Arrivera-t-elle en 2019, en 2020 ou 2021 ? C’est toujours difficile à dire, mais ne nous voilons pas la face : Oui ! Une nouvelle crise financière est imminente. En fait, elle a déjà commencé depuis un an, mais les dirigeants de la planète font tout pour limiter son ampleur ou du moins retarder au maximum l’échéance d’une nouvelle grave crise qui est de toute façon inévitable. L’aveuglement collectif est tel est que certaines tensions sont complétement obérées.
A commencer par les tensions tenaces du marché interbancaire américain qui n’ont jamais été aussi fortes depuis la faillite de Lehman Brothers. Et ce, malgré les dizaines de milliards de dollars injectés par la Réserve Fédérale. Mais, chut, il ne faut pas affoler les foules, quitte à tomber dans un dangereux déni de réalité.
Comme je l’ai déjà montré dans ces mêmes colonnes et dans « Un monde de bulles », une crise économico-financière se produit tous les dix ans environ. La dernière remonte à 2008-2009. Nous sommes en 2019, elle a donc pris un peu de retard. Pourquoi ? Tout simplement parce que personne ne veut qu’elle éclate. Aux Etats-Unis, Donald Trump fait tout pour que rien ne se passe jusqu’aux élections de 2020. Il veut effectivement être réélu, ce qui risque de ne pas se produire si une crise explose avant.
Dans la zone euro et en France, même tableau ou presque : la Banque Centrale Européenne a abaissé son taux refi à 0 %, a réduit dernièrement son taux de dépôt à – 0,5 %, a actionné la « planche à billets » à hauteur de 2 600 milliards d’euros et va en remettre une nouvelle couche dès novembre prochain. Grâce à cette débauche de moyens, qui, rappelons-le, n’a suscité que peu d’effets positifs, surtout dans la zone euro, la crise est donc retardée, mais elle finira forcément par arriver, au plus tard en 2020.
Pourtant, on l’oublie souvent, mais, si elle est maîtrisée, une crise financière n’est pas forcément néfaste. Prenons un exemple : aujourd’hui, les prix de l’immobilier en France ont flambé. Ils sont beaucoup trop élevés. Nous sommes en pleine bulle (cf. Economie et Stratégies de la semaine dernière). Aussi, à cause de cette trop forte augmentation des prix, certains ménages ne peuvent pas acheter leur bien immobilier, notamment les jeunes.
Si demain la bulle se dégonfle et que les prix de l’immobilier refluent vers un niveau plus normal, nous assisterons à une re-solvabilisation de la demande, ce qui signifie que ceux qui ne peuvent pas acheter aujourd’hui pourront le faire demain. En revanche, ceux qui ont acheté juste avant seront, comme d’habitude, les « dindons de la farce ».
Le problème est que plus les bulles gonflent, plus la crise qui en découlera sera violente. Autrement dit, mieux vaut une crise aujourd’hui mais dans une proportion limitée et aux dommages collatéraux modérés qu’une crise après 2020 qui risque d’être la « Big One », c’est-à-dire celle dont on ne se relèvera que très difficilement et tardivement.
Dans ce cadre, une question s’impose : comment se protéger contre cette nouvelle et inévitable crise financière ? La réponse est simple : il suffit de faire preuve de bon sens ! Par exemple, comme nous venons de le dire, lorsque les cours de certains actifs, qu’il s’agisse d’immobilier, d’actions ou encore d’obligations…, ont trop augmenté par rapport aux fondamentaux économiques, il faut éviter d’en acheter. Donc aujourd’hui, la prudence doit rester de mise : mieux vaut ne pas gagner grand-chose que de perdre beaucoup.
Pour les épargnants, il existe évidemment beaucoup de type de produits, parfois complexes. Dans le but de rester concis, je ne vais pas tous les détailler, mais, je vais quand même vous en conseiller quatre. Ils ne vous feront peut-être par rêver mais, au moins, ils vous permettront de dormir tranquilles.
Premièrement, pour les plus audacieux, il est possible d’acheter des « put » (c’est-à-dire des options de vente) sur les marchés boursiers et obligataires à l’horizon du printemps-été 2020. Au pire, en cas de non-krach, vous perdrez la prime.
Deuxièmement, de l’autre côté du prisme du risque, il reste évidemment le fameux livret A. Il est vrai que ça ne rapporte pas énormément, seulement 0,75 % par an, mais il présente de nombreux avantages : votre épargne est toujours disponible, vous ne pouvez pas perdre d’argent, vous ne payez aucun frais et enfin, cerise sur le gâteau, vous ne payez aucun impôt sur les intérêts que vous gagnez. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si la collecte du livret A a encore flambé en 2019.
Troisièmement, vous pouvez aussi placer votre épargne sur des produits « à capital garanti ». Autrement dit, quoiqu’il arrive, vous retrouverez forcément votre mise de départ. Généralement, ça ne rapporte pas gros mais c’est sans risque. Donc, là aussi, vous ne pouvez pas perdre. Bien sûr, vous pouvez mettre une partie de votre assurance-vie dans ce type de produit. Et n’oublions pas l’avantage principal de l’assurance-vie : si vous ne touchez pas à l’argent versée sur votre assurance vie avant 8 ans, vous ne payez quasiment pas d’impôts. Donc Assurance-vie + Produits à capital garanti = Plus belle la vie !
Quatrièmement, si vous voulez gagner un peu plus : vous pouvez aussi investir dans l’or. Cela comporte deux avantages principaux. Primo il s’agit d’une valeur-refuge. Secundo, en cas de crise, les cours l’or augmentent fortement. Ils ont d’ailleurs progressé de plus de 20 % depuis un an. Donc, il est toujours possible d’en mettre un peu dans son portefeuille, mais pas plus de 20 % de ce dernier, d’autant que si la crise ne vient pas, les cours de l’or vont baisser…
Cela dit, trois principales questions demeurent : peut-on encore investir dans l’immobilier ? Les actions sont-elles vraiment à bannir ? Comment se protéger contre une faillite bancaire et a fortiori d’un Etat ? Réponses la semaine prochaine…
Marc Touati