Enfin ! Il aura donc fallu attendre l’aggravation historique de la récession dans la zone euro pour que la BCE se décide à voir la réalité en face et à agir avec vigueur. Dans ce cadre, la baisse du taux refi de 75 points de base aujourd’hui constitue assurément une bonne nouvelle. Pour autant, il n’y a aucunement de quoi sauter au plafond. Et ce pour au moins trois grandes raisons. Aussi, nous anticipons que la BCE continuera de se faire violence et baissera son taux refi à 1,75 % d’ici le printemps prochain, ce qui constituera un plus bas historique depuis la création de la BCE. L’euro baissera alors sous les 1,20 dollar et la croissance eurolandaise pourra progressivement repartir à partir de l’été-automne 2009. Mieux vaut tard que jamais.
France : la magie opère sur le PIB, mais pas sur l’emploi
Alors que l’ensemble de l’Europe sombre dans la récession, la France reste ce village d’Astérix qui résiste à la déprime. Formidable ! En effet, les magiciens, oh pardon les statisticiens de l’INSEE viennent de revenir sur leurs estimations d’il y a à peine un mois qui faisaient état d’une baisse de 0,1 % du PIB français au troisième trimestre pour la remplacer par une augmentation de 0,1 %. Grâce à ce coup de baguette magique, Madame Lagarde va donc pouvoir surfer sur la vague de la morosité en annonçant que, techniquement, la France n’est pas entrée en récession, puisqu’elle n’a pas enregistré deux trimestres consécutifs de baisse de son PIB. Bien entendu, pour nous qui faisons partie des plus optimistes sur la croissance française pour cette année et 2009, cette surprise reste une bonne nouvelle. Néanmoins, elle doit être largement relativisée.
France : encore des chiffres de mauvais augure, mais…
Ca aurait pu être pire. Malheureusement, tel est l’état d’esprit auquel nous sommes réduits depuis déjà l’été dernier pour commenter les statistiques françaises. Ainsi, après le nouveau record historique atteint par le déficit extérieur français en septembre, nous étions préparés à devoir affronter une nouvelle mauvaise nouvelle sur le front de l’activité industrielle. Finalement, les meubles ont été sauvés. En effet, en reculant de « seulement » 0,5 % en septembre, la production industrielle limite les dégâts.
Baisse du taux refi : c’est pour novembre.
Enfin ! Après un an de crise financière, après huit mois de recul de l’activité économique, après cinq mois d’augmentation du chômage et après trois mois de recul de l’inflation, la BCE se décide enfin à reconnaître la réalité. De là à admettre son erreur d’avoir augmenté le taux refi en juillet, il ne faut pas trop en demander à la BCE et à son Président. Néanmoins, un virage a été pris : la BCE reconnaît désormais officiellement que le risque principal réside dans une baisse durable de l’activité, tout en soulignant que l’inflation est bien installée sur une pente baissière. Mieux, la BCE a même annoncé que le débat au sein de son comité de politique monétaire était désormais de savoir s’il fallait maintenir le statu quo ou bien baisser le taux refi…
Récession, faillite bancaire en Europe : il faut réagir vite !
Il y a le feu en Europe. Et pour s’en sortir, il n’y a pas trente-six solutions, mais deux. D’une part, baisser le taux refi, de manière à retrouver une courbe des taux normale (alors qu’elle est inversée depuis neuf mois, c’est-à-dire que les taux courts sont supérieurs aux taux longs). De la sorte, les banques eurolandaises pourront sortir la tête de l’eau et refaire leur métier de transformation sans trop de difficultés. Ce geste serait d’ailleurs légitimé par trois mobiles : la désinflation, la récession et le sauvetage du système financier, sachant que la BCE a aussi une mission de stabilité de ce dernier… D’autre part, il faut que les gouvernements de la zone euro, voire de l’Union européenne, se mettent d’accord sur un plan de sauvegarde (voire de sauvetage si le massacre continue…) des systèmes financiers et économiques de leur zone. Dans ce cadre, ils pourront rassurer les marchés sur leurs intentions et restaurer une confiance qui fait actuellement tant défaut. Cessons donc nos querelles du passé et mettons un terme au dogmatisme : l’heure est grave et plus les remèdes tarderont, plus il sera long et difficile de sortir de la crise.
Climat des affaires en Allemagne et en France : c’est l’écroulement
A l’heure où le Président français se propose de trouver et de punir les coupables de la crise financière internationale, la France, l’Allemagne et l’ensemble de la zone euro sont en train de s’écrouler d’un point de vue économique. En effet, après l’atonie de la consommation et la chute massive de l’activité dans la construction, les industries hexagonale, allemande et italienne commencent à défaillir. C’est du moins ce qui vient d’être confirmé par les dernières enquêtes dans l’industrie de l’INSEE, de l’IFO et de l’ISAE… Dans ces conditions, non seulement la récession dans la zone euro ne fait plus de doute, mais surtout son amplification est aussi devenue inévitable. Nous sommes donc bien en train de vivre la plus grave crise économique qu’a connue la zone euro (et certainement l’Europe dans son ensemble) depuis 1993. Il faut donc vite trouver les coupables pour les punir…
France : la production industrielle recule de 2,5 % sur trois mois.
