Dire qu’il y a encore quelques semaines, personne (ou presque) n’était prêt à miser le moindre kopeck sur la reprise américaine, en particulier en matière industrielle. Aujourd’hui, les plus pessimistes d’hier se battent pour annoncer l’imminence du rebond de l’économie américaine. A commencer par Alan Greenspan qui, il y a peu, n’était pourtant pas avare de critiques sur la politique de relance et annonçait que la reprise ne pourrait avoir lieu avant la fin 2010, au mieux, disait-il… Même s’il ne faut évidemment pas sauter au plafond et/ou vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, il est clair que la dernière enquête ISM des directeurs d’achat dans l’industrie manufacturière confirme que l’heure du rebond a bien sonné…
Récession américaine : l’hémorragie est stoppée
Et de quatre ! A l’instar de son homologue eurolandais mais dès le premier trimestre 2009, le PIB américain vient d’enregistrer son quatrième trimestre consécutif de baisse. C’est donc la première fois depuis l’après-guerre qu’une telle succession est observée aux Etats-Unis. Conséquence logique de ce funeste record, le glissement annuel du PIB atteint – 3,9 %, là aussi du jamais vu depuis l’après-guerre. Mais au-delà de ces résultats tristement historiques, les comptes nationaux du deuxième trimestre montrent également que l’économie américaine a réussi à stopper l’hémorragie engendrée par la crise financière, préparant le terrain à une augmentation du PIB dès le troisième trimestre 2009.
Les ménages français restent inquiets.
Dans le ciel dégagé de la conjoncture française depuis quelques semaines, l’enquête INSEE auprès des ménages de juillet constitue un premier nuage notable. En effet, après six mois d’amélioration continue, l’indice de confiance des ménages a perdu deux points en juillet. Si avec un niveau de – 39, il se situe encore 8 points au-dessus de son plancher de juillet 2008, cet indicateur demeure encore 21 points en deçà de sa moyenne depuis 1997. Il montre donc que les Français restent particulièrement prudents…
France : le rebond oui, la reprise pas encore…
Après la belle remontée de la production industrielle en mai et la hausse soutenue de la consommation en juin, l’économie française reste installée sur son petit nuage estival. En effet, après trois mois de hausse appréciable, le climat des affaires dans l’industrie hexagonale a continué de progresser, gagnant deux points en juin, soit une augmentation de 10 points en quatre mois. Avec un niveau de 78, cet indicateur avancé de l’activité industrielle et globale atteint ainsi un plus haut depuis novembre dernier. Ce qui est certes appréciable mais loin d’être euphorique. Explications…
Emploi américain/BCE : tous unis pour une baisse des marchés
Encore une journée difficile pour les marchés : tant la BCE que l’emploi américain ont favorisé un net mouvement de prises de bénéfices. En effet, après quatre mois de réconfort et de réduction des destructions d’emplois, ces dernières sont reparties en forte hausse en juin, passant de 322 000 en mai à 467 000 en juin. Si les niveaux de 741 000 de janvier dernier restent lointains, cette dégradation montre cependant que les entreprises américaines n’ont pas fini leur mouvement de cost cutting. Du côté de la BCE, même constat : déception mais cela aurait pu être pire…
La zone euro en récession et en déflation
C’est une première depuis l’après-guerre : après les Etats-Unis, l’Allemagne, la France et de très nombreux pays développés, la zone euro est, elle aussi et sans surprise, entrée en déflation. En juin, le glissement annuel des prix à la consommation est ainsi passé en territoire négatif à – 0,1 % précisément. Si la BCE continue de refuser de baisser davantage son taux refi et a fortiori si elle choisit de l’augmenter trop vite, ce risque deviendra réalité. Espérons donc que l’entrée officielle de la zone euro en déflation permettra aux dirigeants monétaires eurolandais d’ouvrir enfin les yeux. Et ce, en particulier aujourd’hui, c’est-à-dire un an, presque jour pour jour, après l’augmentation du taux refi de la BCE à 4,25 % alors que la zone euro était déjà en récession. L’erreur est humaine, mais persévérer est diabolique…
L’Allemagne se réveille enfin, mais reste fragile…
Après une récession historique d’un an au cours de laquelle son PIB a chuté de 6,9 %, l’Allemagne semble enfin sur le chemin de la reprise. En effet, après deux ans de baisse quasi-ininterrompue, l’indice IFO du climat des affaires de l’industrie allemande a enregistré en juin son troisième mois consécutif de hausse. Autrement dit, après un mouvement de déstockage et de désinvestissement massif, les industriels allemands commencent à retrouver leurs esprits et à corriger les excès négatifs des six derniers mois. Pour autant, ne rêvons pas, cette reprise reste technique et n’indique malheureusement pas que l’Allemagne est repartie sur la voie de la croissance forte. Loin s’en faut…
Industrie française : Un retour de quinze ans en arrière
Nous allons bientôt manquer de superlatifs pour qualifier l’état de délabrement de la production industrielle française. Tout a commencé dès le deuxième trimestre 2007 avec les premiers mois de forte baisse de la production. Puis, cette dernière a enregistré une première baisse trimestrielle au deuxième trimestre 2008. Ensuite, la récession s’est installée et enfin, la chute s’est accélérée. Au total, après avoir déjà subi quatre trimestres consécutifs de plongeon et en dépit de l’espoir né des dernières enquêtes INSEE dans l’industrie qui annonçaient un léger rebond en avril, la production industrielle française a encore reculé de 1,4 % sur ce dernier mois. Sur un an, son plongeon atteint ainsi un nouveau record de – 18,6 %…
France : le déficit extérieur se réduit, mais les exportations plongent
Après la bonne tenue de la consommation depuis le début 2009, le commerce extérieur apporte également son lot de réconfort à l’économie française. En effet, après avoir rebondi à 4,3 milliards d’euros en mars, le déficit commercial de la France est repassé sous la barre des 4 milliards en avril, à 3,792 milliards d’euros précisément. Malheureusement, la bonne nouvelle s’arrête là. Et pour cause, cette réduction du déficit est simplement due à une baisse des importations plus importante que celle des exportations. Il n’y a donc vraiment pas de quoi s’enorgueillir, surtout lorsque l’on sait que le niveau des exportations n’a été que de 27 milliards en avril, un plus bas depuis août 2003…
Consommation des ménages en France : où est la crise ?
Décidément, les consommateurs français ne connaissent pas la crise. Ainsi, en dépit de l’augmentation du chômage et malgré un environnement médiatique angoissant qui leur annonce le pire, les Français continuent d’augmenter leurs dépenses de consommation. Certes, la progression de ces dernières au mois de mars a été révisée à 0,6 %, contre + 1,1 % en première estimation. De quoi remettre sur la table le problème de la fiabilité des statistiques de l’INSEE. Néanmoins, en supposant que les chiffres publiés aujourd’hui ne soient pas faux, la consommation en produits manufacturés a augmenté de 0,7 % en avril. Depuis son point bas de décembre dernier et malgré la correction baissière de février, sa progression atteint 0,9 %. Rien de flamboyant mais une performance tout de même très honorable dans le contexte de déprime actuelle. Une question demeure alors : est-ce durable ? Voici nos réponses…