Pour celles et ceux qui en doutent encore et comme nous l’expliquions dans notre première partie, la nouvelle crise économico-financière a non seulement commencé il y a un an, mais est en train de redoubler d’intensité. Après avoir donné quelques conseils de « bon père de famille » la semaine dernière, il nous faut désormais répondre à trois questions déterminantes : peut-on encore investir dans l’immobilier ? Les actions sont-elles vraiment à bannir ? Comment se protéger contre une faillite bancaire et a fortiori d’un Etat ?
Sur le front de l’immobilier, il faut être clair : tout comme l’or ou les métaux précieux au sens large, la pierre est aussi une valeur refuge. Mais attention, les prix actuels de l’immobilier dans notre « douce France » sont trop élevés par rapport aux revenus des Français, en particulier dans les grandes agglomérations, telles que Paris, mais aussi dans de nombreuses villes de province, par exemple à Lyon, Bordeaux, Rennes… (pour plus de précisions sur la bulle immobilière cf. « Economie et Stratégies » du 20 septembre 2019).
Autrement dit, là aussi, la prudence doit rester de mise. Pour faire simple, la décision doit surtout dépendre de sa situation personnelle : Si vous êtes déjà propriétaires, tant mieux, restez-le mais n’investissez pas aujourd’hui dans l’immobilier, car les prix vont baisser de 10 à 15 % au cours des toutes prochaines années.
En revanche, si vous êtes locataires, vous devez absolument profiter de la faiblesse actuelle des taux d’intérêt des crédits pour devenir propriétaire. Les taux de crédits n’ont jamais été aussi bas, il serait dommage de ne pas en bénéficier…
Vous pouvez donc acheter le bien immobilier de vos rêves. Et même si les prix sont élevés et vont sûrement baisser prochainement, sur long terme, vous resterez gagnants. Il n’y a pas photo : mieux vaut acheter que louer.
Du côté des actions, là aussi, la décision dépendra du type de l’action et de la date de l’achat. Si elle a beaucoup augmenté et qu’elle est devenue trop chère, c’est-à-dire que son Price Earning Ratio dépasse les 15, mieux vaut la vendre.
Mais, attention, n’oublions pas l’essentiel : même en tant de crise, les actions peuvent aussi être de bons placements. Bien entendu, les pentes baissières risquent d’être très abruptes au cours des prochains trimestres.
Pour autant, le véritable avantage des actions réside dans le fait qu’elles donnent droit à des dividendes pour leurs détenteurs. Autrement dit, même si le cours de l’action baisse, mais que l’entreprise demeure profitable (ce qui sera le cas pour de nombreuses entreprises du Cac 40 par exemple), les dividendes seront bien là, ce qui, lorsque la crise éclatera, sera particulièrement bon à prendre.
Quant à notre troisième question « Comment se protéger contre une faillite bancaire et a fortiori d’un Etat ? », il faut une fois encore rappeler des règles de bon sens. Tout d’abord, faites très attention aux arnaques ! Malheureusement, de plus en plus de soi-disant conseillers mais aussi de sites internet « spécialisés » utilisent la « peur de la crise » pour vendre des produits d’épargne fallacieux ou tout simplement pour voler l’argent des épargnants.
Donc, tout ce qui est cryptomonnaies, notamment bitcoin, mais aussi courtier en ligne non-homologués par l’Autorité des Marchés financiers ou encore les produits complexes, abstenez-vous !
Autre point important, en cas de nouvelles grave crise, certaines petites banques pourraient faire faillite. Et là, attention : rappelons qu’en France et en Europe, les dépôts bancaires ne sont garantis qu’à hauteur de 100 000 euros par personne et par banque. Cela signifie que si vous avez plus de 100 000 euros sur un compte ou dans une seule banque, vous perdrez tout ce qui est au-dessus en cas de faillite de cette dernière.
Vous avez donc intérêt à choisir une bonne banque et à ouvrir plusieurs comptes dans différentes banques. Comme le dit la sagesse populaire : il ne faut pas mettre ses œufs dans le même panier.
Enfin, je ne veux pas vous faire peur, mais je dois quand même vous le dire : dans une de ses recommandations de 2013, le FMI a déjà annoncé la couleur, en soulignant qu’en cas de nouvelle crise financière, un Etat pourra ponctionner les comptes des particuliers pour renflouer les siens.
Malheureusement, ne nous berçons pas d’illusions : les Etats pourront faire ce qu’ils veulent et « overnight », c’est-à-dire du jour au lendemain et bien sûr, sans prévenir les clients. Il y a d’ailleurs déjà eu un précédent : Chypre en 2015 : au-delà de 100 000 euros sur un compte, tout a disparu…
En ce qui concerne la France, il est à craindre qu’au-delà de 100 000 euros, l’Etat ponctionnera entre 5 % et 10 %, et bien sûr, il ne remboursera rien ensuite… Mieux vaut donc prévenir que guérir. Autrement dit, pour ceux qui le peuvent, il serait plus prudent de limiter les dépôts sur comptes à 100 000 euros, quitte à en multiplier le nombre.
En revanche, l’Etat ne pourra pas puiser dans certains types de comptes et notamment les livrets A et les contrats d’assurance-vie ! C’est donc clair et sans équivoque : le livret A et l’assurance-vie restent de bons placements de père de famille. Ca rapporte peu, mais vous ne risquez pas grand-chose, y compris en période de crise.
En conclusion : ne soyez pas catastrophistes, ne paniquez pas ! Si vous faites preuve de bon sens et de prudence, vous pouvez vous protéger facilement contre la prochaine et inévitable crise financière.
Marc Touati