C’est une véritable surprise : en octobre, l’indicateur du climat des affaires en France a gagné 3 points, passant de 101 à 104, contre une moyenne de long terme de 100. Cette amélioration notable s’observe dans tous les secteurs d’activité. En d’autres termes, il y a encore une dizaine de jours, lors de la réalisation de ces enquêtes, tout paraissait au mieux dans le meilleur des mondes et la France semblait enfin s’engager sur le chemin d’une reprise appréciable et durable. Malheureusement, depuis lors, deux phénomènes sont apparus et risquent de mettre à mal ce redressement. Il s’agit, d’une part, de la forte hausse de l’euro et, d’autre part, de la dégradation du climat social…
France : la déflation rode toujours.
La déflation est toujours au porte de la France. A l’heure où certains membres de la BCE n’hésitent pas à évoquer le retour en force de l’inflation dans la zone euro, l’évolution des prix à la consommation en France en septembre 2010 a de quoi calmer leurs ardeurs. En effet, après une légère remontée technique en août (liée à la fin des soldes), ceux-ci ont reculé de 0,1 % en septembre. Leur glissement annuel reste donc particulièrement faible à 1,6 %. Pis, hors éléments volatils, les prix stagnent et leur glissement annuel se stabilise à 0,8 %. A l’évidence, nous sommes donc plus proche de la déflation que de la forte inflation…
Zéro pointé pour la production industrielle française.
Après le nouveau creusement du déficit extérieur français et avant même les grèves de cette semaine, le ciel s’obscurcit un peu plus dans la conjoncture économique française. En effet, après avoir déjà chuté de 1,6 % en juin, puis rebondi timidement de 0,8 % en juillet, la production industrielle a enregistré une croissance zéro en août. Et ce n’est malheureusement pas terminé. Plus les semaines passent, plus l’objectif gouvernemental d’une croissance à 2 % l’an prochain s’effiloche…
Le moteur de la croissance française patine.
Habituée à soutenir à bout de bras la croissance française, la consommation des ménages commence vraiment à lâcher prise. En effet, après avoir reculé de 1,5 % en juin, puis rebondi mécaniquement de 2,7 % en juillet grâce aux soldes, les dépenses en produits manufacturés ont de nouveau chuté de 1,6 % en août. En dépit d’un retour en territoire positif, leur glissement annuel reste faible à seulement +1,2 %. A l’évidence, nous sommes loin des performances usuelles de la consommation, notamment en phase de reprise, qui permettaient à la croissance française d’affronter vents et marées sans trop de difficultés. L’origine de cette décrue est malheureusement simple : l’automobile. Ainsi, après avoir été artificiellement soutenue par les primes gouvernementales, la consommation automobile s’est logiquement écroulée depuis le début 2010, et ce malgré la fin progressive des primes et les rabais importants consentis par les constructeurs…
Marchés boursiers : la “Bear Attitude” est de retour.
C’est donc le retour en force du défaitisme et de la « Bear Attitude » sur les marchés. En effet, après deux ans d’erreurs liées à un excès de pessimisme, les Cassandre ont repris du poil de la bête grâce à la crise grecque et ont désormais retrouvé des ailes grâce à la publication d’indicateurs faisant état du ralentissement de la croissance aux Etats-Unis. Dès lors, alors qu’il s’était fait oublié depuis plus d’un an, le spectre de la debt deflation est revenu hanter les esprits. Certes, il ne faut pas se voiler la face : ce scénario catastrophe est possible. Toutefois, il devrait encore être évité cette année. En effet, les craintes d’un « W » américain sont amplement exagérées. En fait, après la forte reprise de la fin 2009 et du début 2010, les Etats-Unis connaissent simplement un ralentissement logique. Il n’y a donc absolument pas de quoi paniquer…
Croissance américaine : déjà 3,2 % et ce n’est pas fini…
En enregistrant désormais quatre trimestres consécutifs de hausse, le PIB américain affiche dès le deuxième trimestre 2010 un glissement annuel de 3,2 %, un plus haut depuis le premier trimestre 2005. De plus, ce retour durable de la croissance est surtout dû au rebond de l’investissement. Ainsi, et il s’agit certainement là de la meilleure nouvelle des comptes nationaux du deuxième trimestre, l’investissement en équipements des entreprises a progressé de 21,9 % au deuxième trimestre, après avoir crû de 20,4 % au trimestre précédent et de 14,6 % au quatrième trimestre 2009. Autrement dit, le retour du cercle vertueux « investissement-emploi-consommation » ne fait plus aucun doute. Il ne faut donc pas s’inquiéter outre-mesure pour l’avenir de l’économie américaine…
France : La consommation n’est plus ce qu’elle était…
Habituée à soutenir à bout de bras la croissance sans quasiment jamais faillir, la consommation des ménages français commence à multiplier les signes de faiblesse. Inquiétant pour l’évolution de l’économie hexagonale dans son ensemble…
France : un déficit de crise.
Encore une mauvaise nouvelle dont la France se serait bien passée : en mai, le déficit s’est creusé de près de 1,3 milliard d’euros pour atteindre 5,5 milliards. Il s’agit là d’un plus haut depuis le record historique de 6,17 milliards atteint en octobre 2008. Pis, le déficit de mai 2010 constitue le troisième plus mauvais résultat du commerce extérieur français. Ce creusement est d’autant plus décevant qu’il est réalisé dans un contexte de rebond du commerce mondial. En clair, la France reste l’un des pays de la planète qui profite le moins du redémarrage économique international.
La consommation française sauvée par la Coupe du Monde.
Sauvée par la Coupe du Monde ! Telle pourrait être la synthèse de l’évolution de la consommation des ménages français en mai 2010. En effet, alors que tous les postes de la consommation en produits manufacturés reculent, seuls les biens d’équipement du logement enregistrent une forte augmentation, en l’occurrence + 7,3 %. Il s’agit là d’un élément ponctuel qui ne doit pas cacher la forêt d’une consommation française en difficulté…
Climat des affaires en France : la baisse est déjà de retour.
Après quatorze mois de remontée poussive, le climat des affaires dans l’industrie française est déjà reparti à la baisse. En perdant deux points en juin, il réalise même sa plus mauvaise performance depuis mars 2009. En outre, cette baisse s’explique principalement par la chute de l’indicateur des perspectives personnelles de production, c’est-à-dire l’un des meilleurs indicateurs avancés de l’activité industrielle et de la croissance globale…