« Tout fout le camp !». Après les plus bas historiques atteints par la confiance des ménages depuis six mois, après la faiblesse de l’emploi au premier trimestre et après la chute de la consommation en produits manufacturés en mars-avril, c’est au tour des industriels français de jeter l’éponger. En effet, après environ dix mois d’une résistance notable qui pouvait laisser imaginer que le pire serait évité, le climat des affaires dans l’industrie s’est lui aussi effondré, perdant quatre points sur le seul mois de mai et six points au cours des deux derniers mois. Avec un niveau actuel de 102, il se situe ainsi à un plus bas depuis décembre 2005, à une époque où la croissance du PIB français culminait à 1,7 %. Pis, tous les indicateurs de l’enquête INSEE dans l’industrie ont subi une nette dégradation en mai. Enfin, à côté de l’atonie industrielle, de la baisse de la consommation et de la faiblesse de l’activité dans les services (déjà observée depuis la fin 2007), le plongeon de la construction continue de s’aggraver. La bonne surprise du PIB de 2007 et début 2008 est bien de l’histoire ancienne. Il va désormais falloir composer avec une croissance très proche de zéro tant au deuxième qu’au troisième trimestre, et peut-être plus si le baril et l’euro ne baissent pas significativement dans les prochains mois. Bon courage à tous.
Un baril fou pour une croissance molle.
135 dollars pour un baril en mai 2008. Qui l’eut crû ? Pourtant, telle est la triste réalité à laquelle nous sommes désormais confrontés. Et, si jusqu’à présent, la croissance de la planète a pu absorber les différents chocs pétroliers qui se sont succédé depuis 2000, la facture est désormais particulièrement lourde. Et pour cause : à chaque fois que le baril augmente de 10 dollars en moyenne sur une année, la croissance mondiale, mais aussi celle des pays développés, perd 0,4 point. Or, depuis 2000, les augmentations annuelles de l’or noir ont très rarement dépassées les 10 dollars. De 18 dollars en 1999, le cours annuel moyen du brent est ainsi passé à 28 dollars en 2000, puis après une stabilisation entre 24 et 28 dollars de 2001 à 2003, ce niveau moyen du baril a atteint 38 dollars en 2004, puis 54 en 2005, 65 en 2006, et enfin 72 en 2007. Mais pour 2008, la donne est complètement différente puisque, de janvier à aujourd’hui, le cours moyen du brent atteint 105 dollars. Autrement dit, si jusqu’à présent, la croissance mondiale a pu digérer sans trop d’encombre l’augmentation progressive des cours de l’or noir, il est clair que les coûts de la récente flambée seront beaucoup plus forts qu’au cours des années précédentes.
La confiance des industriels allemands impressionne.
Impressionnant ! Alors que les cours du pétrole ne cessent de battre des records, que l’euro évolue au-dessus de 1.50 EUR/USD depuis maintenant trois mois, que la croissance de l’économie américaine est proche de zéro depuis le quatrième trimestre 2007 et que la croissance mondiale ralentit, l’indice IFO de confiance des industriels allemands résiste et demeure à un niveau, certes inférieur à ses niveaux du premier semestre 2007, mais encore élevé. Nous révisons ainsi en légère hausse notre prévision de croissance allemande pour cette année de 1,7 % à 1,9 %. Il n’y a donc toujours pas de quoi sauter au plafond. Néanmoins, la résistance de l’économie allemande dans un climat international difficile confirme que les profondes réformes menées outre-Rhin depuis 2003 continuent de porter leurs fruits. Un encouragement de taille pour inciter la France à s’engager enfin dans une véritable rupture économique.
Etats-Unis : où est la récession ?
Les Cassandres vont encore être déçus : annoncée avec fracas depuis des mois, la récession américaine n’arrive toujours pas à sortir de la tête de certains économistes pour devenir réalité. Ainsi, après avoir déjà augmenté de 0,6 % (en rythme annualisé) au quatrième trimestre 2007, le PIB américain a réédité la même « performance » au premier trimestre 2008. Certes, il ne s’agit que de la première estimation qui pourrait donc être révisée en baisse. Certes, il est clair qu’avec de tels niveaux, la croissance américaine reste molle. Certes enfin, la faiblesse de l’activité devrait encore rester d’actualité au deuxième trimestre. Cependant, comparativement aux craintes tant répandues de grave récession, voire de dépression, il faut reconnaître que l’économie des Etats-Unis fait mieux que résister. Mais les bonnes nouvelles ne s’arrêtent pas là, car la résistance de l’économie américaine a pour le moment été autonome, c’est-à-dire sans soutien de la politique économique. Ainsi, ce n’est seulement qu’à partir de maintenant que la forte baisse des taux d’intérêt de la Fed, la relance budgétaire et la baisse du dollar vont produire leurs effets favorables. En d’autres termes, l’économie américaine est loin d’avoir utilisé toutes ses cartouches.
France-Allemagne : Une hirondelle ne fait pas le printemps.
