Comme nous l’avons évoqué dans notre « Humeur » de la semaine, c’est certainement la plus mauvaise nouvelle économique de ce début d’année : au quatrième trimestre 2019, le PIB japonais a chuté de 1,6 %. Depuis le deuxième trimestre 2009, une telle chute n’a été dépassée qu’à une seule reprise, en l’occurrence au deuxième trimestre 2014 (- 1,9 %).
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Le PIB japonais s’effondre au quatrième trimestre 2019.
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Sources : Cabinet Office, ACDEFI
Compte tenu de cette dégringolade, les relatives bons résultats des trois trimestres précédents ont été effacés, si bien que le glissement annuel du PIB japonais est retombé de 1,9 % au troisième trimestre 2019 à – 0,01 %, un plus bas depuis le quatrième trimestre 2018.
Le Japon retrouve sa place de lanterne rouge de la croissance mondiale.
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Sources : BEA, Eurostat, Cabinet Office, ACDEFI
Même si cette chute s’explique en grande partie par l’augmentation du taux de TVA de 8 % à 10 % le 1er octobre dernier et, dans une moindre mesure, par le typhon Hagibis, le détail des comptes nationaux est dramatique : chute de 3 % de la consommation des ménages, repli de 2,7 % de l’investissement logement et effondrement de 3,7 % de l’investissement des entreprises. Or, si ce dernier régresse, l’emploi, les revenus et la consommation risquent d’en faire autant au cours des trimestres suivants.
Et ce d’autant que les impacts du Coronavirus vont commencer à se faire sentir dans l’Archipel nippon. Autrement dit, avant même la Chine, le Japon pourrait être le premier grand pays à être entré en récession dès la fin 2019 et le début 2020…
D’ores et déjà, compte tenu des graves contre-performances du quatrième trimestre, le Japon est repassé très en-dessous de la zone euro et bien sûr des Etats-Unis, dont les glissements annuels du PIB ont atteint 0,9 % et 2,3 % au cours de ce même quatrième trimestre 2019.
Et, malheureusement, la situation va empirer pour tous en 2020. C’est d’ailleurs ce qui ressort des dernières enquêtes des directeurs d’achat.
Au Japon, les indices Jibun Bank des directeurs d’achat se sont ainsi effondrés en février à des niveaux particulièrement dangereux : 47,6 dans l’industrie, un plus bas depuis décembre 2012, 46,7 dans les services et 47 pour l’indice composite, des planchers depuis avril 2014.
Autrement dit, le Japon va bien enregistrer un deuxième trimestre consécutif de baisse, retombant dans une nouvelle récession, la quatrième en 11 ans.
Le Japon retombe en récession.
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Sources : Markit, ACDEFI
En Allemagne, en France et dans la zone euro au sens large, la situation est moins catastrophique, mais demeure néanmoins très préoccupante.
Outre-Rhin, l’indice Markit PMI « industrie » est resté nettement sous la barre des 50, à 47,8 précisément. Quant à son homologue dans les services, il demeure au-dessus de cette barre fatidique mais a baissé de 0,9 point en février à 53,3. Au total, l’indice Markit PMI « composite » perd 0,1 point à 51,1. Un tel niveau confirme qu’après avoir stagné au quatrième trimestre 2019, l’économie allemande est toujours menacée par la récession.
L’Allemagne continue de souffrir.
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Sources : Destatis, Markit, ACDEFI
En France, l’indice Markit PMI « services » a étonnamment rebondi à 52,6, mais son homologue dans l’industrie a replongé à 49,7.
France : les services résistent mais l’industrie replonge.
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Sources : Markit, INSEE, ACDEFI
Une situation analogue s’observe dans la zone euro : les services résistent, mais l’industrie reste en récession. Ce qui n’augure cependant rien de bon pour les trimestres à venir.
Zone euro : les services résistent, mais l’industrie reste en récession.
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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI
Une perspective également confirmée par l’enquête ZEW de février pour la zone euro.
L’indice ZEW de sentiment économique dans la zone euro recule aussi fortement en février.
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Sources : Eurostat, ZEW, ACDEFI
Au total, après la rechute du Japon en récession, la zone euro continue de résister mais sera certainement la prochaine sur la liste.
Marc Touati