S’il y a une institution où le service minimum fonctionne, c’est bien la Banque Centrale Européenne. En effet, le PIB de la zone euro a beau s’écrouler, affichant des glissements annuels historiquement bas, le chômage a beau flamber dans l’ensemble de la zone, certains pays ont beau être au bord de la crise sociale et l’inflation eurolandaise a beau se stabiliser autour des 1 %, c’est-à-dire sur des plus bas historiques, rien n’y fait. Une baisse du taux refi a bien été décidée, mais dans une proportion normale de 50 points de base. Autrement dit, à situation exceptionnelle, mesure… ordinaire.
France : les consommateurs disent « Non ! » à la crise.
Nous ne le répéterons jamais assez : les ménages français sont formidables. En effet, après un « coup de pompe » en décembre, ils défient de nouveau le pessimisme ambiant en reprenant repris le chemin d’une consommation soutenue en janvier. Autrement dit, comme nous l’écrivions il y a environ un mois, les soldes de janvier ont bien été un succès. Les chiffres sont même assez exceptionnels compte tenu de la morosité affichée un peu partout. Ainsi, sur le seul mois de janvier, la consommation a progressé de 4,7 % dans le textile-cuir, de 3 % pour l’équipement du logement et même de 2,8 % pour l’automobile. En glissement annuel, les performances sont tout aussi enjouées, avec respectivement + 3,3 %, + 5,2 % et + 7,8 %. Le glissement annuel de la consommation en produits manufacturés dans son ensemble repasse même en territoire positif avec un niveau de 1,8 %. A l’évidence, nous sommes très loin des résultats catastrophiques annoncés par l’ensemble de ces secteurs il y a encore quelques semaines…
PIB et emploi en France : quelle tristesse.
Quelle tristesse ! Après avoir résisté tant bien que mal, puis évité de justesse la récession technique grâce à une progression miraculeuse de 0,1 % au troisième trimestre, le PIB français s’est écroulé de 1,2 % au quatrième trimestre. Du jamais vu depuis que la série existe, c’est-à-dire 1978. En glissement annuel aussi, la déconvenue est au rendez-vous, puisque celui-ci atteint un niveau de – 1 %, cette fois-ci un « record » depuis le troisième trimestre 1993. Dans ce cadre, au sortir de ce quatrième trimestre calamiteux, l’acquis de « décroissance » du PIB pour 2009 atteint – 0,9 %. Cela signifie que si le PIB stagne sur l’ensemble de l’année 2009, son recul par rapport à 2008 atteindra 0,9 %. De là à imaginer une baisse du PIB supérieure à 1 % comme le fait Madame Lagarde, il y a un pas qu’il est néanmoins possible de ne pas franchir. En effet, aussi bizarre que cela puisse paraître, les comptes nationaux du quatrième trimestre ne comportent pas que des mauvaises nouvelles.
France : une récession industrielle historique.
Bérézina ! C’est malheureusement, la situation dans laquelle se trouve l’industrie française. En effet, pour le cinquième mois consécutif, la production industrielle a enregistré une baisse majeure en décembre (- 1,8 %). Sur l’ensemble de l’année 2008, le nombre de mois de hausse se compte sur les doigts d’une main, puisqu’il n’y en a eu que quatre. Du jamais vu. Depuis avril dernier, la production a ainsi chuté de 11,5 %. D’un point de vue trimestrielle, la déconvenue est tout aussi forte, puisque qu’on recense, non pas un, ni deux, mais trois trimestres consécutifs de baisse de la production. Au quatrième trimestre, le plongeon atteint même 6,7 %, encore un niveau sans précédent. Ce n’est donc plus une récession mais une dépression que traverse l’industrie française. Deux questions s’imposent alors : cette dépression va-t-elle durer et, le cas échéant, combien de temps ?
Le déficit extérieur français se réduit, mais…
Enfin ! Pour la première fois depuis janvier 2007, le déficit extérieur de la France passe sous la barre des 2,5 milliards d’euros. Après avoir atteint un record absolu de 6,9 milliards en octobre pour légèrement reculer à 6,02 milliards en novembre, celui-ci a finalement atteint 2,45 milliards d’euros en décembre. Malheureusement, cette forte réduction ne constitue pas forcément la bonne nouvelle qu’elle semble représenter. Et ce pour au moins trois raisons. Primo, en dépit de ce recul, le déficit extérieur atteint 55,66 milliards d’euros sur l’ensemble de l’année 2008, un record historique. Secundo, la réduction du déficit de décembre s’explique principalement par le plongeon des importations. Tertio, la petite hausse des exportations est due à des facteurs exceptionnels…
Etats-Unis : la récession oui, la bérézina non.
