Comme nous l’annoncions il y a quelques semaines, la reprise en K est bien en train de se confirmer. Au grand dam de la France et de la zone euro. La reprise en K signifie effectivement que certains pays et secteurs d’activité connaîtront un rebond fort et durable, sortant même renforcés de la crise (le haut du K), tandis que d’autres continueront malheureusement de s’effondrer (le bas du K).
Dix mois après le début de la pandémie de Wuhan, force est de constater que cette reprise en K est désormais une réalité.
Ainsi, aussi douloureux et rageant que cela puisse l’être, c’est le pays où tout a commencé qui apparaît comme le grand gagnant de la crise, en l’occurrence la Chine.
En effet, après avoir reculé de 9,8 % au premier trimestre 2020, puis rebondi de 14,6 % au cours des deux trimestres suivants, le PIB chinois devrait continuer sur la lancée au moins jusqu’au début 2021.
C’est du moins ce qu’indiquent les derniers indices Caixin des directeurs d’achat chinois qui, en octobre, ont atteint des niveaux de 53,6 dans l’industrie, 56,8 dans les services et 55,7 pour l’ensemble des secteurs d’activité.
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Vers une croissance chinoise de 8 % dès le début 2021.
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Sources : NBSC, Caixin, ACDEFI
Comme le montre le graphique ci-dessus, de tels niveaux, qui sont proches des sommets historiques, laissent anticiper qu’après avoir déjà atteint 4,9 % au troisième trimestre 2020, le glissement annuel du PIB chinois pourrait dépasser les 8 % d’ici le premier trimestre 2021.
Autrement dit, non contents d’avoir digéré en quelques trimestres la crise mondiale qu’ils ont déclenchée, les Chinois sont sur le point d’en sortir renforcés tant d’un point de vue économique que financier. Autrement dit, alors que le monde occidental n’a donc toujours rien compris, le rouleau compresseur chinois est reparti de plus belle.
Après avoir fait craindre le pire au printemps, l’économie indienne a également surpris par son rebond tant puissant que durable. En effet, après avoir déjà fortement progressé depuis l’été dernier, les indices Nikkei des directeurs d’achat ont atteint des niveaux impressionnants en octobre : 54,1 dans les services, 58,9 dans l’industrie et 58,0 pour l’ensemble des secteurs, des sommets historiques dans les deux derniers cas.
De quoi anticiper un rebond massif du PIB indien, dont le glissement annuel pourrait même atteindre 7 % d’ici le début 2021.
L’économie indienne a déjà renoué avec la croissance forte et durable.
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Sources : Mospi, Nikkei, ACDEFI
Tout aussi impressionnante, l’économie brésilienne a aussi surpris par le dynamisme de ses indicateurs avancés.
Ainsi, après avoir nettement rebondi au cours de l’été dernier, les indices Markit des directeurs d’achat ont continué de fortement progresser en octobre, atteignant des niveaux de 52,3 dans les services, 66,7 dans l’industrie et 55,9 pour l’ensemble des secteurs, également des sommets historiques dans les deux derniers cas.
Après être tombé à – 11,4 % au deuxième trimestre 2020, le glissement annuel du PIB brésilien pourrait bien revenir vers les 2,5 % d’ici le début 2021.
Le rebond brésilien est impressionnant, en particulier dans l’industrie.
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Sources : IBGE, Markit, ACDEFI
A côté de cette vigueur retrouvée du monde émergent, un pays développé a également déjà renoué avec la croissance forte et durable, en l’occurrence les Etats-Unis.
La nouvelle version des indices Markit des directeurs d’achat d’octobre a ainsi renforcé la hausse annoncée en première estimation, avec des niveaux de 53,4 dans l’industrie, 56,9 dans les services et 56,3 pour l’ensemble des secteurs. De quoi anticiper un glissement annuel du PIB américain proche de 2 % d’ici le début 2021.
Au plus depuis avril 2015 dans les services.
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Sources : BEA, Markit, ACDEFI
Malheureusement très loin de ces performances, la zone euro a déjà rechuté, enregistrant un indice Markit composite de tout juste 50,0 en octobre.
Pas de retour de la croissance dans la zone euro.
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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI
Une fois encore, c’est l’Allemagne qui a sauvé les meubles de la zone euro, grâce à son activité industrielle, qui a notamment bénéficié du rebond de la croissance en Chine et dans le monde émergent. L’indice Markit des directeurs d’achat allemands a ainsi atteint un niveau impressionnant de 58,2 en octobre, de quoi largement compenser la baisse de l’indice Markit « services » à 49,5.
L’Allemagne continue de sauver les meubles de la zone euro.
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Sources : Destatis, Markit, ACDEFI
En revanche, de l’autre côté du prisme de l’activité, l’économie espagnole s’est de nouveau effondrée en octobre, avec certes un niveau de l’indice Markit PMI de 52,5 dans l’industrie, mais de 41,4 dans les services, engendrant un indice composite de seulement 44,1.
De quoi anticiper une forte rechute de l’activité espagnole au quatrième trimestre 2020.
L’économie espagnole rechute fortement.
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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI
L’économie française se situe entre ces deux extrêmes, même elle demeure néanmoins plus proche de son voisin transpyrénéen. En effet, en octobre, les indices Markit des directeurs d’achat français ont atteint 51,3 dans l’industrie, 46,5 dans les services et 47,5 pour l’ensemble des secteurs. Et ce, avant même le début du reconfinement, qui va évidemment aggraver la récession qui est déjà revenue dans l’Hexagone depuis septembre.
France : la re-récession ne fait que commencer.
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Sources : Markit, INSEE, ACDEFI
En conclusion, l’économie mondiale est donc bien « coupée » en deux, avec d’un côté les pays qui ont réussi à protéger leur économie contre la pandémie et ceux qui n’y sont pas parvenus, retombant déjà dans la récession.
Les Etats-Unis et le monde émergent dans le haut du K, la zone euro, le Japon, la France et l’Europe du Sud dans le bas du K.
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Sources : Markit, Caixin, Nikkei, ACDEFI
Au total, le PIB mondial devrait reculer de 4,1 % sur l’ensemble de l’année 2020. Seule la Chine enregistrera une augmentation annuelle de son PIB (+ 1,9 %). Aux Etats-Unis, le PIB ne reculera que de 3,6 %.
Croissance annuelle 2020 : + 1,9 % en Chine, – 3,6 % aux Etats-Unis, – 6,5 % en Allemagne, – 8,1 % dans la zone euro et – 10,2 % en France.
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Sources : Instituts nationaux, Prévisions ACDEFI
Quant à la zone euro et à la France, leur PIB chutera de respectivement 8,1 % et 10,2 %, l’Espagne décrochant la palme de la plus forte récession avec un plongeon annuel du PIB de 12,7 %.
Marc Touati