Une fois encore, l’économie française a sauvé la face grâce à la consommation des ménages. En effet, alors que la consommation s’écroule dans la quasi-totalité des pays développés, la France se paie aujourd’hui le luxe de rejoindre les Etats-Unis dans le club très fermé des pays bénéficiant d’une progression de la consommation des ménages au premier trimestre 2009 (en l’occurrence + 0,2 %). Pour autant, les bonnes nouvelles s’arrêtent là, car les comptes nationaux du premier trimestre 2009 consacrent une récession historique pour l’Hexagone. Ainsi, avant même de parler de la baisse de 1,2 % du PIB du premier trimestre, il faut noter que les chiffres des trois trimestres précédents ont tous été en revus en nette baisse. Cela signifie donc que si les chiffres des précédents trimestres n’avaient pas été révisés, la baisse du PIB aurait atteint 2 % sur le seul premier trimestre 2009. Ah, les plaisirs et les faux-semblants de la statistique… Au total, le glissement annuel du PIB atteint aujourd’hui – 3,2 %. Du jamais vu dans l’histoire économique française, du moins depuis que les statistiques de l’INSEE en la matière existent. Et maintenant que fait-on ?
France : une inflation historiquement basse.
Avant la publication vendredi 15 mai de la forte baisse du PIB français du premier trimestre, les prix à la consommation d’avril ont déjà annoncé la couleur : l’économie hexagonale est en train de vivre des moments historiques dont on se serait bien passé. Non seulement parce que sa récession est la plus grave depuis l’après-guerre, mais aussi parce que son inflation n’a jamais été aussi faible. Ainsi, en avril 2009, le glissement annuel des prix à la consommation a atteint 0,1 %, du jamais vu depuis que la statistique existe (c’est-à-dire 1972 et donc 1973 pour le glissement annuel). A l’heure où certains agitent déjà le chiffon rouge de l’hyperinflation, il serait donc peut-être bon de rappeler que le véritable fléau qui menace aujourd’hui la France et l’ensemble des pays de la zone euro est bien la déflation…
Etats-Unis : après le fond, le rebond.
Si la baisse du PIB américain au premier trimestre a été plus forte que prévu, le rebond de la consommation au cours de ce même trimestre et la nette amélioration de la confiance des ménages en avril confirment que le plus dur est bien passé outre-Atlantique. Evidemment, il ne faut pas se voiler la face : la récession a encore marqué des points aux Etats-Unis au premier trimestre 2009. En effet, après avoir déjà baissé de 0,5 % (en rythme annualisé) au troisième trimestre 2008 et de 6,3 % au quatrième trimestre, le PIB américain a encore chuté de 6,1 % au premier trimestre 2009. Son glissement annuel atteint désormais – 2,6 %, un plus bas depuis le troisième trimestre 1982. Néanmoins, cette baisse s’explique principalement par un double mouvement de désinvestissement et de déstockage historique qui apparaît largement excessif par rapport à la relance qui est en train de se mettre en place outre-Atlantique. Autrement dit, dès le deuxième trimestre, un mouvement correctif devrait s’observer, en particulier sur le front des stocks, qui ont tellement baissé qu’ils ne peuvent que remonter, et sur celui de l’investissement logement qui devrait notamment bénéficier de l’augmentation des mises en chantier du premier trimestre. Dans ce cadre, le premier trimestre devrait constituer le point bas de l’actuelle récession américaine…
France : les consommateurs défient encore les Cassandre !
Le FMI a beau s’égosiller à dramatiser la situation et à faire peur à tout le monde en révisant drastiquement à la baisse ses prévisions de croissance, la réalité du terrain lui donne de plus en plus tort. Aux Etats-Unis, en Asie et aussi en France. C’est du moins ce qui ressort des statistiques publiées cette semaine dans l’Hexagone. Ainsi, après l’amélioration du climat des affaires dans l’industrie française en avril, l’augmentation de l’indice des directeurs d’achat dans les services ce même mois, c’est au tour de la consommation des ménages de mars de surprendre positivement. Bien entendu, les Cassandre vont encore tenter de dénigrer ces bonnes nouvelles : trompe l’œil, poudre aux yeux, feu de paille… le vocabulaire sera certainement riche… Mais qu’importe, puisque nous avons été les premiers et les très rares à annoncer qu’une reprise était envisageable dès 2009, ne boudons pas notre plaisir : les ménages continuent de défier le pessimisme et le défaitisme ambiants. En effet, après avoir déjà augmenté de 1,7 % en janvier, reculé de 1,8 % en février, la consommation des ménages en produits manufacturés a progressé de 1,1 % en mars. Et ce n’est pas fini…
Chômage aux Etats-Unis : Thriller…
A l’instar de l’issue favorable du G20, l’augmentation du chômage aux Etats-Unis en mars n’est pas une surprise. A la rigueur, dans la mesure où depuis six mois, les chiffres de l’emploi américain ont toujours été plus mauvais que les anticipations consensuelles, la sortie de chiffres, certes mauvais, mais en ligne avec le consensus, est presque une bonne nouvelle. Pour autant, la réalité est là : pour le quinzième mois consécutif, la job machine a détruit des emplois : 663 000 en mars, soit un total de 5,133 millions depuis janvier 2008 ! C’est tout simplement du jamais vu en si peu de temps. Parallèlement, le taux de chômage a atteint 8,5 %. Pour retrouver un niveau aussi élevé il faut remonter à l’époque où nous dansions sur Thriller de Michaël Jackson, c’est-à-dire novembre 1983. Cela ne nous rajeunit pas… Au-delà de cette catastrophe sociale, il y a néanmoins trois éléments de relativisation à apporter à cette triste situation.
