A l’instar des indices Sentix, ZEW et Markit publiés ces dernières semaines, les indicateurs avancés de la Commission européenne pour la zone euro ont confirmé que la croissance de cette dernière allait encore baisser au cours des prochains trimestres.
En effet, après avoir déjà chuté de 3,3 points au cours des trois mois précédents, l’indice de sentiment économique de l’UEM en a encore perdu 0,7 en mars.
Avec un niveau de 105,5, il atteint désormais un plancher depuis septembre 2016.
Encore plus inquiétant, depuis son précédent sommet de décembre 2017, il accuse un plongeon de 10,5 points, un record depuis la récession de 2011-2012.
Comme le montre le graphique ci-dessous, cette chute indique que le glissement annuel du PIB de la zone euro devrait rapidement avoisiner le 0 %.
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Zone euro : l’indice de sentiment économique chute de 10,5 points en 15 mois, un record depuis la récession de 2011-2012.
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Sources : Eurostat, Commission européenne, ACDEFI
Pour ne rien arranger, cet accès de déprime s’explique à la fois par la faiblesse de la confiance des ménages, mais aussi par la forte baisse du climat des affaires, tant dans l’industrie que dans les services.
Autrement dit, en dépit d’une politique de la BCE toujours extrêmement accommodante, mais aussi de la dépréciation de l’euro et de la baisse des taux d’intérêt obligataires, les ménages et les entreprises de la zone euro ne parviennent pas à sortir de la léthargie.
Certes, en Allemagne, après avoir fortement reculé depuis la fin 2017, l’indice IFO du climat des affaires a repris quelques couleurs en mars.
Pour autant, en dépit d’une augmentation de 0,9 point au cours de ce dernier mois, il affiche encore un plongeon de 5,6 points comparativement à son précédent sommet de novembre 2017.
Allemagne : en dépit d’un petit rebond en mars, l’indice IFO du climat des affaires demeure moribond.
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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI
De même, en dépit d’une progression de 1,4 point en mars, l’indice IFO des perspectives d’activité accuse une baisse de 8,3 points par rapport à son niveau de novembre 2017.
La croissance allemande restera proche de 0 %.
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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI
Comme l’indique le graphique ci-dessus, le niveau actuel de cet indicateur avancé du glissement annuel du PIB allemand confirme que ce dernier devrait se stabiliser autour du 0 %.
Une analyse quasiment similaire peut être menée pour la France. En effet, contrecarrant la chute des indices Markit des directeurs d’achat en mars, l’indice INSEE du climat des affaires a étonnamment rebondi de 1,2 point au cours de ce même mois de mars.
L’indice INSEE du climat des affaires rebondit étonnamment dans l’Hexagone.
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Sources : INSEE, ACDEFI
S’il n’est pour le moment pas possible de dire qui de l’INSEE ou de l’institut Markit aura raison, il est clair que la croissance française demeurera faible, c’est-à-dire durablement comprise entre 0,5 % et 1 %. Et ce, d’autant que la consommation des ménages a rechuté. En effet, après un rebond technique en janvier, cette dernière a reculé de 0,4 % en février, affichant un glissement annuel de – 1,8 %.
La consommation des ménages rechute en février.
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Sources : INSEE, ACDEFI
Autrement dit, la prudence doit rester de mise. Tout comme d’ailleurs en matière de déficit et de dette publics, qui, malgré un léger mieux fin 2018, demeurent beaucoup trop élevés (comme nous l’avons expliqué dans notre « Humeur » de la semaine).
France : 2 315 milliards d’euros de dette publique. Formidable !
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Sources : INSEE, ACDEFI
Pourtant, malgré une dette publique proche de 100 % du PIB, le taux à dix ans des obligations de l’Etat français a continué de baisser, à 0,3 % le 28 mars 2019. Et cela n’est peut-être pas fini…
La bulle obligataire s’est dangereusement reformée.
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Sources : INSEE, ACDEFI
De quoi confirmer qu’à l’instar de la bulle boursière, celle des obligations d’Etat s’est dangereusement reformée. Le réveil n’en sera que plus douloureux.
Marc Touati