La statistique française est vraiment magique. Ainsi, alors qu’au quatrième trimestre 2009, le PIB allemand a stagné, que celui de la zone euro a progressé d’au mieux 0,3 % et malgré l’augmentation de seulement 0,1 % de la production industrielle française sur ce même trimestre, le PIB hexagonal a progressé de 0,6 % sur cette période. Formidable ! Pourrait-on dire hâtivement. Pour autant, au-delà du marketing, la magie s’arrête. En effet, cette remontée surprenante du PIB au quatrième trimestre s’explique principalement par une forte contribution positive de la variation de stocks. Hors stocks, il faut malheureusement souligner que le PIB français a reculé de 0,3 % au quatrième trimestre 2009. Pis, l’invetissement des entreprises a continué de chuter, indiquant que le cercle vertueux investissement-emploi-consommation est toujours très loin. C’est d’ailleurs ce que confirme la nouvelle baisse de l’emploi au quatrième trimestre 2009. Et pour cause : en reculant de 0,4 %, l’emploi a aussi enregistré son septième trimestre consécutif de baisse, soit une chute de 3,2 % sur l’ensemble de cette période…
Production industrielle française : attention fragile !
Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Telle pourrait être la devise de la production industrielle française au cours des derniers mois. En effet, après une hausse initialement estimée de 1,1 % en novembre, certains, et notamment le gouvernement et la Banque de France, s’étaient mis à rêver à une forte croissance du PIB pour le quatrième trimestre. Malheureusement, il n’en sera rien.
Etats-Unis : bientôt la surchauffe ?
Après une croissance de 5,7 % (en rythme annualisé) au quatrième trimestre 2009, l’économie américaine n’a vraisemblablement pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin. Tel est le message principal de l’enquête ISM des directeurs d’achat dans l’industrie manufacturière de janvier 2010. En effet, après déjà cinq moins consécutifs au-dessus de la barre des 50 (qui marque la frontière entre le recul et la progression de l’activité), l’indice composite de cette enquête a bondi de 4,5 points en un mois, soit une flambée de 25,9 points depuis le point bas de décembre 2008. Dans ce cadre, notre prévision d’une croissance annuelle moyenne de 3 % aux Etats-Unis pour 2010, qui paraissait excessivement optimiste selon certains il y a peu, risque d’être amplement dépassée…
Consommation en France : Gargantua fin 2009, Slim Fast en 2010 ?
Gargantuesque ! Tel est l’adjectif qui pourrait caractériser la consommation des ménages français en décembre 2009. En effet, en dépit du chômage, de l’augmentation des prix des matières premières, du climat social difficile, des craintes liées à la grippe H1N1 ou encore du mauvais temps, les ménages français ont dépensé sans compter en fin d’année. L’origine de cette fièvre acheteuse porte un nom désormais bien connu, en l’occurrence « prime à la casse ». Toujours est-il que devant un tel succès, une question est désormais sur toutes les lèvres : une telle fringale de consommation en particulier dans l’automobile va-t-elle pouvoir perdurer en 2010 avec l’arrêt, certes progressif, de la prime à la casse ? La réponse est évidemment négative.
BCE : Nouvelle année, nouveau Trichet ?
La BCE aurait-elle enfin décidé de faire passer le pragmatisme devant le dogmatisme ? Telle est la question que nous devons poser à l’écoute de la conférence de presse de son Président. En effet, en dépit de l’augmentation logique de l’inflation dans la zone euro, qui aurait certainement hérissé le poil des dirigeants monétaires eurolandais il y a quelques trimestres, la BCE préfère temporiser et souligner que l’inflation de la zone euro restera faible dans les prochains mois…
France : l’inflation est de retour, mais sans excès.
L’inflation est bien de retour dans l’Hexagone. En effet, après être repassé en territoire positif en novembre, le glissement annuel des prix à la consommation a continué de croître en décembre, atteignant + 0,9 %, un plus haut depuis février 2009. Il ne faut cependant pas se tromper d’ennemi en 2010 : le principal danger ne sera pas le retour de la forte inflation, mais résidera dans le maintien d’une croissance trop molle et d’un chômage élevé.
Production industrielle française : le rebond et après ?
Enfin une bonne nouvelle sur le front de la statistique française ! Ainsi, après la baisse du moral des chefs d’entreprise et des particuliers en décembre, puis le nouveau creusement du déficit extérieur, la production industrielle hexagonale relève le niveau, en progressant de 1,1 % en novembre. Mais ce rebond constitue principalement une correction de la baisse des deux mois précédents, en l’occurrence -1,2 % en septembre et – 0,6 % en octobre. Autrement dit, sur octobre-novembre, la production industrielle n’a progressé que de 0,1 % par rapport au troisième trimestre 2009…
Le déficit extérieur n’a pas dit son dernier mot.
Après un plancher de 1,3 milliard d’euros en juillet (qui constituait un point bas depuis juin 2005), le déficit extérieur français n’a cessé de se creuser pour atteindre en novembre un sommet annuel de 5,3 milliards d’euros. Il s’agit là de la sixième plus mauvaise performance historique du commerce extérieur français. Ce nouveau dérapage confirme deux points essentiels et structurels de l’économie française. D’une part, la spécialisation sectorielle et géographique des exportations françaises est inadaptée. D’autre part, la bonne résistance de la consommation française profite avant tout à nos partenaires commerciaux au travers d’une forte hausse de nos importations.
France : les ménages restent inquiets mais gardent l’espoir.
Après un an d’amélioration quasi-continue et quatre mois consécutifs d’augmentation, l’indice du moral des ménages français calculé par l’INSEE a marqué le pas en décembre, perdant un point. Si cette évolution fâcheuse gâche un peu la période des vœux, elle ne doit pas non plus être exagérée. En effet, avec un niveau de – 31 en décembre, cet indicateur reste encore supérieur de treize points à son niveau de décembre 2008 et de 16 points par rapport à son plancher historique de juillet 2008…
France : Une consommation dynamique pour une croissance molle.
Indéfectible. Tel pourrait être l’adjectif premier de la consommation des ménages en produits manufacturés dans l’Hexagone. En effet, en dépit des crises, de la montée chômage, de la faiblesse du pouvoir d’achat ou encore du pessimisme ambiant, les Français continuent de consommer fortement. Ainsi, après avoir déjà augmenté de 2,4 % en septembre, leur consommation de produits manufacturés a encore progressé de 1,1 % en octobre. Mais attention, une fois que les cartouches de la perfusion publique et de l’utilisation d’une épargne pléthorique seront épuisées et si la croissance et l’emploi ne redémarrent pas durablement, la consommation pourrait marquer le pas à partir du printemps prochain.