Plus les mois passent, plus l’industrie mondiale s’enfonce dans l’atonie économique. En effet, en février, l’indice « Monde » des directeurs d’achat dans l’industrie a encore perdu 0,2 point. Ce qui porte à 3,9 points sa dégringolade depuis son précédent sommet de décembre 2017. Avec désormais un niveau de 50,6, il atteint un plancher depuis juin 2016.
Encore plus inquiétant, 28 pays sont actuellement en situation de danger immédiat. 18 sont déjà en récession industrielle et 10 s’en approchent dangereusement.
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Industrie mondiale : 28 pays en danger, 18 déjà en récession, 10 qui s’en approchent.
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Sources : Markit, ACDEFI
Parmi les pays et zone en baisse d’activité industrielle, citons notamment (par ordre décroissant sur l’échelle de la récession) Singapour, la Turquie, la Corée du Sud, la Pologne et surtout l’Allemagne, le Japon, la zone euro dans son ensemble et la Chine.
Dans l’UEM, sur les huit principaux pays recensés par Markit, cinq connaissent une situation industrielle inquiétante. Trois subissent une baisse marquée de leur activité : l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, avec des indices PMI de respectivement 47,6, 47,7 et 49,9.
Deux sont juste au-dessus de la « ligne rouge ». A savoir, la France et l’Autriche, avec des indices de respectivement 51,5 et 51,8. Si l’atonie de l’Hexagone est malheureusement habituelle, celle de l’Autriche tranche avec son dynamisme massif des dernières années.
Même l’industrie des Pays-Bas commence à souffrir fortement, avec un indice PMI qui a chuté de 2,4 points sur le seul mois de février et atteint désormais un plus bas depuis juin 2016.
De quoi confirmer que la récession industrielle allemande n’a pas tardé à produire ses effets négatifs sur les habituelles locomotives de la zone euro que sont les Pays-Bas et l’Autriche.
Comble de l’ironie, il n’y a finalement que la Grèce et l’Irlande qui enregistrent une amélioration de leurs indices PMI et apparaissent ainsi bien seules pour soutenir l’activité industrielle de l’ensemble de l’UEM.
Industrie de la zone euro : attention danger !
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Sources : Markit, ACDEFI
Fort heureusement, les indices Markit dans les services ont augmenté en février, mais attention néanmoins au rôle moteur de l’Allemagne et de son industrie sur l’ensemble de la zone euro, qui pourrait donc bien continuer de ralentir au cours des prochains trimestres.
D’ailleurs, en dépit d’une légère hausse en février, l’indice Markit « composite » de la zone euro reste faible à 51,9 et montre que le glissement annuel du PIB eurolandais va continuer de reculer au cours des prochains trimestres.
En dépit d’un léger mieux en février, l’indice Markit « composite » continue d’annoncer une nette baisse de la croissance eurolandaise.
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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI
Une analyse similaire ressort de la quasi-stabilisation de l’indice Sentix de confiance des investisseurs de la zone euro en mars. Il reste effectivement sur des plus bas depuis le début 2015 et annonce un glissement annuel du PIB eurolandais inférieur à 0 %.
A l’évidence, il y a bien de quoi s’inquiéter. Et on comprend pourquoi la BCE a d’ores et déjà prévenu qu’elle était prête à ressortir « l’artillerie lourde » pour éviter une nouvelle récession. Le problème est que, comme nous l’avons vécu lors de la précédente phase de « planche à billets » de la BCE, cette dernière pourra certes contrecarrer la récession mais ne permettra pas à la zone euro de retrouver le chemin de la croissance forte.
Zone euro : l’indice Sentix ne baisse pas, mais reste au plus bas.
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Sources : Eurostat, Sentix, ACDEFI
Autre source d’inquiétude : les indices Caixin des directeurs d’achat chinois restent moribonds.
Dans l’industrie, en dépit d’une remontée en février, l’indice PMI demeure ainsi sous la barre des 50, à précisément 49,9. Quant à celui relatif à l’activité dans les services, il a chuté de 2,5 points sur le seul mois de février, retombant à 51,1, soit tout juste de quoi anticiper une croissance du PIB chinois de l’ordre de 6 %.
Chine : l’industrie continue de souffrir et les services ralentissent fortement.
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Sources : NBSC, Caixin, ACDEFI
En fait, comme cela s’était déjà observé en janvier, il n’y que trois grands pays qui ont bien résisté en février : l’Inde, le Brésil et les Etats-Unis.
En Inde, avec des indices Nikkei PMI d’actuellement 54,3 dans l’industrie et 52,5 dans les services, la croissance économique globale devrait se stabiliser autour des 7 %.
Inde : après un net ralentissement au second semestre 2018, la croissance devrait se stabiliser autour des 7 %.
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Sources : Mospi, Nikkei, ACDEFI
Parallèlement, le Brésil s’est illustré par la nouvelle amélioration de ses indicateurs des directeurs d’achat. Dans l’industrie, l’indice Markit PMI a ainsi gagné 0,7 point en février, progressant de 3,6 points depuis juillet dernier. Dans les services, ces augmentations sont de respectivement 0,2 et 5,8 points.
Comme le montre le graphique ci-dessous, le glissement annuel du PIB brésilien pourrait donc bien remonter au-delà des 2,5 % d’ici l’été 2019. De quoi confirmer que le nouveau Président brésilien rassure les investisseurs, les entreprises et les ménages. Qui l’eut cru ?
L’économie brésilienne réalise une belle remontée.
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Sources : IBGE, Markit, ACDEFI
Quant à l’Oncle Sam, avec des indices Markit de 53,7 dans l’industrie et 56,2 dans les services, la croissance du PIB américain devrait se stabiliser autour des 3 %.
La croissance américaine devrait se stabiliser autour des 3 %.
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Sources : BEA, Markit, ACDEFI
Un rythme de croissance qui restera très appréciable compte tenu de la longueur historique du cycle actuel.
Ce dernier dure effectivement depuis 44 trimestres, soit déjà deux trimestres de plus que le précédent record du cycle de 1990-2000.
Le cycle de croissance le plus long de l’histoire contemporaine américaine.
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Sources : BEA, Calculs ACDEFI
Et à en croire les indicateurs avancés de l’économie américaine, la « fête » est encore loin d’être terminée. Elle devrait durer au moins jusqu’à la fin 2019.
De quoi trancher avec le ralentissement de la croissance mondiale et en particulier celui de la zone euro.
Comme l’a dernièrement confirmé l’OCDE en présentant ses nouvelles prévisions pour 2019 (qui, soit dit en passant, convergent vers celles que nous avons établies depuis neuf mois), la croissance mondiale va bien continuer de ralentir vers les 3 % et l’UEM apparaît bien comme la zone économique la plus menacée.
Marc Touati