Au regard de la baisse de 1,8 % de la production industrielle allemande en juillet, l’augmentation de 1,2 % de son homologue française sur le même mois pourrait apparaître comme une excellente performance. Malheureusement, il n’en est rien. En effet, après le plongeon de 3 % enregistré en mai et la baisse de 0,6 % en juin, la progression de juillet constitue avant tout une modeste correction de la faiblesse passée. D’ailleurs, en dépit de la hausse de juillet, la production industrielle française affiche encore une baisse de 2,5 % sur les trois derniers mois. Autrement dit, l’augmentation de juillet constitue l’arbre qui cache la forêt d’une déprime industrielle massive et durable. Une analyse similaire peut être menée quant à l’évolution du déficit extérieur français. En effet, après le sommet historique de 5,4 milliards d’euros atteint en juin, celui-ci devait forcément enregistrer une évolution corrective en juillet. C’est donc bien ce qui s’est produit, puisque le déficit français a atteint 4,8 milliards d’euros. Pour autant, ce résultat est loin d’être une performance honorable dans la mesure où, après les 5,4 milliards de juin, il s’agit du deuxième record historique de déficit extérieur mensuel…
La BCE droite dans ses bottes.
A l’instar de Margaret Thatcher en son temps ou d’Alain Juppé un peu plus tard (avec les résultats que l’on sait dans ce dernier cas), la Banque Centrale Européenne est droite dans ses bottes. Ainsi, la boue de la récession a beau s’épaissir, la BCE a beau le reconnaître, rien n’y fait : plus la zone euro s’enlise, plus la BCE semble satisfaite. Il faudrait même se réjouir que Jean-Claude Trichet n’ait pas eu envie de rééditer son coup de juin dernier en annonçant une hausse prochaine du taux refi. En d’autres termes, en écoutant les déclarations du Président de la BCE, il y a vraiment de quoi déprimer : la récession est là, elle va s’intensifier, des entreprises vont faire faillite, le chômage va augmenter, des citoyens vont s’appauvrir. Mais qu’importe : pour la BCE, ces drames humains et sociétaux sont les prix à payer pour permettre à l’inflation de revenir à 2 %… en 2010, selon les propres termes de Jean-Claude Trichet. Une question s’impose alors : jusqu’à quand allons nous supporter cet aveuglement et ce mépris à l’égard des acteurs économiques de la zone euro ?
La zone euro s’enlise dans la récession.
Si la baisse de 0,2 % du PIB de la zone euro au deuxième trimestre était déjà connue et vient donc d’être confirmée, le détail des comptes nationaux et la nouvelle baisse des ventes au détail en juillet ajoutent un niveau supplémentaire sur l’échelle de la récession que connaît actuellement l’Euroland. En effet, au cours du deuxième trimestre, tous les postes clés de la demande enregistrent une baisse notable. Pis, les indicateurs avancés de l’activité confirment également que l’inversion de tendance n’est pas pour demain. C’est d’ailleurs ce que vient encore de confirmer la nouvelle baisse de 0,4 % des ventes au détail en juillet. Pis, cette régression intervient après une chute de 0,9 % en juin. En fait, la seule bonne nouvelle de ces tristes évolutions réside dans l’amplification de la baisse de l’euro qui permettra à l’activité eurolandaise de redémarrer progressivement à partir du printemps 2009. Que de temps perdu !
France : la récession ne fait plus de doute.
La descente aux enfers se poursuit pour l’économie française. Après la baisse de la consommation des ménages, l’effondrement des mises en chantier et le nouveau record abyssal du déficit commercial, c’est au tour de la production industrielle de susciter, une fois encore, toutes les inquiétudes. En effet, après avoir déjà baissé de 2,9 % en mai (contre 2,6 % estimé précédemment) et alors qu’une légère correction haussière était attendue pour juin, la production industrielle française a finalement continué de reculer. En baissant de 0,4 % en juin, elle affiche ainsi un plongeon trimestriel de 1,4 %. Il s’agit de la plus forte chute trimestrielle depuis le quatrième trimestre 2001. Deux grands enseignements doivent être tirés de ces chiffres. Primo, il ne fait désormais plus de doute que le PIB français a baissé d’au moins 0,1 % au cours du deuxième trimestre 2008. Secundo, cette récession industrielle, qui sera d’ailleurs bientôt suivie par une récession globale de l’économie française, aura forcément des conséquences dramatiques en termes d’emplois…