BCE : Pourquoi tant de haine ?
Alors que la zone euro s’enfonce dans sa pire récession, alors que l’inflation eurolandaise se rapproche des 0 % et alors que le G20 s’emploie à tout faire, au moins sur le papier, pour relancer la confiance et la croissance de la planète, la Banque Centrale Européenne continue sa politique du pire. Ainsi, en dépit des déclarations de son Président il y a encore quelques jours qui soulignaient que la BCE ferait tout pour sortir la zone euro de la récession, y compris en utilisant des moyens non conventionnels, l’Institut francfortois n’a finalement abaissé son taux refi que de 0,25 point, alors que l’unanimité des prévisionnistes attendaient 0,5 point. Histoire de rappeler que les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Une fois encore, la BCE montre donc son obstination à refuser de voir la réalité en face…
France : les profits baissent.
Sans surprise, la version détaillée des comptes nationaux français du quatrième trimestre a confirmé à 0,1 point près la chute du PIB hexagonal. Ainsi, ce dernier a reculé de 1,1 % contre une baisse de 1,2 % annoncée initialement. Cette petite révision n’empêche cependant pas la croissance annuelle d’atteindre 0,7 % sur l’ensemble de l’année 2008 et de commencer l’année 2009 avec un « acquis » de – 0,8 %. Mais, au-delà de ces chiffres du passé et même si le premier trimestre risque d’être presque aussi mauvais (confirmant que la baisse du PIB français devrait avoisiner les 1 % sur l’ensemble de l’année 2009), la véritable nouveauté de ces comptes nationaux réside dans le compte des entreprises non-financières. En effet, focalisée sur les entreprises du Cac 40, l’opinion publique s’applique à s’offusquer des profits encore élevés des entreprises. Les chiffres publiés aujourd’hui nous rappellent que ces profits proviennent surtout des activités réalisées à l’étranger. Ainsi, dans l’Hexagone, l’excédent brut d’exploitation (dit EBE, c’est-à-dire les profits en langage simple) des sociétés non-financières a baissé de 1,9 % au deuxième trimestre, puis stagné au troisième et enfin chuté de 4,5 % au quatrième. Sur l’ensemble de l’année, ces profits faits en France n’ont ainsi progressé que de 0,7 % A l’évidence, nous sommes loin des entreprises multinationales du Cac 40.
France : une consommation en dents de scie.
Le printemps n’a malheureusement duré qu’un mois sur le front de la consommation française. En effet, après la bonne performance de janvier liée aux soldes qui permettait à la France d’être le seul pays développés où la consommation augmentait sur un an, le mois de février a sonné le glas de la résistance française. Ainsi, en reculant de 2 % en février, la consommation en produits manufacturés affiche un glissement annuel de – 2 %. L’exception française n’aura donc duré que quelques mois, la consommation rentrant désormais dans le rang de la morosité internationale. Pour autant, deux facteurs de relativisation de cette contre-performance doivent être mis en avant. Premièrement, la baisse de la consommation de février est surtout le produit d’un effet de correction de la « fièvre acheteuse » de janvier. Deuxièmement, un secteur tire son épingle du jeu, à savoir l’automobile. De quoi confirmer la baisse des prix proposée par certains constructeurs, la prime de l’Etat et la baisse des taux d’intérêt produisent bien des effets positifs.
La Fed et l’euro/dollar toujours au service de l’Oncle Sam.
Décidément, la Réserve fédérale américaine ne veut laisser aucune chance à la déflation. En effet, non contente d’avoir abaissé son taux objectif des federal funds dans une fourchette comprise entre 0 et 0,25 %, non contente d’avoir repris à son compte une partie conséquente des créances douteuses des banques américaines, non contente d’avoir financer directement les pertes de Freddie Mac et Fannie Mae, la Fed se lance désormais dans la planche à billet. Ainsi, elle vient d’annoncer qu’elle allait monétiser la dette publique américaine pour un montant 300 milliards de dollars. Ce sera donc la première fois depuis la guerre du Vietnam que la Fed va créer de la monnaie ex-nihilo, c’est-à-dire sans contrepartie de richesses créées. Cette stratégie présente trois avantages mais aussi deux inconvénients majeurs. Explications…
Industrie française : de plus en plus bas…
Encore des chiffres calamiteux pour l’économie française. Après avoir déjà plongé de 9,1 % sur les quatre derniers mois de 2008, la production industrielle a encore chuté de 3,1 % sur le seul mois de janvier. Compte tenu de cet écroulement, le niveau de la production industrielle française atteint aujourd’hui un plus bas depuis mars 1997 ! C’est dire l’ampleur de la récession dans laquelle est plongée l’industrie hexagonale et qui a d’ailleurs commencé depuis la fin 2007. D’ailleurs, avec un niveau de – 13,8 % le glissement annuel de la production atteint un plus bas historique, jamais enregistré depuis que cette série existe c’est-à-dire 1980…