Sans surprise, les indicateurs des directeurs d’achat ont continué de se dégrader à travers la planète en mars. Et ce, en particulier dans l’industrie. On recense ainsi désormais 29 pays ou zone en difficulté : 17 + la zone euro sont en récession industrielle et 11 sur le point d’y entrer.
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Industrie : 17 pays + la zone euro connaissent une grave récession.
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Sources : Markit, ACDEFI
L’indice « Monde » a ainsi stagné à 50,6 en mars, soit toujours un plus bas depuis juin 2016 et quelques petits dixièmes de point au-dessus de la zone de régression.
Le drame est que cette récession industrielle se focalise de plus en plus sur la zone euro. Et pour cause : Sur les 8 pays de l’UEM étudiés, seuls deux connaissent une activité industrielle appréciable, à savoir la Grèce et l’Irlande, avec des indices PMI de respectivement 54,7 et 53,9.
Un pays résiste mais enregistre néanmoins un fort ralentissement, en l’occurrence les Pays-Bas (avec un indice de 52,5, un plus bas depuis juin 2016). Un autre, l’Espagne, qui a connu une baisse de son activité industrielle en février, ressort la tête de l’eau en mars, tout en restant proche de la récession (avec un indice de 50,9).
Parallèlement, pourtant habituée à un fort dynamisme, l’industrie autrichienne est actuellement en stagnation.
Enfin, les trois principaux pays de l’UEM (par leur poids dans le PIB de cette dernière) demeurent coincés dans une récession industrielle de plus en plus dangereuse. Il s’agit, par ordre croissant de régression économique, de la France, de l’Italie et de l’Allemagne. L’industrie allemande se paie même le luxe de décrocher la palme mondiale de la récession, avec un indice PMI de 44,1, un plus bas depuis juillet 2012. A l’évidence, cela fait froid dans le dos.
Industrie dans la zone euro : la Grèce et l’Irlande sauvent l’honneur.
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Sources : Markit, ACDEFI
Fort heureusement, l’activité dans les services continue de bien résister outre-Rhin, avec un indice PMI de 55,4. Cela ne suffira cependant pas pour permettre à l’économie allemande de retrouver le chemin de la croissance soutenue.
Une situation analogue s’observe en Italie, avec un indice PMI de 47,4 dans l’industrie, mais de 53,1 dans les services, un plus haut depuis septembre 2018. Ici aussi, cela ne sera malheureusement pas suffisant pour stopper la récession italienne, qui a commencé dès le troisième trimestre 2018 et qui devrait continuer au moins jusqu’au deuxième trimestre 2019.
Dans ce cadre, le déficit et la dette de l’Etat italien seront nettement supérieurs aux objectifs affichés par le gouvernement, ce qui ne manquera pas de susciter une nouvelle tension des taux d’intérêt obligataires, qui, à son tour, alimentera la récession, et le cercle pernicieux continuera…
Italie : l’industrie s’effondre, mais les services rebondissent.
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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI
Une situation exactement inverse s’observe au Royaume-Uni, qui enregistre en mars un indice PMI de 55,1 dans l’industrie (merci la faiblesse de la livre sterling !), mais de 48,9 dans les services. Autrement dit, en dépit des atermoiements autour du Brexit, la « Perfide Albion » souffre mais devrait continuer d’éviter la récession, tout en réalisant une croissance proche de 1 % en 2019.
Royaume-Uni : l’industrie flambe, mais les services plongent.
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Sources : ONS, Markit, ACDEFI
En fait, il n’y a qu’un seul pays européen qui « réussit » à enregistrer des indices PMI inférieurs à 50 tant dans l’industrie que dans les services, en l’occurrence notre « douce France », avec des niveaux de respectivement 49,7 et 49,1. Autrement dit, contredisant amplement la méthode Coué ambiante, l’économie française est bien au bord de la récession.
En France, tant l’industrie que les services subissent un recul de l’activité. Une exception en Europe !
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Sources : INSEE, Markit, ACDEFI
Bien loin de cette triste perspective, les trois locomotives de la croissance mondiale, à savoir la Chine, l’Inde et les Etats-Unis, ont continué de résister.
L’Empire du milieu s’est particulièrement illustré, puisqu’après un mois de février difficile tant dans l’industrie que dans les services, ses indices Caixin des directeurs d’achat ont retrouvé le chemin de la hausse en mars.
Chine : les directeurs d’achat retrouvent le sourire.
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Sources : NBSC, Caixin, ACDEFI
Dans l’industrie, l’indice Caixin est ainsi repassé au-dessus de la barre des 50, à précisément 50,8, un plus haut depuis juillet 2018. Dans les services, la performance est encore bien plus éloquente, puisque l’indice Caixin a flambé de 3,3 points sur le seul mois de mars. Il atteint ainsi 54,4, un sommet qui, depuis octobre 2011, n’a été dépassé qu’à deux reprises : en janvier 2018 et en mai 2012 (avec, dans les deux cas un niveau de 54,7). Dans ce cadre, il est clair qu’en dépit d’un inévitable ralentissement, la croissance chinoise devrait se stabiliser autour des 6 % sur l’ensemble de l’année 2019.
Quant à l’Inde, après une nette hausse depuis l’automne 2018, les indices Nikkei des directeurs d’achat ont légèrement reculé en mars. Cependant, avec des niveaux de 52,6 dans l’industrie et 52,0 dans les services, une croissance indienne comprise entre 6,5 % et 7,0 % pour 2019 est toujours d’actualité.
La croissance indienne se stabilise entre 6,5 % et 7 %.
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Sources : Mospi, Nikkei, ACDEFI
Du côté des Etats-Unis, une situation similaire s’observe, à savoir un léger repli des indices Markit, mais avec des niveaux qui demeurent très appréciables, en l’occurrence 52,4 dans l’industrie et 54,6 dans les services. Largement de quoi permettre à la croissance américaine de se stabiliser autour des 2,5 %.
La croissance américaine fait mieux que résister.
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Sources : BEA, Markit, ACDEFI
Enfin, pour terminer ce tour d’horizon des indicateurs des directeurs d’achat à travers le monde, notons que ceux du Brésil restent optimistes et confirment que la croissance brésilienne devrait continuer de se redresser au cours des prochains trimestres.
Le Brésil reste sur la bonne voie.
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Sources : IBGE, Markit, ACDEFI
Ce qui tranchera fortement avec la situation de ses voisins d’Amérique latine et en particulier de l’Argentine, qui est retombée dans une grave récession, qui ne semble malheureusement pas près de se résorber.
Pour ceux qui se souviennent qu’un peso valait un dollar jusqu’en janvier 2002, ils seront certainement interloqués d’apprendre qu’il faut aujourd’hui 43 pesos pour un dollar !
Argentine : grave récession et 43 dollars pour un peso.
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Sources : OCDE, ACDEFI
De quoi rappeler que les pays surendettés ne guérissent jamais vraiment…
Marc Touati