Dans le prolongement des premières estimations des indicateurs des directeurs d’achat publiées la semaine dernière, les enquêtes de conjoncture de l’INSEE, de l’IFO et de la Commission européenne ont confirmé l’inévitable : le déconfinement n’a pas mis fin à la récession. Loin s’en faut.
Ainsi, dans l’Hexagone, en dépit d’un petit rebond technique après l’effondrement d’avril, l’indice INSEE du climat des affaires est resté à un niveau extrêmement bas de 59,4 en mai.
Il se situe ainsi 10,5 points en-deçà du plancher enregistré lors de la récession de 2009 et montre que le glissement annuel du PIB français devrait se situer autour des – 10 % au deuxième trimestre 2020.
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L’indice INSEE du climat des affaires confirme la poursuite de la récession en France.
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Sources : INSEE, ACDEFI
Parallèlement, l’indice INSEE du climat de l’emploi est également resté très faible, à précisément 52,3 indiquant par là même que les licenciements vont demeurer massifs au moins jusqu’à la fin de l’été 2020.
Anticipant ce mouvement, les ménages se sont déclarés extrêmement inquiets, même si, bizarrement, l’indice INSEE de confiance des ménages français n’a chuté qu’à 92,6, soit 4,9 points au-dessus du plancher atteint lors des émeutes suscitées par le mouvement des « gilets jaunes ».
En revanche, en dépit d’un rebond technique après l’effondrement d’avril, l’indice INSEE de « l’opportunité de faire des achats important », indicateur avancé de la consommation des ménages, est resté dans les abysses.
Avec un niveau de – 44,6 (après – 59,6 en avril), il confirme que la consommation des ménages va continuer de chuter massivement sur l’ensemble du deuxième trimestre et certainement au-delà.
La chute de la consommation des ménages français va se poursuivre.
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Sources : INSEE, ACDEFI
L’évolution des indicateurs avancés allemands est certes moins dramatique que celle de leurs homologues français, mais confirme néanmoins que la récession va perdurer outre-Rhin.
En effet, bien qu’ayant repris 5,3 points en mai, l’indice IFO du climat des affaires ne dépasse pas les 79,5 et montre par là même que le glissement annuel du PIB allemand devrait avoisiner les – 7 % au deuxième trimestre, après – 2,3 % au trimestre précédent.
Moins forte qu’en France, la récession allemande devrait néanmoins se prolonger.
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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI
Cette prévision est également confirmée par l’indice IFO des perspectives d’activité qui, après être tombé à un plancher historique de 69,4 en avril, a bondi de 10,7 points en mai.
Avec un niveau de 80,1, il se situe même 0,9 point au-dessus de son précédent plancher de décembre 2008, mais confirme néanmoins que la récession va bien perdurer en Allemagne.
L’indice IFO des perspectives d’activité rebondit mais n’annonce pas de retour de la croissance à moyen terme.
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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI
Son de cloche similaire pour l’ensemble de la zone euro. En effet, les indicateurs de l’enquête de la Commission européenne de mai demeurent moribonds.
La récession perdure dans la zone euro.
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Sources : Eurostat, Commission européenne, ACDEFI
L’indice du climat des affaires a même continué de se dégrader, tombant à – 2,43, contre – 1,99 en avril, mais un plancher historique de – 3,88 en avril 2009.
Quant à l’indice de confiance des ménages, il a légèrement augmenté, restant néanmoins sur un bas niveau de – 18,8.
Au total, l’indice de sentiment économique de la zone euro a progressé de 2,6 points en mai. Cependant, comme le montre le graphique ci-avant, avec un niveau de 67,5, il confirme que le glissement annuel du PIB de la zone euro devrait rester fortement négatif, avoisinant les – 8 % au deuxième trimestre 2020.
Une fois encore et comme cela s’observe depuis le début de la pandémie, c’est aux Etats-Unis que les statistiques sont les moins mauvaises. En effet, après avoir fortement chuté en avril, tout en restant à des niveaux corrects, l’indice de confiance des ménages américains du Conference Board a gagné 0,9 point en mai.
Avec un niveau de 86,6, il se situe 61,3 points au-dessus de son plancher de février 2009.
L’indice de confiance des ménages américains reste très supérieur à ses planchers de 2009.
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Sources : BEA, Conference Board, ACDEFI
Autrement dit et comme le montre le graphique ci-dessus, après avoir déjà réussi à rester positif au premier trimestre 2020 en dépit d’une forte baisse, le glissement annuel de la consommation des ménages américains devrait reprendre prochainement le chemin de la hausse.
En conclusion, si le déconfinement n’a donc pas mis fin à la déconfiture économique dans la zone euro, la récession devrait rester moins marquée aux Etats-Unis.
Marc Touati