise, les marchés ont retrouvé le sourire au cours de l’été 2016. Pourtant, tout avait bien mal commencé avec le vote en faveur du Brexit. Sur la seule journée du 24 juin, le Cac 40 chutait ainsi de 8 %, avant de perdre encore 3 % le 27 juin. Mais ce fut finalement plus de peur que de mal, puisque dès le 8 août, le Cac 40 a dépassé son niveau du 23 juin. Notons néanmoins qu’il ne parvient plus à retrouver ses précédents sommets et demeurent coincé dans l’intervalle « 3800-4500 » que nous avions annoncé il y a environ deux ans. Si le Cac 40 apparaît certes relativement surévalué mais néanmoins sous-contrôle, d’autres indices connaissent des évolutions beaucoup plus démentielles. A commencer par le Dow Jones. Autrement dit, en dépit des dangers économiques, financiers, terroristes et géopolitiques, ou encore de la faible efficacité de la politique monétaire des deux côtés de l’Atlantique, les marchés boursiers avancent tête baissée. Moins volatils mais tout aussi incompréhensibles, les taux d’intérêt des obligations d’Etat ont continué leur descente historique, qui s’apparente davantage à une descente aux enfers qu’à un moteur de croissance…
Croissance eurolandaise : la France et l’Italie tirent vers le bas, l’Allemagne et l’Espagne vers le haut.
Comme nous l’annoncions la semaine dernière dans nos prévisions hebdomadaires, au deuxième trimestre 2016, le PIB a bien augmenté de 0,4 % en Allemagne et de 0,3 % dans la zone euro. Dans le même temps, l’augmentation de 0,7 % du PIB espagnol et la baisse de 0,04 % du PIB français ont été confirmées, montrant une nouvelle fois que la France traîne la zone euro vers le bas, tandis que l’Allemagne et l’Espagne la tirent vers le haut. Piètre réconfort pour la France, la croissance zéro a également fait son grand retour en Italie, seulement un an et demi après l’avoir quittée. Conséquence logique, le glissement annuel du PIB transalpin passe de 1 % au premier trimestre à 0,7 % au deuxième. Même punition en Autriche, mais avec un glissement annuel de 1,3 %. En fait, à l’exception de l’Espagne, de Chypre, des Pays-Bas et de la Belgique (avec des progressions trimestrielles de respectivement 0,7 % pour les deux premiers, puis 0,6 % et 0,5 %), tous les pays de la zone euro enregistrent des variations du PIB inférieures à 0,5 %. Le seul pays subissant une baisse est la France, une « performance » dont elle se serait bien passée…
Perspectives de croissance mondiale : un peu de chaud, beaucoup de froid.
Comme chaque début de mois, les enquêtes Markit des directeurs d’achat sont attendues avec impatience, mais aussi avec inquiétude. En particulier depuis quelques mois et le retour de la récession industrielle dans de nombreux pays. Le bilan des enquêtes de juillet est particulièrement mitigé. En effet, si certains pays semblent s’éloigner du recul de l’activité industrielle, notamment les Etats-Unis, l’Inde, mais aussi la Chine, d’autres y restent englués. Citons par exemple le Brésil (avec néanmoins une moindre baisse de l’activité), la Turquie, la Malaisie ou encore la France. Parallèlement, certains pays, qui paraissaient dernièrement loin de la récession industrielle ou en rémission, plongent ou rechutent dangereusement, subissant une nette baisse de leur activité en juillet. Il s’agit principalement du Royaume-Uni, de l’Indonésie, de la République Tchèque, de la Grèce et de la Russie. Enfin, s’ils n’ont pas encore les stigmates de la récession, d’autres pays ont enregistré une forte baisse de leur indice Markit, se rapprochant dangereusement de la barre des 50. En l’occurrence, l’Irlande, la Pologne, le Mexique et Singapour…
Croissance : 0 % en France, 0,3 % dans la zone euro et aux Etats-Unis.
Que ce soit en France, dans la zone euro ou aux Etats-Unis, les premières estimations des comptes nationaux s’avèrent en ligne avec nos prévisions, mais en-deçà des prévisions consensuelles. Une fois encore, la majorité a donc eu tort, ce qui devrait insuffler un vent de déception sur les marchés pour les semaines et les mois à venir. Comme nous l’avons évoqué dans notre « humeur », le PIB français est ainsi reparti à la baisse au deuxième trimestre 2016 : – 0,04 %. Grâce à une baisse légèrement plus forte au deuxième trimestre 2015, son glissement annuel a néanmoins bénéficié d’un effet de base favorable. Il est ainsi passé d’un gros + 1,3 % à un petit + 1,4 %. Il n’y a évidemment pas de quoi pavoiser. D’autant que le détail des comptes nationaux est déplorable. Le ralentissement est aussi à l’œuvre dans la zone euro, mais dans une moindre ampleur qu’en France. En effet, après avoir augmenté de 0,6 % au premier trimestre 2016, le PIB eurolandais n’a progressé que de 0,3 % au cours du trimestre suivant. Son glissement annuel passe ainsi de 1,7 % à 1,6 %. De quoi néanmoins dépasser l’Oncle Sam puisque, conformément à nos anticipations et bien en deçà des prévisions consensuelles, le PIB américain n’a progressé que de 0,3 % au deuxième trimestre 2016 (1,2 % en rythme annualisé). Son glissement annuel n’est plus que de 1,2 %, contre 1,6 % au trimestre précédent et 2,9 % il y a un an…
France et zone euro : vers des lendemains difficiles…
Après la nette chute de l’indice Sentix de confiance des investisseurs en juillet dans la zone euro, une nouvelle baisse marquée de l’indice Zew dans cette même zone euro était attendue pour juillet. Nous étions cependant loin d’imaginer qu’il ne s’agirait pas d’une baisse mais d’une véritable dégringolade. L’indice Zew a ainsi chuté de 34,9 points sur le seul mois de juillet, atteignant un niveau de – 14,7 : un plus bas depuis août 2012, à une époque où le glissement annuel du PIB eurolandais oscillait autour de – 1 %… Dans ce contexte difficile, et pour ne pas changer, la France s’est encore illustrée par sa faiblesse économique. Et ce, en dépit de l’organisation de l’Euro2016 et du beau parcours des Bleus. Ainsi, malgré ces soutiens (certes très relatifs, comme nous l’expliquions dans ces mêmes colonnes il y a une dizaine de jours) à l’activité et au moral, l’indice Markit PMI est resté nettement sous la barre des 50 dans l’industrie (à 48,6 précisément, contre 48,3 le mois précédent), se situant toujours très loin derrière ses homologues allemands et eurolandais.Et bien entendu, ces enquêtes n’intègrent pas le dramatique attentat de Nice qui va inévitablement peser à la baisse sur un moral et une activité déjà en berne.