Les marchés et de très nombreux prévisionnistes étaient tellement sûrs que la variation du PIB américain au quatrième trimestre 2008 serait catastrophique qu’ils restent abasourdis par l’annonce du chiffre effectif : finalement, alors que le consensus de marché annonçait un plongeon du PIB de 5,5 % en rythme annualisé, cette variation a finalement été de – 3,8 %, soit tout juste 0,2 point de mieux que la prévision que nous formulions dans cette même publication il y a une semaine. Bien entendu, il n’y a pas de quoi sauter au plafond. Néanmoins, sur l’ensemble de l’année 2008, la croissance américaine a finalement été conforme aux prévisions que nous annonçons depuis un an, à savoir 1,3 %, alors que le FMI prédisait 0,5 % il y a un an. Histoire de rappeler qu’il ne faut pas forcément accorder beaucoup de crédit aux prévisions de cet organisme « réputé ». Aussi, compte tenu des effets directs de la baisse des prix des matières premières, du repli des taux d’intérêt et du plan de relance budgétaire, nous maintenons notre prévision selon laquelle le PIB devrait croître d’environ 1 % sur l’ensemble de l’année 2009.
Les Français ne sombrent pas dans le pessimisme
Les Français sont formidables : la planète économico-financière a beau s’écrouler, les licenciements ont beau augmenté, mais ils gardent l’espoir. Ainsi, après une petite amélioration en novembre, corrigée en partie en décembre, le moral des ménages a gagné 3 points en janvier. En conclusion : deux conséquences d’actualité peuvent être tirées de ces évolutions. Primo, les soldes de janvier seront de bonne facture. Secundo, la grève du 29 janvier ne trouvera pas d’écho durablement favorable auprès de la majorité des Français car ces derniers ne sombrent pas dans un pessimisme noir mais veulent au contraire garder l’espoir pour sortir de la crise. Bravo !
France : La consommation flanche à son tour.
Ca y est ! Alors qu’elle restait l’un des rares pays du monde développé à ne pas subir de baisse annuelle de sa consommation, la France vient de rejoindre le cercle des consommateurs disparus. Ainsi, compte tenu d’une baisse de 0,9 % en décembre (alors qu’en décembre 2007 une hausse mensuelle de 2 % avait été enregistrée), la consommation des ménages français en produits manufacturés affiche désormais un glissement annuel négatif de – 1,7 %. C’est donc la première fois depuis septembre 1997 que la variation annuelle de la consommation passe dans le rouge…
France : les soldes seront un succès.
Et bien non ! En dépit des craintes généralisées de récession mondiale et hexagonale, les ménages français refusent de céder au pessimisme. Certes, après avoir regagné trois points en novembre, l’indice de confiance de ces derniers calculé par l’INSEE en a reperdu un en décembre. De même, avec un niveau de – 44, il reste proche de son plus bas historique de juillet dernier. Néanmoins, par rapport à ce plancher, il demeure supérieur de trois points. Ce qui, dans le contexte actuel de déprime aggravée, peut être perçu comme un gage de résistance. Parallèlement, l’indice d’opportunité de faire des achats importants s’est redressé de deux points en décembre. Et, même si avec un niveau de – 36 il demeure très bas, il s’agit de sa plus forte hausse enregistrée depuis janvier 2007. A la veille du début des soldes, cette évolution est évidemment de bon augure : même si l’euphorie ne sera pas au rendez-vous, les soldes d’hiver constitueront bien un succès commercial.
France : Dépression industrielle.
Une récession ? Non sire une dépression… Telle est la triste synthèse de l’évolution récente de l’industrie française. En effet, après le nouveau record historique du déficit extérieur, c’est au tour de la production industrielle d’atteindre les abysses. Ainsi, après avoir déjà chuté de 3,8 % de mai à septembre, cette dernière a encore plongé de 2,7 % sur le seul mois d’octobre. Son glissement annuel atteint ainsi – 7,2 %, un record historique, jamais rencontré depuis le début de cette statistique, c’est-à-dire janvier 1981. Pis, le secteur automobile le secteur est en déflation. Son redémarrage sera donc lent et passera forcément par une forte baisse de l’offre, c’est-à-dire des fusions destructrices et des faillites d’entreprises et, par là même, de nombreux licenciements.