Les industriels allemands et français sont formidables : les matières premières flambent, la croissance mondiale ralentit, l’euro atteint des niveaux prohibitifs, les banques françaises et allemandes se fragilisent, la modernisation de l’économie française s’éloigne de plus en plus, la consommation allemande reste faible… Mais non, rien n’y fait, les chefs d’entreprise des industries franco-allemandes refusent de céder au pessimisme. Face à cette dichotomie entre le pessimisme des marchés mais aussi des ménages et l’optimisme des chefs d’entreprise, plusieurs questions surviennent : nos industriels sont-ils sous prozac ? Ont-ils profité de l’augmentation récente de l’inflation pour reconstituer leurs marges ? Les enquêtes INSEE et IFO sont-elles vraiment fiables ? S’agit-il finalement d’une revanche de l’économie réelle sur l’économie financière ? En fait, comme souvent en économie, il n’existe pas de réponse tranchée. Une chose est confirmée : en 2008, la croissance sera d’environ 1,4 % en France e de 1,8 % outre-Rhin.
France : sans être catastrophique, la situation reste fragile.
Les statistiques économiques publiées aujourd’hui dans l’Hexagone sont à l’image des résultats du premier tour des municipales : ils confirment que la situation reste très fragile sans pour autant être catastrophique, du moins pour l’instant. En effet, l’augmentation de 0,5 % de la production industrielle en janvier, après une progression de 0,6 % en décembre (contre 0,7 % annoncée en première estimation), indique que l’activité industrielle résiste tant que bien que mal. Néanmoins, elle ne suffit pas pour compenser la forte baisse de novembre, si bien que sur les trois derniers mois, la production industrielle affiche encore une baisse de 0,2 % par rapport aux trois mois précédents. Une analyse similaire peut s’appliquer au déficit commercial français. Explications.
Serait-ce le retour de la stagflation dans l’Hexagone ?
Plus les mois passent, plus l’écart se réduit entre l’inflation officielle et la perception qu’en ont les Français. Certes, de par le traditionnel effet soldes, les prix à la consommation ont baissé en janvier, mais de seulement 0,1 %, contre un repli de 0,3 % en janvier 2007. Mécaniquement, le glissement annuel des prix s’est alors tendu de 2,6 % en décembre à 2,8 % en janvier 2008, soit un plus haut depuis mai 1992. Autrement dit, les risques de baisse du pouvoir d’achat pour motif inflationniste n’ont jamais été aussi élevés depuis seize ans ! Dans ce cadre, nous sommes au regret d’annoncer que l’année 2008 sera difficile pour l’économie française et en particulier pour ses ménages qui devront affronter une croissance molle (d’au mieux 1,6 %), un pouvoir d’achat de plus en plus faible, le rationnement du crédit et le dégonflement de la bulle immobilière. Bon courage !
Le consommateur américain n’a pas dit son dernier mot !
Certains l’annonçaient moribond, d’autres en situation de faillite… Eh bien non ! Le consommateur américain n’a pas cessé de dépenser avec la crise du subprime. Certes, il ne faut pas crier victoire trop vite. En effet, après la baisse de 0,4 % enregistrée en décembre, il était plutôt logique que les ventes au détail retrouvent le chemin de la hausse. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles nous anticipions contre le consensus un rebond de cet indicateur avancé de la consommation des ménages. Néanmoins, en augmentant de 0,3 % en janvier avec ou sans le secteur automobile, les ventes au détail confirment que la consommation privée qui, rappelons-le, représente plus de 70 % du PIB américain (71,5 % exactement en 2007), n’est pas en train de s’écrouler. Bien au contraire…
Le moral des Français sur un plus bas historique !
Pour son anniversaire (qui a certes eu lieu hier), Nicolas Sarkozy aurait certainement préféré un autre cadeau : après déjà six mois de forte baisse, l’indice du moral des ménages calculé par l’INSEE a encore perdu 4 points sur le seul mois de janvier, atteignant un niveau de- 34. Depuis juin dernier, cet indicateur s’est ainsi écroulé de 21 points ! Depuis 2003 et le nouveau mode de calcul de cet indice, il s’agit de la plus forte baisse jamais enregistrée et d’un plus bas jamais atteint ! Et même si l’on reprend l’ancien mode de calcul, il faut remonter à 1995-96 pour retrouver un plongeon similaire. Autrement dit, depuis douze ans, les Français n’ont jamais été aussi inquiets quant à leur avenir. A l’évidence, l’optimisme de Madame Lagarde quant à l’état actuel et futur de l’économie française tranche avec la réalité du pays et avec la perception qu’en ont ses habitants…
La confiance des Français sur des planchers historiques !
Pour son anniversaire (qui a certes eu lieu hier), Nicolas Sarkozy aurait certainement préféré un autre cadeau : après déjà six mois de forte baisse, l’indice du moral des ménages calculé par l’INSEE a encore perdu 4 points sur le seul mois de janvier, atteignant un niveau de- 34. Depuis juin dernier, cet indicateur s’est ainsi écroulé de 21 points ! Depuis 2003 et le nouveau mode de calcul de cet indice, il s’agit de la plus forte baisse jamais enregistrée et d’un plus bas jamais atteint ! Et même si l’on reprend l’ancien mode de calcul, il faut remonter à 1995-96 pour retrouver un plongeon similaire. Autrement dit, depuis douze ans, les Français n’ont jamais été aussi inquiets quant à leur avenir. A l’évidence, l’optimisme de Madame Lagarde quant à l’état actuel et futur de l’économie française tranche avec la réalité du pays et avec la perception qu’en ont ses habitants…