Monsieur Fillon, ne criez pas victoire trop vite ! Telle pourrait être la conclusion des chiffres de la production industrielle de septembre publiés aujourd’hui. En effet, alors que celle de l’Allemagne a progressé de 2,7 % sur le seul mois de septembre et de 3,5 % sur le troisième trimestre (laissant par là même augurer d’une forte hausse du PIB sur cette même période), celle de la France a été plutôt décevante. Ainsi, après avoir augmenté de 2,8 % en août (chiffre heureusement révisé en hausse de un point par rapport à son estimation précédente), la production industrielle hexagonale a reculé de 1,5 % en septembre…
France : les ménages veulent encore y croire.
Après le rebond de la consommation en septembre et la remontée du climat des affaires dans l’industrie depuis sept mois, c’est au tour de la confiance des ménages de poursuivre son redressement. Certes, pour le troisième mois consécutif, elle ne progresse que d’un point, mais avec un niveau de – 35 en octobre, elle atteint désormais un plus haut depuis janvier 2008, c’est-à-dire une période où la récession n’avait pas encore commencé dans l’Hexagone. S’agit-il d’une illusion, d’un excès de prosaz ou bien d’une nouvelle tendance ?
Industrie française : de mieux en mieux, mais…
Le résultat fait évidemment plaisir : après déjà six mois consécutifs de hausse, l’indice du climat des affaires dans l’industrie française a encore fortement progressé en octobre. Ainsi, en augmentant de trois points sur ce dernier mois, cet indicateur avancé de l’activité industrielle mais aussi du PIB français dans son ensemble, atteint un niveau de 89, soit un plus haut depuis septembre 2008 et une progression totale de 20 points depuis le plancher de mars 2009. Progressivement, cet indicateur se rapproche donc de la barre des 100, c’est-à-dire de sa moyenne de long terme. Cela signifie donc que l’industrie et l’économie françaises sont non seulement sorties de la récession mais surtout qu’elles se dirigent désormais vers leur rythme de croisière, qui reste néanmoins celui d’une croissance molle. En l’occurrence pas plus de 1,3 % en 2010 pour la progression annuelle moyenne du PIB.
France : la déflation se poursuit.
Qu’on le veuille ou non, que cela plaise ou pas, c’est un fait : la France est toujours en déflation. En effet, pour le cinquième mois consécutif, l’indice des prix à la consommation enregistre un glissement annuel négatif. En l’occurrence, – 0,4 % en septembre, après – 0,2 % en août. Les risques d’hyperinflation annoncée ici ou là sont donc largement surestimés. A l’inverse, les risques de croissance durablement molle et de faiblesse de l’emploi sont sous-estimés.
France-Allemagne : une reprise très fragile.
Les statistiques publiées ces derniers jours des deux côtés du Rhin confirment deux évolutions : la reprise est bien là, mais elle demeure très fragile. Ainsi, en France, après une petite euphorie printanière, la consommation des ménages n’a pas résisté à l’été, reculant de 1,2 % en juillet et de 1 % en août. Histoire de rappeler que la situation des ménages reste délicate. En Allemagne, après cinq mois consécutifs de rebond, dont les trois derniers de forte hausse, l’indice du climat des affaires de l’enquête IFO a continué de progresser en septembre, mais à un rythme nettement ralenti. En d’autres termes : la reprise oui, l’euphorie non…
Etats-Unis : la reprise ne fait que commencer.
Qu’il est amusant d’observer tous les « bearish » d’hier qui annonçaient que la récession durerait au moins jusqu’à la fin 2010, faire preuve aujourd’hui d’ingéniosité artistique pour expliquer que la reprise américaine actuelle est normale. Certains soulignent qu’elle ne va évidemment pas durer. D’autres vont même encore plus loin et annoncent qu’ils l’avaient prédit. D’autres enfin, ignorant ou faisant semblant d’oublier que nous étions parmi les très rares à annoncer au printemps dernier que la reprise aurait lieu aux Etats-Unis dès le troisième trimestre 2009, n’hésitent pas à dire que nous avons eu de la chance. Que de mauvaise foi et de faux semblants… Mais l’essentiel n’est pas là. Le plus important réside dans le fait que, bien loin du scénario consensuel d’il y a encore quelques mois, la courbe en L a été évitée. Autrement dit, la grande dépression n’a pas eu lieu. Certes, le rebond reste fragile et un mouvement de légère correction temporaire reste possible. Néanmoins, les chiffres sont sans appel : le rebond est fort et n’est pas encore terminé…
Etats-Unis : la récession est terminée
Si les marchés s’attendaient à un bon chiffre, l’augmentation de l’indice ISM des directeurs d’achat dans l’industrie manufacturière a surpris par son ampleur. En effet, après avoir atteint un plus bas historique en décembre 2008 à 32,9, puis avoir oscillé autour des 40 jusqu’en juillet dernier, cet indicateur avancé de l’activité industrielle et plus globalement du PIB américain, a atteint un niveau de 52,9 en août. Au-delà du fait qu’il se situe désormais au-dessus de la barre des 50, qui représente la frontière entre le recul et la progression de l’activité, pour la première fois depuis janvier 2008, il atteint dorénavant un plus haut depuis juin 2007, c’est-à-dire deux mois avant le début de la crise des subprimes. Un retour en arrière qui, à l’évidence met du baume au cœur…
Hausse du PIB français : une bonne surprise, mais…
C’est LA bonne surprise économique de l’été. Après quatre trimestres consécutifs de baisse, le PIB français, à l’instar de son homologue allemand d’ailleurs, a augmenté de 0,3 % au deuxième trimestre 2009. Au-delà du fait que le consensus anticipait une baisse de 0,3 %, la surprise est d’autant plus grande que, sur la même période, la production industrielle française a reculé de 0,8 % et que les exportations (certes mesurées en valeur) ont baissé de 1,7 %…
France : la déflation s’installe.
Inutile de tourner autour du pot en relativisant l’évolution récente des prix à la consommation par des effets de base liés aux prix énergétiques ou autres, la réalité est simple : le France est en déflation. En effet, pour le troisième mois consécutif, le glissement annuel des prix à la consommation est négatif et a même atteint un nouveau plancher historique en juillet à – 0,7 %. Et ce n’est pas terminé…
L’industrie française sort la tête de l’eau mais reste très fragile.
La convalescence de l’industrie française se poursuit à pas de sénateur. En effet, après avoir flambé de 2,8 % en mai, en correction de l’écroulement des mois précédents, la production industrielle est restée dans le vert en juin, mais n’a progressé que de 0,3 %. Pour autant, au-delà de ces évolutions favorables, qui montrent que la situation de l’économie française n’est pas celle des années 30, il faut souligner que la fragilité reste de mise.